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RÈGLEMENT
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- Les votes sont ouverts jusqu’au 15 mars à minuit.
- Nous rappelons que les textes présentés lors de ce concours ne reflètent aucunement les éventuelles opinions ou positions de l’association BOOKI NA YO.
Pour voter et voir les votes rendez vous sur l’ancienne version site ici: https://www.bookinayo.com/oeuvres
OEUVRES PARTICIPANTES :
- “Orthographe vengeresse” de Sarita M.
- “De l’autre côté de la rive” de Jessica L.
- “Anesthésie générale” de Olivier P.
- “Le miroir de vérité” de Loic-Elian M.
- “L’ étymologie du ridicule” de Thibault J.P.
- “Compromis en amour : L’homme de ma vie” de Laurene B.
- “Il vient un jour jour pour chacun de nous où les jeux sont faits” de Eloïse P.
- “L’amour sororal à l’épreuve de la guerre”de Ruth Donia M.A.
- “Vagabond” de Thierry H.
- “Une bibliothèque unique” de Pierre E.
- “Moi, il y a 20 ans de Alain D-M.
- “Mon Utopie” de Yakuza 33
- “John Ruby, l’Illuminé”de Louis F-G.
- “Le cocotier ne sera jamais le bananier” de Barthélémy A.E.
"Orthographe vengeresse" de Sarita M. « Te voilà plongé dans la situation la plus embarrassante qui soit, mon vieux ! » Ainsi songeait Adhémar qui, plié en deux, poursuivit son monologue intérieur : « A-t-on idée d’attraper un gigantesque fou rire le jour de l’enterrement de son meilleur ami ! Ha, ha, ha ! Je suis désolé, mon brave Edgar, mais tu n’aurais jamais dû me demander de lire le discours que tu as préparé pour ton enterrement ! Hou, hou, hou ! » Dans l’assistance, certains commençaient à s’énerver : « C’est honteux ! » « Comment peut-on rire en de pareilles circonstances ! » « Il faut le faire partir ! » « C’est un affront pour ce pauvre Edgar ! » Faisant un effort surhumain, Adhémar cessa de rire, s’essuya les yeux-parce que non seulement il riait, mais de plus, il pleurait de rire-puis reprit sa lecture : « A ma chaire fame, a mes bon zami, je vous souète pff…de continué a vivre ereu mwahahhahaa !! » De nouveau, Adhémar était plié de rire et la veuve explosa : « Il suffit, Adhémar ! Qu’avez-vous donc à rire ainsi ?! Vous insultez la mémoire de mon pauvre Edgar, votre soi-disant meilleur ami ! Qu’y a-t-il de si drôle ?! » Incapable de parler tellement il riait, Adhémar lui fit signe d’approcher et lui désigna le texte du doigt. La veuve débuta sa lecture et, devant l’assistance médusée, elle se mit elle aussi à rire à gorge déployée, puis, se reprenant, elle s’adressa à leurs compagnons : « Veuillez nous pardonner, mes amis, mais il semblerait que ce bon Edgar, lorsqu’il a rédigé ce texte aux dernières heures de sa vie, ait totalement perdu le bon usage de l’orthographe, ce qui a provoqué notre hilarité…Je vous résume en quelques mots le contenu de son texte : « Soyez heureux tout au long de votre vie et tâchez de ne pas oublier votre bon ami Edgar. » » Adhémar intervint : « Hi, hi ! Pour sûr qu’on ne va pas l’oublier !! Ha, ha,ha ! Je ne me suis jamais autant amusé lors d’un enterrement ! Ho, ho, ho ! Et dire qu’il y en a deux pages comme ça !! Ha, ha, ha ! » Se retenant pour ne pas l’imiter, la veuve reprit : « Vous pouvez rentrer chez vous, mes amis, je vais rester un peu pour me recueillir avant de regagner mon domicile. » Légèrement déstabilisés par la tournure des évènements, les amis et parents d’Edgar quittèrent peu à peu le cimetière. La veuve entreprit alors de lire l’intégralité du discours écrit par son mari et, à mesure qu’elle lisait, non seulement elle riait, mais de plus, elle commentait : « Oh ! Comment a-t-il pu écrire des mots aussi élogieux à l’égard de Monsieur X alors qu’il le surnommait Le Gros Malotru et passait son temps à se moquer de lui ! Et là, vous avez vu, Adhémar ? Il parle de la petite Clairette P comme si elle était une sainte, alors que tout le monde sait bien qu’elle ne l’est pas ! » Adhémar répondit : « Je n’ai jamais vu un discours aussi mensonger de toute ma vie, mais ce que c’est drôle de voir à quel point ton mari, qui était la tristesse et l’hypocrisie personnifiées, a su flatter tout le monde dans ce discours, Violette !… Ce que je ne m’explique pas, ce sont ces fautes d’orthographe impardonnables ! Ha, ha,ha ! Tu as une idée, toi ? » Violette s’approcha d’Adhémar et se lova contre lui en répondant : « Peu importe les fautes d’orthographe d’Edgar, Adhémar chéri, nous sommes enfin débarrassés de lui et je peux t’aimer sans me cacher! » Ensemble, ils se replongèrent dans la lecture du discours et se remirent à rire de plus belle. Adhémar riait tellement qu’il avala sa salive de travers et se mit à tousser violemment sans pouvoir reprendre son souffle bien que Violette lui tapotât le dos, et il s’effondra et expira aux pieds de la veuve. Tout en sanglotant, celle-ci saisit le discours de son défunt époux et s’apprêtait à en faire une boulette de papier à jeter à la poubelle lorsqu’elle s’aperçut qu’une troisième feuille paraissait adhérer au second feuillet du discours. Elle la décolla et blêmit en découvrant son contenu, écrit de la main d’Edgar et avec une orthographe parfaite : « Cet idiot d’Adhémar s’est toujours mis à rire pour un rien, il m’a donc été facile de le faire rire avec ces énormes fautes d’orthographe…Quant à toi, Violette, lorsque j’ai découvert que tu fricotais avec mon meilleur ami, j’ai décidé de me venger ! Maintenant qu’il n’est plus là, tu vas commencer par me demander pardon, et ensuite, j’aviserai… » Stupéfaite, Violette ne pouvait croire ce qu’elle lisait, son regard allant d’Adhémar étendu sur le sol à la lettre qu’elle tenait à la main. Un léger bruit derrière elle la fit se retourner et elle poussa un grand cri en découvrant son mari bien vivant qui l’observait d’un air narquois, puis s’effondra à son tour en portant la main à son coeur. Edgar observa tour à tour les deux cadavres, retira la lettre de la main de son épouse, et déclara froidement : « Fort bien…L’un est mort de rire, et l’autre est morte de peur…J’ai eu une riche idée d’absorber cette potion me plongeant en état de catalepsie donnée par mon ami médecin et il a été bien aimable d’accepter d’échanger mon « cadavre » avec celui qu’il a volé à la morgue de la faculté…Je l’ai grassement payé pour ça, mais au moins, maintenant, je suis enfin vengé de toutes ces années où la femme que j’adorais me trompait avec mon meilleur ami…Sans cette lettre, personne ne découvrira ce qui s’est passé ici, et quant à moi, il ne me reste plus qu’à quitter ce pays et m’installer ailleurs pour commencer une nouvelle vie… » Il reporta de nouveau son attention sur Adhémar et Violette, éclata d’un rire triomphant, puis tourna des talons et s’éloigna à grandes enjambées. Ce fut le fossoyeur qui, revenant quelques heures plus tard afin de fermer la tombe, trouva les deux cadavres. En l’absence d’indices probants, les policiers menant l’enquête sur les deux décès durent admettre qu’ils étaient impuissants à élucider le mystère de leur mort et l’affaire fut classée sans suite. Edgar, quant à lui, s’installa en Espagne sous un faux nom, se remaria et survécut à ses victimes durant de longues années…
"De l’autre côté de la rive" de Jessica L. Je regarde le ciel à la couleur azurée. Un bleu parfait moucheté ci et là de quelques infimes points blancs, nuages prodiguant des zones d’ombre protectrices et bienvenues. Le soleil est éclatant, ses rayons vifs, à même de vous brûler la peau. Il fait étouffant malgré une légère brise, un vent sec en provenance du désert renforçant l’aridité des lieux. Il n’est pas encore midi mais la chaleur est déjà insupportable. Accablante. Étouffante. Je n’aurais pas dû sortir et m’aventurer ainsi à l’extérieur. J’aurais pour une fois dû écouter Baba et me résigner. Mais le bon sens m’a toujours fait défaut. Mon entêtement permanent, lié à une adolescence difficile, peut s’avérer compliqué à gérer pour mes parents. J’en suis consciente mais ne peux me résoudre à prendre leurs mises en garde, désormais récurrentes, au sérieux. Couchée sur le sol, je sens la sueur s’extraire par les pores de ma peau. Elle coule en un mince filet sur mon visage et le long de ma colonne vertébrale. Mes lèvres sont sèches et mes paupières lourdes. J’ai la sensation désagréable de perdre le contrôle de mon corps. Mes membres s’ankylosent les uns après les autres, les battements de mon cœur s’espacent et ralentissent. La chaleur m’enveloppe pour m’endormir complètement. Je ferme les yeux, indifférente au brouhaha qui m’entoure, et me laisse glisser vers le néant. Ailleurs. * Baba avait tout prévu. Minutieusement. Il n’avait rien voulu laisser au hasard. Notre survie dépendait de ces préparatifs et de la parfaite réalisation du plan. Celui mettant en scène notre fuite hors du pays, patrie de nos ancêtres depuis plus de quatre siècles, de génération en génération. L’échec, synonyme d’une mort certaine, n’était tout simplement pas envisageable. Aussi avait-il revu dans les moindres détails les étapes successives de notre périple. Afin que l’inconcevable ne se produise pas. La date de notre départ, le contenu de nos valises, sac à dos en toile limité au strict nécessaire, des petites coupures en cash, des billets en quantité minimale afin d’éviter un vol plus que probable par des intermédiaires peu scrupuleux durant le voyage, un téléphone portable avec carte prépayée et une batterie flambant neuve pour lui donner des nouvelles et des informations en temps réel quant à notre progression sur la route de la liberté. Malgré les réticences et la peur grandissante de Maman à l’approche de la date fatidique, toutes deux justifiées et liées à cette incertitude quant à notre avenir et le danger mortel d’une telle traversée, elle s’était ralliée à l’opinion de Baba en la matière. Il était dangereux d’entamer un périple en territoires inconnus, fut-il au péril de nos vies, mais il l’était encore plus pour nous de rester ici, et ainsi grossir les rangs de cibles civiles et innocentes, vivant en plein centre de la zone du conflit, en proie à la terreur quotidienne d’un pays en guerre où la paix avait déserté et n’était désormais qu’un lointain souvenir, rendant chaque aube nouvelle synonyme d’un espoir précieux mais toutefois fragile et pouvant s’effondrer à tout moment. Face à la cruauté impitoyable de l’ennemi, il n’y avait eu pour ma petite sœur et moi qu’une seule option possible: la fuite. * Malgré les bombardements massifs dans des régions côtières voisines de la nôtre, à plus de cent kilomètres en amont, nous nous étions efforcés de continuer à vivre presque normalement. Qu’est-ce qu’au juste que la normalité dans un pays détruit et ravagé par la tragédie la plus abominable et meurtrière de son histoire ? Mes trois frères aînés, au grand désespoir de maman qui ne s’en était toujours pas remise, avaient été réquisitionnés par le régime afin de combattre et réduire au silence les forces rebelles, luttant pour une utopique liberté aux quatre coins de notre jadis si beau pays. Quiconque s’opposait à rejoindre les rangs de l’armée était considéré comme déserteur et, selon le bon vouloir du chef suprême, exécuté sur la place publique en présence de tous les membres de sa famille dans l’obligation d’assister à cette mise à mort, synonyme d’avertissement explicite, ou envoyé en détention dans une des prisons de haute sécurité où torture physique et mentale était monnaie courante afin de faire expier aux prisonniers, bien souvent jusqu’à ce que mort s’en suive, une trahison qu’ils n’avaient pas commise. Cela faisait désormais plus de deux ans que nous étions sans nouvelle de mes frères et l’espoir de les revoir vivants s’amenuisait un peu plus chaque jour. Maman pleurait beaucoup et, même si elle s’efforçait de ne jamais céder au désespoir devant nous, j’entendais ses sanglots étouffés à travers la paroi murale qui séparait la chambre de mes parents de la nôtre. Baba n’aurait pour rien au monde voulu abandonner notre appartement afin de fuir le conflit qui se faisait imminent et se rapprochait dangereusement de notre village, il s’efforçait de prétendre à une normalité relative tout en nous interdisant de sortir non accompagnées quelle que soit l’heure de la journée. L’école, désormais fermée pour une période indéterminée, Farah et moi restions donc cloîtrées à l’intérieur, agglutinées devant le vieux téléviseur diffusant d’anciens épisodes de la série « Sous le soleil » dont je me délectais sans rien comprendre aux scènes jouées en français, cette langue douce et chantante que je m’étais jurée d’apprendre en cachette et qui me servirait le jour où je passerais illégalement la frontière afin d’y couler une existence meilleure. * J’avais tendu l’oreille pour prêter une attention toute particulière aux voix en provenance de la cuisine. Il était encore tôt mais la maisonnée ressemblait déjà à une fourmilière, grouillante de vie. Farah dormait à poings fermés et, malgré le vacarme ambiant, j’avais quitté la chambre à pas de louve pour ne pas la réveiller et, sur la pointe des pieds, emprunté le couloir menant à l’étage inférieur. Je m’étais assise sur les quelques marches d’où je pouvais épier la scène sans être vue, à travers la porte laissée entrouverte, et j’avais attendu que les détails de l’intrigue se déroulent sous mes yeux. Deux de nos voisines étaient attablées et, entre deux gorgées de thé et quelques biscuits secs au miel, narraient les dernières nouvelles à Baba et maman, dont le visage ne pouvait cacher ni l’effarement ni la peur. Les combats se rapprochaient dangereusement et redoublaient d’intensité. Il nous fallait fuir au plus vite. Impérativement. Il n’y avait pas d’autre issue possible. Penser à quitter nos maisons pour ne pas être témoin de ce chaos destructeur qui ravagerait tout sur son passage. Choisir la résilience, celle menant à une autre vie, loin de notre pays natal, la migration vers une nouvelle terre d’accueil, l’Europe, que nous ne connaissions que sur le papier et où nous n’avions encore jamais mis les pieds, pour essayer de reconstruire ce qui pouvait encore l’être. Le régime ne lésinait désormais plus sur les moyens à sa disposition afin de réprimer les forces rebelles et avait décidé d’utiliser une arme secrète pour les écraser définitivement. L’artillerie lourde en quelque sorte. Laquelle au juste, personne ne le savait vraiment, ce qui attisait une peur déjà bien présente. Certains parlaient de raids terrestres et de bombardements aériens, d’autres d’exécutions aléatoires parmi les civils. Il nous fallait agir avant que le piège ne se referme sur nous. Baba, abattu et resté silencieux durant ce bref compte-rendu qu’il aurait souhaité être beaucoup moins tragique, avait alors pris la parole et, d’un regard entendu, avait tristement annoncé à maman qu’il était temps. Si eux ne pouvaient pas quitter le pays, faute de moyens, ils se devaient de nous mettre à l’abri de cette folie. Nous, leurs filles cadettes, qui, du haut de nos dix et treize ans, étions porteuses de leur rage de vivre et de leur volonté de vaincre les ténèbres d’une guerre sans fin. Notre départ se ferait plus tôt que prévu et il avait été décidé que Farah et moi prendrions la route le lendemain. J’avais réprimé un hoquet de stupeur avant de regagner ma chambre et de m’enrouler en boule dans les draps à l’odeur familière, cocon confortable et rassurant qui ne serait bientôt plus qu’un lointain souvenir. * Farah avait sauté de joie en apprenant l’imminence de notre départ loin des nôtres, vers l’inconnu. Pas moi. Recroquevillée sur moi-même dans un des fauteuils du salon, le regard fuyant, les traits figés et empreints d’une sévérité qui ne me correspondaient pas d’habitude, j’appréhendais. Maman n’avait pas su retenir ses larmes devant la réaction si inattendue et spontanée de ma sœur cadette. Baba, le cœur lourd, s’en était tenu à l’essentiel: la réalisation de son plan, une étape après l’autre. La fuite n’était pas à considérer comme un jeu ou une aventure ordinaire. Naïve, Farah n’en comprenait pas les enjeux. Comment aurais-je pu lui en vouloir ? Il ne s’agissait pas là d’un voyage de plaisance mais bien d’un long périple aux embûches multiples dont l’issue resterait incertaine jusqu’à notre destination finale, signant la fin de nos pérégrinations et le début de notre réintégration dans une vie normale. Mais le serait-elle? C’est à moi qu’incomberait la lourde tâche de protéger ma petite sœur et de la guider pour la mener à bon port. Celle aussi de la consoler lorsqu’elle se rendrait compte que la triste réalité, incisive et sans artifices, serait bien différente des reportages diffusés à la télévision. Car, depuis qu’elle avait suivi le parcours médiatisé de Nujeen, une réfugiée syrienne qui, malgré son lourd handicap, avait réussi à rejoindre l’Allemagne en compagnie de sa sœur aînée, Farah vivait dans un rêve édulcoré où l’espoir tenait un rôle prépondérant et elle avait transposé sa réalité à celle de cette héroïne victorieuse des temps modernes à laquelle elle s’identifiait désormais. J’étais nettement moins optimiste et redoutais ce voyage migratoire vers des contrées humainement plus ensoleillées. Telle l’hirondelle, reverrais-je moi aussi le printemps? Qu’en serait-il de mes parents? Quelle serait leur destinée dans ce pays où la paix avait déserté? Aujourd’hui serait-il le dernier de nos moments à quatre? La gorge serrée et les larmes perlant à mes yeux, j’avais fait ce dont je n’étais pas franchement fière mais qui m’avait soulagé dans l’instant. J’avais bravé l’interdit. Une dernière fois. * D’après ce que j’en avais lu, le parcours vers la liberté présentait plusieurs rites de passage. Un véritable chemin de croix pour le corps et l’esprit dans un but ultime: la survie. Le choc des cultures, la fatigue extrême due aux milliers de kilomètres parcourus, souvent à pied ou à bord de bus bondés, des frontières à franchir de nuit avec l’aide de passeurs douteux, les centres d’accueil dont on se fait refouler, faute de places disponibles, les nuits passées à la belle étoile, paillasse de fortune installée à même le sol, au bord de la mer ou en pleine forêt, la gorge sèche et l’estomac qui gronde de ne pas boire assez ou manger à sa faim, le regard acerbe des habitants de la zone traversée et leur manque de compassion ou d’humanité, l’espoir retrouvé lorsque certains, souvent dans le même bateau ou bien moins lotis que vous, vous apportent un peu de réconfort et de baume au cœur afin de ne pas renoncer, et ainsi mettre un terme à ce combat difficile et à sens unique, bien souvent perdu d’avance. Demain, cela serait notre tour. Farah et moi, foulant de nos pieds des territoires hostiles et inconnus, livrées à nous-mêmes et laissant tout, nos parents, nos souvenirs et notre insouciance, derrière nous. La faute aux ambitions démesurées d’un dirigeant tyrannique assoiffé de pouvoir ayant mis son pays à feu et à sang pour assouvir ses intérêts personnels et asservir la population, l’obligeant à un exil migratoire dont peu sortiraient indemnes. À l’annonce perturbante de notre départ, imminent, j’avais perdu les pédales et quitté abruptement notre appartement, malgré l’interdiction formelle instaurée par Baba. Je voulais m’imprégner une toute dernière fois de ce qui m’entourait. Mon village natal. Celui qui m’avait vu naître et grandir et que je m’apprêtais à quitter définitivement. Celui que je ne reverrais plus jamais, rayé de la carte de mon esprit pour qu’il laisse sa place à un autre, dans une région inconnue située à plusieurs milliers de kilomètres à l’ouest. Je m’étais assise sur la place centrale, ignorant la chaleur ambiante, pour me laisser bercer par le roulement des vagues, que j’entendais au loin, projetant leur écume sur le sable. Déjà nostalgique de ce quotidien banal que je m’apprêtais alors à quitter, je voulais graver dans ma mémoire chaque seconde passée à rêvasser dans mon coin avant qu’il ne soit trop tard. * Je ne comprends pas immédiatement ce qu’il est en train de se passer. Bien entendu, j’entends ce vacarme assourdissant venu du ciel. Des avions militaires survolant la région, notre village en particulier. Cela n’a rien d’anormal étant donné les combats qui font rage depuis plusieurs semaines dans des zones côtières voisines de la nôtre. Je n’ai repéré aucun char de guerre, juste la milice aérienne probablement en repérage pour des opérations futures. Pas de quoi s’inquiéter davantage. C’est ce que je pense alors. Jusqu’à ce que je comprenne, trop tard, que je me suis lourdement trompée. Je l’aperçois au loin. Un nuage de poussière se rapprochant à la vitesse de l’éclair, décimant tout sur son passage. Tétanisée, je cours jusqu’à la maison, sans jamais pouvoir l’atteindre. M’écroulant de tout mon long, mes poumons en feu, je comprends que tout s’arrête ici. Peut-être est-ce mieux ainsi. Je suis en train de sombrer, lentement, victime d’une mort atroce, mais au moins je suis chez moi, dans ce pays qui court à sa perte mais que j’aime tant. J’ai inhalé le gaz chimique, toxique, comme tous ceux qui m’entourent et dont les cris de souffrance et de désespoir transpercent mes tympans. Je ferme les yeux, repensant une dernière fois au rire contagieux de Farah, au parfum doux et sucré de maman, à l’étreinte rassurante de Baba et aux visages de mes frères aînés que je rejoindrai bientôt de l’autre côté de la rive, là où la souffrance et la guerre n’ont plus lieu d’être et disparaissent pour laisser leur place à une paix enfin retrouvée.
"Anesthésie générale" de Olivier P. Réveillé par un orage estival et ses larmes qui ruissèlent contre les vitres, je m’étais approché de la fenêtre pour apprécier le spectacle. Un éclair avait crevé le ciel. Je n’avais pas reconnu ma silhouette dans le carreau illuminé. Quadragénaire divorcé, je vivais seul. Ma femme m’avait quitté, ne supportant plus mes excès. Je me tordais de douleur comme à chacun de mes réveils. La semaine ne serait pas bien différente des précédentes, dictée par le calvaire que provoquait ma spondylarthrite. J’avalais mon cocktail de médocs d’une traite avec une gorgée de café plus noir et raide qu’un bâton de réglisse. J’espérais oublier. Tout au moins, atténuer ces sensations atroces qui envahissaient mon corps dès que j’ouvrais les yeux. Petit, trapu, ma morphologie n’arrangeait pas mon état de santé. Je repensais à ma mère, elle aussi atteinte de cette maladie. Je ne me rappelais pas que la souffrance lui avait été si intense. Je comprenais seulement pourquoi elle avait fini alcoolique. Mon organisme avait de plus en plus de mal à céder aux effets des antalgiques qui s’estompaient de jour en jour. Je m’habituais à ces substances toxiques. Attendu par mon rhumatologue, j’avais entendu parler d’un nouveau traitement encore en test sur des souris. Une étude publiée dans une revue scientifique avait établi que les hommes sont bien plus sensibles à la douleur que les femmes. Cela étant dû au fait que nous avons une mémoire de celle-ci que la gent féminine n’a pas. Nous l’appréhenderions donc avec stress, ce qui la décuplerait. Les femmes, elles, ne sembleraient éprouver aucune angoisse par rapport à leurs douleurs passées, ce qui expliquerait pourquoi elles ne rechigneraient pas à accoucher une seconde fois. J’avais eu du mal à y croire, à cause de mon côté défaitiste. Ces résultats avaient fait avancer la recherche sur les antalgiques et un nouveau médicament avait vu le jour, le Gynéprofen. Il serait capable de faire perdre cette mémoire de la douleur que nous avons, nous les hommes. Il proviendrait d’une hormone se trouvant chez la femme. Les scientifiques avaient su la synthétiser et en faire un comprimé. Ils attendaient les derniers bilans sur leurs mammifères de laboratoire avant de lancer les premiers essais cliniques. La posologie serait d’un cachet toutes les quatre heures. Je souhaitais y participer et pris la route tant bien que mal pour me rendre à mon rendez-vous. Après quelques minutes d’attente dans la salle surchauffée, une jeune interne m’invita à m’installer dans le bureau du rhumatologue. Il entra, froid, pour ne rien changer. — Monsieur Meissonnier, bonjour ! — Docteur... — Comment allez-vous ? Le fait d’avoir augmenté les doses d’antalgiques vous soulage-t-il ? — Oh ! Vous savez, je n’ai plus l’impression que tous ces cachets ont encore beaucoup d’effet... Il m’ausculta. Après prise de tension, de température et exercices de souplesse, nous nous réinstallâmes au bureau. — Je vous refais donc une ordonnance pour... Je l’arrêtai : — Justement, docteur. J’ai entendu parler du Gynéprofen... Les premiers essais cliniques devraient débuter bientôt. J’aimerais en être ! — Vous m’avez l’air bien renseigné... Ça ne se fait pas comme ça, du jour au lendemain ! Tout essai clinique doit avoir reçu au préalable une autorisation de l’Afssaps et un avis favorable d’un comité de protection des personnes. Vos chances d’être retenu sont minces. En général, les médicaments dont on sait qu’ils risquent de causer des effets indésirables plutôt graves ne sont jamais testés sur des volontaires sains. Or, vous l’êtes relativement malgré votre maladie. Ironique n’est-ce pas ? Le sarcasme qui transpirait dans mes yeux lui fit comprendre que ses arguments ne prenaient pas. Il continua : — Je parle ici de personnes en phase terminale de cancer. Suis-je prêt à vous jeter dans la fosse aux lions ? Non ! Mais... — Je voudrais donc monter mon dossier pour l’Afssaps et candidater pour cet essai clinique ! Son argumentaire m’avait laissé complètement indifférent. — Très bien... Voici les documents nécessaires. Remplissez-les et renvoyez-les directement à l’Afssaps. Nous nous reverrons d’ici deux mois afin de refaire un point sur le sujet... Après une poignée de main suintante, je repartis la tête plus légère que d’habitude. Cette opportunité me donnait une chance d’espérer de nouveau, ce qui ne m’était pas arrivé depuis l’annonce de ma maladie. Les mois s’écoulant me parurent une éternité. La douleur dictait mes journées. Je les passais dans mon lit. Mes articulations, capricieuses, ne me répondaient qu’une fois sur deux. Le mal qu’elles entraînaient me poussait à boire toujours plus. Les cadavres de bouteilles jonchaient le sol de ma chambre. Le réveil sonna. J’étais en retard. Je ne pris pas le temps de me doucher et marchais difficilement jusqu’à ma voiture. Comment en étais-je arrivé là ? Je ne me reconnaissais pas. Et de toute façon, je ne m’étais jamais vraiment reconnu en l’homme que j’étais. M’étais-je réellement senti moi-même dans ce corps que l’on m’avait donné ? Ou plutôt imposé ? J’en doute. J’avais tenté d’y faire face. Me faire embaucher en tant que transformiste m’avait aidé à éluder cette problématique. La maladie m’avait rapidement fait revenir sur terre. Le spécialiste m’attendait de pied ferme d’un air grave. J’eus un coup de chaud avant de le saluer d’une main moite : — Bonjour docteur... — Monsieur Meissonnier. Je vous laisse me suivre. Sur son bureau, une pile de documents. Impossible d’en deviner le contenu. Ma curiosité grandissante n’attendit pas : — L’Afssaps vous a-t-elle fait parvenir le dossier, docteur ? — Oui. — L’ont-ils accepté ? — J’en ai bien peur, oui... — C’est une bonne nouvelle, non ? — Je n’en suis pas convaincu. Vous allez devoir quoique cela vous coûte, suivre ce traitement à la lettre et en notifier les moindres effets indésirables. Effets dont nous ne savons rien. Nous ne sommes pas certains non plus que cette médication aura un réel bénéfice sur vos douleurs. — Je suis prêt. Cela fait maintenant des années que je prends les mêmes cachetons. Ils n’ont plus d’efficacité. J’ai besoin de ce médicament ! Peu convaincu, il me signa le dossier et alla chercher mes premiers mois de traitement. Il ne pouvait pas s’opposer à mon choix. En possession du Graal, je rentrai en sifflant, gai comme un pinson. J’attaquai ma médication dans la foulée et restai cloîtré à mon domicile, à me nourrir de plats commandés sur ces applications dont les prix vous laissent hésitant et dont la qualité n’est que secondaire. De toute façon, je m’étais complètement fermé au monde à cause de cette maladie et de mes excès. Mes amis avaient fini par me délaisser. Ils n’attendaient plus rien de ma part et avaient abandonné tout espoir de retrouver l’homme, du moins l’entité qu’ils avaient connue. Les jours s’écoulaient et mon état de santé s’arrangeait. Je me sentais de mieux en mieux. J’en avais oublié la douleur. Je me surprenais quelques fois à me lacérer les bras, comme pour me remémorer le supplice et être sûr que ce n’était pas qu’un rêve. J’avais arrêté de boire et de fumer. Ce matin, je me trouvais belle. Mes yeux bleus brillaient dans le carreau humide de la fenêtre. Ma longue chevelure blonde sentait bon le karité. J’étais de ces femmes dont la pilosité ne pose aucun problème, j’avais la chance d’être lisse comme une anguille. Mon visage était délicat et rosé. Mon torse était doux. Mes seins, aux tétons saillants, n’avaient rien à envier à ceux de mes consœurs. Mon sexe proéminant avait disparu, laissant presque place à une vulve des plus sensibles. Ma silhouette s’était transformée de jour en jour sans que je ne m’en rende compte. Je me tenais debout, devant la fenêtre, mon corps illuminé par la lumière dansante des éclairs. J’avais oublié. Toutes les douleurs et le mal-être qui m’habitaient depuis tant d’années avaient fini par s’estomper. Le pire était derrière moi. J’étais guérie et le début d’une nouvelle vie commençait…
"Le miroir de vérité" de Loic-Elian M. Autrefois vivait un grand sorcier qui s'appelait Aaron. Ce sorcier vivait avec son apprenti sorcier du nom de Arthur .Mais un jour Aaron sentait qu'il allait mourir et voulait créer un dernier objet magique qui devait être le meilleur de tous ses objets magiques .Soudain il eut l'idée de créer un miroir qui disait si une personne est bonne ou si elle est mauvaise (si la personne est bonne elle se verrait avec des couleurs sur elle mais si la personne est mauvaise le miroir la montrerait en noir et blanc pour qu'elle puisse changer de comportement) Aaron dit ceci a Arthur : -Arthur, je vais bientôt mourir et il faut quelqu'un pour me remplacer et pour montrer aux autres le miroir ; Ce sera toi - Et si je me trompe sur une formule ou que je casse le miroir - Ne t'inquiètes pas tu vas y arriver je le sens au plus profond de moi - je te laisse choisir c'est toi qui va le montrer aux autres - Très bien je l'appellerai le miroir de vérité - Très bon choix de nom - Tu vas me manquer Aaron - toi aussi tu vas me manquer Arthur Et sur ses mots ils s'embrassèrent - Mais Aaron - Oui Arthur - Sais-tu- quand tu vas partir ? - Je partirai dans quinze jours - Donc j'ai quinze jours pour me préparer - Oui c'est ça 15 jours plus tard Arthur fait alors ce que Aaron lui avait demandé et il montra le miroir de vérité mais un jour quelqu'un vient pour voir le miroir de vérité et dit" je suis Nathan et je suis venu pour voir le miroir de vérité qui montre si la personne est bonne ou mauvaise Arthur : D’accord Nathan, moi je suis Arthur et j’étais l'apprenti de Aaron le sorcier qui a créé ce miroir Et il vint se mirer mais on le montra en noir ce qui veut dire qu'il était mauvais (En effet ce Nathan était mauvais il volait). Arthur tente de lui expliquer que ça veut dire qu'il doit changer de comportement mais c'est trop tard Nathan est fou de rage il est tellement en colère qu'il casse le miroir et part en courant chez lui. Et tout le monde rentre comme le miroir est cassé. Mais le soir quand Nathan dort, il entendit un drôle de bruit. La lumière s’allume puis s'éteint ; la fenêtre s’ouvre et il entend une voix qui dit : Nathan Qui êtes-vous et comment vous connaissez mon nom ? - je suis Aaron, celui qui a créé le miroir de vérité que tu as cassé. - Ce miroir a dit que j’étais méchant. - Arthur a voulu te dire que le miroir de vérité était fait pour changer la personne si elle est mauvaise mais pas pour la punir mais toi tu as cru que c'était pour punir. -Oui j’ai cru que c'était pour punir. - Maintenant tu dois être puni pour ce que tu as fait - Non s'il te plait que dois -je faire pour ne pas être puni - tu dois aller à l'atelier de Arthur et tu apprendras la magie pendant 6 ans et la bas tu trouveras la formule du miroir de vérité que tu vas lire pour le créer encore . - D 'accord demain je le ferai Et le lendemain il va à l'atelier de Arthur ; mais Arthur sachant qu'il avait cassé le miroir ne le laisse pas entrer mais Nathan lui dit: Ne t'inquiète pas je ne suis pas venu pour te faire du mal et je suis désolé d'avoir cassé le miroir de vérité.Je pensais qu'il était fait pour punir mais j’ai su qu'il était fait pour changer grâce à Aaron qui est venu la nuit dernière. Il m'a dit de venir dans ton atelier pour que j’apprenne la magie pendant 6 ans et reconstruire le miroir de vérité encore une fois - : D’accord suis moi Et il apprend la magie pendant 6 ans et après 6 ans ils reconstruisent le miroir de vérité. 6 ans plus tard Un jour le frère de Nathan, Mathias était un voleur et quand il apprend que son frère qui était un voleur apprend de la magie avec un sorcier il devint jaloux car lui aussi était un voleur mais il n'avait jamais appris la magie avec un sorcier et il eut l’idée de cassé le miroir de vérité et de faire croire que c’est son frère qu'il l’avait cassé. Cette nuit Mathias pris le bracelet de Nathan alla à l'atelier de Arthur et il cassa le miroir de vérité et laissa le bracelet par terre à côté. Le lendemain quand Nathan et Arthur se réveillent ils sont choqués de voir le miroir cassé mais soudain Arthur reconnaît le bracelet de Nathan et aussitôt il accuse Nathan d'avoir cassé le miroir de vérité mais Nathan lui dit : ce n’est pas moi. - Si c’est toi ,c’est toi qui portait ce bracelet hier - Oui c'est vrai mais ce n’est pas moi - Si c'est toi tu partiras aujourd'hui même Et sur ces mots il s'en va à contre cœur. Quand Mathias apprend que son frère a été renvoyé, il fut fou de joie. Mais une nuit Arthur dormait mais une voix le réveille qui dit : Arthur - Oui qui est- ce ? - C’est moi Aaron Bonsoir Aaron - Bonsoir je suis venu te dire que ce n'est pas Nathan qui a cassé le miroir de vérité. -Comment cela est-il possible, on a retrouvé son bracelet à côté des déchets du miroir - Oui c'était son bracelet mais c'est son frère Mathias qui a cassé le miroir de vérité et c’est lui qui a posé le bracelet de Nathan pour faire croire que c’était lui car il était jaloux - D'accord je vais le dire à Nathan -Merci beaucoup Aron -De rien Arthur Et le lendemain il va chez Nathan - Écoute Arthur si c'est toujours à cause du miroir je voulais te dire que ... -Non ne t’inquiète pas je sais déjà que ce n’est pas toi. Aaron est venu me voir cette nuit et m'a dit que ce n’est pas toi qui l’a cassé mais c’est ton frère Mathias qui a cassé le miroir et qui a mis ton bracelet à côté du miroir pour qu'on te croit coupable. -Va chez ton frère Mathias et dit lui de venir ici car j'ai quelque chose à lui dire et qu'on sait que c’est lui qui a cassé le miroir de vérité pour qu'on te revoie car il est jaloux de toi Et sur ces mots il s'en va chez son frère Quand il arriva chez son frère il lui dit : Bonjour Mathias -Bonjour Nathan je voulais te dire que je suis désolé qu'on t’ai renvoyé - Arrête de jouer la comédie -De quoi tu parles ? -Tu sais très bien de quoi je parle, je parle du fait que c'est toi qui a cassé le miroir de vérité et que c'est toi qui a mis mon bracelet à côté pour qu'on croit que c’est moi, tout ça par jalousie. -Pourquoi tu dis cela, as-tu des preuves ? - Oui j'ai une preuve, le sorcier qui a créé ce miroir Aron est apparu hier soir à Arthur son apprenti et il a dit que ce que je viens de te dire - : Je ne te crois pas. -Si tu ne me crois pas vient à l'atelier de Arthur avec moi Et il te le dira par lui-même en plus il veut te voir. Mais Mathias à tellement peur qu'il fuit à toute vitesse. Nathan se met à courir derrière lui mais Mathias réussi à se cacher dans la forêt. Nathan le chercha pendant des heures mais ne le retrouva pas jusqu'à ce qu'il abandonne et va chez Arthur en lui disant : Arthur, Mathias s’est échappé je lui ai dit de venir ici mais il a fui. J’ai essayé de le rattraper mais ils réussi à se cacher dans la forêt : Il faut qu'on sache où il s'est caché : Mais Arthur il faut d'abord refaire le miroir de vérité -d'accord mais d'abord est-ce que tu veux revenir travailler à l'atelier ? -Oui je veux bien, mais le miroir de vérité se casse beaucoup donc je me disais qu'on peut faire une barrière magique pour protéger le miroir de vérité. - c'est une très bonne idée on peut s'y mettre dès maintenant - D'accord Et tous deux construisent une barrière pour le miroir de vérité 20 jours plus tard Ça faisait déjà 20 jours que Mathias était dans la forêt mais un jour Nathan dit à Arthur : - bonjour Arthur -bonjour Nathan -je voulais te dire que ça fait déjà 20jours que mon frère est en forêt, je voudrais partir en forêt pour essayer le retrouver -D'accord mais je t’accompagne, ton frère est jaloux de toi donc il peut te tuer - D'accord j’accepte Et il parte en forêt Quand il arrive Arthur dit à Nathan : - Moi je vais à gauche et toi tu vas à droite comme ça on aura plus de chance de le retrouver - d'accord dit Nathan Nathan chercha alors de son côté et Arthur de l'autre mais personne ne le trouva. Soudain une feuille d'un arbre tombe sur Nathan. Nathan regarde alors au-dessus de lui et vit alors Mathias. Mathias ayant remarqué que Nathan l'avait trouvé descendit de l'autre côté de l'arbre et se mît à courir. Nathan se mît à sa poursuite, en chemin, il rencontre Arthur. Et Arthur se mit à courir comme il avait une baguette magique il prononce une formule qui enferme Mathias dans une cage. Ils le ramenèrent à l'atelier et il le laisse dans sa cage. Le lendemain tout le monde vient pour le miroir de vérité et au fur et à mesure certains méchants finissent par changer. Quand à Mathias il reste enfermer jusqu'à l'éternité dans sa cage.
"Le miroir de vérité" de Loic-Elian M. Autrefois vivait un grand sorcier qui s'appelait Aaron. Ce sorcier vivait avec son apprenti sorcier du nom de Arthur .Mais un jour Aaron sentait qu'il allait mourir et voulait créer un dernier objet magique qui devait être le meilleur de tous ses objets magiques .Soudain il eut l'idée de créer un miroir qui disait si une personne est bonne ou si elle est mauvaise (si la personne est bonne elle se verrait avec des couleurs sur elle mais si la personne est mauvaise le miroir la montrerait en noir et blanc pour qu'elle puisse changer de comportement) Aaron dit ceci a Arthur : -Arthur, je vais bientôt mourir et il faut quelqu'un pour me remplacer et pour montrer aux autres le miroir ; Ce sera toi - Et si je me trompe sur une formule ou que je casse le miroir - Ne t'inquiètes pas tu vas y arriver je le sens au plus profond de moi - je te laisse choisir c'est toi qui va le montrer aux autres - Très bien je l'appellerai le miroir de vérité - Très bon choix de nom - Tu vas me manquer Aaron - toi aussi tu vas me manquer Arthur Et sur ses mots ils s'embrassèrent - Mais Aaron - Oui Arthur - Sais-tu- quand tu vas partir ? - Je partirai dans quinze jours - Donc j'ai quinze jours pour me préparer - Oui c'est ça 15 jours plus tard Arthur fait alors ce que Aaron lui avait demandé et il montra le miroir de vérité mais un jour quelqu'un vient pour voir le miroir de vérité et dit" je suis Nathan et je suis venu pour voir le miroir de vérité qui montre si la personne est bonne ou mauvaise Arthur : D’accord Nathan, moi je suis Arthur et j’étais l'apprenti de Aaron le sorcier qui a créé ce miroir Et il vint se mirer mais on le montra en noir ce qui veut dire qu'il était mauvais (En effet ce Nathan était mauvais il volait). Arthur tente de lui expliquer que ça veut dire qu'il doit changer de comportement mais c'est trop tard Nathan est fou de rage il est tellement en colère qu'il casse le miroir et part en courant chez lui. Et tout le monde rentre comme le miroir est cassé. Mais le soir quand Nathan dort, il entendit un drôle de bruit. La lumière s’allume puis s'éteint ; la fenêtre s’ouvre et il entend une voix qui dit : Nathan Qui êtes-vous et comment vous connaissez mon nom ? - je suis Aaron, celui qui a créé le miroir de vérité que tu as cassé. - Ce miroir a dit que j’étais méchant. - Arthur a voulu te dire que le miroir de vérité était fait pour changer la personne si elle est mauvaise mais pas pour la punir mais toi tu as cru que c'était pour punir. -Oui j’ai cru que c'était pour punir. - Maintenant tu dois être puni pour ce que tu as fait - Non s'il te plait que dois -je faire pour ne pas être puni - tu dois aller à l'atelier de Arthur et tu apprendras la magie pendant 6 ans et la bas tu trouveras la formule du miroir de vérité que tu vas lire pour le créer encore . - D 'accord demain je le ferai Et le lendemain il va à l'atelier de Arthur ; mais Arthur sachant qu'il avait cassé le miroir ne le laisse pas entrer mais Nathan lui dit: Ne t'inquiète pas je ne suis pas venu pour te faire du mal et je suis désolé d'avoir cassé le miroir de vérité.Je pensais qu'il était fait pour punir mais j’ai su qu'il était fait pour changer grâce à Aaron qui est venu la nuit dernière. Il m'a dit de venir dans ton atelier pour que j’apprenne la magie pendant 6 ans et reconstruire le miroir de vérité encore une fois - : D’accord suis moi Et il apprend la magie pendant 6 ans et après 6 ans ils reconstruisent le miroir de vérité. 6 ans plus tard Un jour le frère de Nathan, Mathias était un voleur et quand il apprend que son frère qui était un voleur apprend de la magie avec un sorcier il devint jaloux car lui aussi était un voleur mais il n'avait jamais appris la magie avec un sorcier et il eut l’idée de cassé le miroir de vérité et de faire croire que c’est son frère qu'il l’avait cassé. Cette nuit Mathias pris le bracelet de Nathan alla à l'atelier de Arthur et il cassa le miroir de vérité et laissa le bracelet par terre à côté. Le lendemain quand Nathan et Arthur se réveillent ils sont choqués de voir le miroir cassé mais soudain Arthur reconnaît le bracelet de Nathan et aussitôt il accuse Nathan d'avoir cassé le miroir de vérité mais Nathan lui dit : ce n’est pas moi. - Si c’est toi ,c’est toi qui portait ce bracelet hier - Oui c'est vrai mais ce n’est pas moi - Si c'est toi tu partiras aujourd'hui même Et sur ces mots il s'en va à contre cœur. Quand Mathias apprend que son frère a été renvoyé, il fut fou de joie. Mais une nuit Arthur dormait mais une voix le réveille qui dit : Arthur - Oui qui est- ce ? - C’est moi Aaron Bonsoir Aaron - Bonsoir je suis venu te dire que ce n'est pas Nathan qui a cassé le miroir de vérité. -Comment cela est-il possible, on a retrouvé son bracelet à côté des déchets du miroir - Oui c'était son bracelet mais c'est son frère Mathias qui a cassé le miroir de vérité et c’est lui qui a posé le bracelet de Nathan pour faire croire que c’était lui car il était jaloux - D'accord je vais le dire à Nathan -Merci beaucoup Aron -De rien Arthur Et le lendemain il va chez Nathan - Écoute Arthur si c'est toujours à cause du miroir je voulais te dire que ... -Non ne t’inquiète pas je sais déjà que ce n’est pas toi. Aaron est venu me voir cette nuit et m'a dit que ce n’est pas toi qui l’a cassé mais c’est ton frère Mathias qui a cassé le miroir et qui a mis ton bracelet à côté du miroir pour qu'on te croit coupable. -Va chez ton frère Mathias et dit lui de venir ici car j'ai quelque chose à lui dire et qu'on sait que c’est lui qui a cassé le miroir de vérité pour qu'on te revoie car il est jaloux de toi Et sur ces mots il s'en va chez son frère Quand il arriva chez son frère il lui dit : Bonjour Mathias -Bonjour Nathan je voulais te dire que je suis désolé qu'on t’ai renvoyé - Arrête de jouer la comédie -De quoi tu parles ? -Tu sais très bien de quoi je parle, je parle du fait que c'est toi qui a cassé le miroir de vérité et que c'est toi qui a mis mon bracelet à côté pour qu'on croit que c’est moi, tout ça par jalousie. -Pourquoi tu dis cela, as-tu des preuves ? - Oui j'ai une preuve, le sorcier qui a créé ce miroir Aron est apparu hier soir à Arthur son apprenti et il a dit que ce que je viens de te dire - : Je ne te crois pas. -Si tu ne me crois pas vient à l'atelier de Arthur avec moi Et il te le dira par lui-même en plus il veut te voir. Mais Mathias à tellement peur qu'il fuit à toute vitesse. Nathan se met à courir derrière lui mais Mathias réussi à se cacher dans la forêt. Nathan le chercha pendant des heures mais ne le retrouva pas jusqu'à ce qu'il abandonne et va chez Arthur en lui disant : Arthur, Mathias s’est échappé je lui ai dit de venir ici mais il a fui. J’ai essayé de le rattraper mais ils réussi à se cacher dans la forêt : Il faut qu'on sache où il s'est caché : Mais Arthur il faut d'abord refaire le miroir de vérité -d'accord mais d'abord est-ce que tu veux revenir travailler à l'atelier ? -Oui je veux bien, mais le miroir de vérité se casse beaucoup donc je me disais qu'on peut faire une barrière magique pour protéger le miroir de vérité. - c'est une très bonne idée on peut s'y mettre dès maintenant - D'accord Et tous deux construisent une barrière pour le miroir de vérité 20 jours plus tard Ça faisait déjà 20 jours que Mathias était dans la forêt mais un jour Nathan dit à Arthur : - bonjour Arthur -bonjour Nathan -je voulais te dire que ça fait déjà 20jours que mon frère est en forêt, je voudrais partir en forêt pour essayer le retrouver -D'accord mais je t’accompagne, ton frère est jaloux de toi donc il peut te tuer - D'accord j’accepte Et il parte en forêt Quand il arrive Arthur dit à Nathan : - Moi je vais à gauche et toi tu vas à droite comme ça on aura plus de chance de le retrouver - d'accord dit Nathan Nathan chercha alors de son côté et Arthur de l'autre mais personne ne le trouva. Soudain une feuille d'un arbre tombe sur Nathan. Nathan regarde alors au-dessus de lui et vit alors Mathias. Mathias ayant remarqué que Nathan l'avait trouvé descendit de l'autre côté de l'arbre et se mît à courir. Nathan se mît à sa poursuite, en chemin, il rencontre Arthur. Et Arthur se mit à courir comme il avait une baguette magique il prononce une formule qui enferme Mathias dans une cage. Ils le ramenèrent à l'atelier et il le laisse dans sa cage. Le lendemain tout le monde vient pour le miroir de vérité et au fur et à mesure certains méchants finissent par changer. Quand à Mathias il reste enfermer jusqu'à l'éternité dans sa cage.
"L'étymologie du ridicule" de Thibault J.P. Dans le domaine de la linguistique diachronique, nous observons les mots et leur provenance, entre autre l'étymologie. Parfois, dans ce domaine, nous retrouvons des mots dont l'origine est assez normale, ou peu choquante, par contre parfois les mots apparaissent assez étrangement, et assez soudainement. Parmi ceux-ci, nous retrouvons le mot « Ridicule », dont nous n'avons l'origine que grâce à la tradition orale. En effet, ce mot a pendant de nombreuses années intrigué les linguistes, les scientifiques de haut calibre, et même les biologistes et les physiciens qui s'aventuraient dans le domaine de la phonétique et de la physiologie humaine. L'origine exacte a toutefois pu être retracée à un petit village en Provence, et à des évènements quelque peu particuliers. C'est au 19ème siècle que le linguiste Rodrigue Petitipontont retraça le mot au village en question. Celui-ci observait l'orthographe originale rizdicule et plus anciennement rizdiculo. Espérant trouver quelque chose que personne n'aurait vu avant, il vérifia les sources déjà vérifiées d'après lesquelles les linguistes avant lui avaient trouvé l'orthographe, et, par chance, il trouva en effet du nouveau :les auteurs employant ce terme dans leurs textes avaient tous voyagé en Provence. Étudiant plus profondément la question, il remarqua que les auteurs provençaux utilisaient plus souvent ce mot. Non seulement cela, mais ils l'utilisaient dans un sens différent ; en plus d'attribuer au mot le sens habituel de « complètement con », il lui était accordé parfois les sens de « extraordinaire », « difficile à croire », et parfois un troisième sens de « peu attrayant ». Il remarqua que le sens de « farfelu » ou « débile » semblait être non seulement le sens le plus nouveau, mais un sens créé par les non-provençaux au fil du temps, progressivement employé par les autochtones également. Parti enquêter sur le terrain, Rodrigue se renseigna auprès de la population ; il lu des correspondances personnelles, questionna des gens qui n'en savaient trop rien... La quête l'amena finalement dans un petit village au milieu des champs et du vent. Par hasard, en passant devant le cimetière, il remarqua une tombe sur laquelle il était inscrit le nom Jésus Vigneron sous titré « Miraculeusement rizdiculo ». Quelle étrangeté ! Allant consulter les registres, il trouva l'acte de naissance de ce J. Vigneron quelques siècles avant. Né d'une mère : Barbe Vigneron... aucun père. Naissance sans père ? Cela arrivait à l'époque même si c'était bien souvent caché, ou camouflé d'une façon ou d'une autre. « Miraculeusement rizdiculo », qu'est-ce que cela pouvait vouloir dire ? Rodrigue ne comprenait rien. Si près du but, il décida d'aller au Chiquito du coin pour méditer devant un verre de rouge. Ce sont toujours dans les bars, les tavernes ou les auberges que l'on rencontre des énergumènes fascinants, intriguants, et les barmans, taverniers ou aubergistes entendent tout derrière leur comptoir ou près des fûts et des casques. Le propriétaire de l'établissement, voyant l'air abattu de notre protagoniste, lui demanda ce qui n'allait pas. Lorsqu'il relata son métier peu commun et sa quête, le barman lui demanda à quoi bon trouver. Rodrigue ne savait pas quoi dire. « Pour savoir ! » lança-t-il, expliquant à quoi servait la linguistique diachronique, expliquant le trou que son enquête laisserait, mentionnant que d'autres encore chercheraient à expliquer ce mot après lui, s'il échouait. Finalement, le tavernier lui recommanda d'aller à l'église rencontrer le curé. Le curé du village était un homme presque centenaire, portant soutane, un air posé et sans façon. La chapelle était petite, et l'on y retrouvait étrangement rien qui pouvait avoir quoi que ce soit à faire avec un hostie ; par contre, l'on y retrouvait un réchaud et des paquets de riz. Ils étaient assis devant la chapelle, au soleil, et Rodrigue interrogea le prêtre qui prit un moment pour répondre. Il parlait avec un vieil accent, et s'exprimait clairement. Il entama : « Ce n'est pas quelque chose dont nous parlons normalement, et je vous préviens que lorsque vous écrirez votre travail, vous aurez l'impression que cela aurait tout aussi pu ne jamais être fait. Vous n'êtes pas le premier à venir ici. Dans le village, on est tous au courant pourtant, on en parle encore régulièrement, et ça nous a marqués. Ça aurait dû marquer le monde entier. « Vous avez remarqué que nous avons du riz dans l'église ? C'est car ici – nous ne l'avons pas dit à qui que ce soit d'autre, nous le faisons sans en informer les cardinaux – nous savons que ce n'est pas du pain que Jésus nous offrait, mais du riz. « Il y a quelques siècles maintenant, une jeune femme est tombée enceinte vierge. Ça vous rappelle quelque chose, bien sûr, eh bien tout le monde la traitait de trainée. Bien sûr, quand c'est pour le salut de leur âme, les hommes sont prêts à tout – ils sont égoïstes – mais lorsqu'il s'agit de croire autrui, même dans le plus fantastique, ils sont méchants et rigides. Éventuellement, le curé de cette petite église défroqua : il dit qu'il était le père, et l'on cessa d'insulter la jeune femme. Ce jeune curé travailla dans une ferme quelques années, puis fabriqua du savon à la lavande. Dans sa confession auprès de son remplaçant, ce n'est pas le péché d'adultère qu'il confessa, mais celui du mensonge : il dit que cette jeune femme était bel et bien vierge, et qu'il pourrait se produire le retour du christ, d'après lui. « En effet, l'enfant qu'ils appelèrent Jésus était très spécial à sa naissance. Le curé refusa de se faire enregistrer comme père de l'enfant, et l'enfant porta le nom de sa mère. Officiellement, l'ex-curé dit que c'était pour protéger l'enfant de la honte que son nom portait alors, une excuse du genre. L'enfant est né avec une capacité très particulière. Dieu nous envoyait en tout cas un message très clair ; il fallait finir la faim. « Le petit Jésus, revenu parmi nous, n'a jamais déféqué de façon normale ; il chiait du riz. Du riz blanc, du riz brun, du riz frit. Parfois, il nous sortait du riz avec des petits pois dedans, ou des petits morceaux de carotte. Vous savez, il y a quelques centaines d'années on ne savait pas réellement ce que c'était que le riz ; les parents pensaient qu'il s'agissait de vers. Étrangement, les vers n'étaient pas vivants, ils étaient rigides. Voyant que l'enfant était en bonne santé, et persuadé qu'il était le retour du divin, son père adoptif chercha à trouver ce qu'était cette substance. Éventuellement il trouva : c'était un grain venu d'Asie. D'Asie ! Il ne faut pas oublier que notre Jésus de Nazareth était en soi, Asiatique si l'on veut. Certains le proclament africain, d'autres le peignent blanc, blond, avec des yeux bleus (n'importe quoi!), mais le fait est que c'est l'embouchure de l'Asie, le proche-orient. C'était très symbolique ! « Un soir son père adoptif s'essaya pour la première fois – alors que le jeune Jésus avait rempli une petite casserole d'un beau riz frit aux légumes, il goûta. C'était bon ! Un grain ferme, goûteux, de bonne qualité, qui se digérait bien. « Il a fait une faute par contre ! Un soir, il rassembla le village – encore plus petit à cette époque – pour montrer de quoi était capable son fils. Il déclara alors qu'il n'était pas le père, qu'il avait voulu sauver l'honneur de la jeune femme, et que l'enfant produisait, en lieu de caca, un grain asiatique nommé « riz », qu'il avait lui-même goûté et qui était bon ! « Essayez d'expliquer cela à des gens sans éducation et sans foi, mon pauvre ! On lui donna le surnom de « mon père mange-caca » ! Mais il continua de suivre sa foi. Parfois, le petit Jésus faisait des choses pas très loin du miracle, mais cela n'a pas forcément marqué grand monde – lorsque l'on fait l'impossible pour aider une personne ou deux, généralement ils sont impressionnés et reconnaissants quelques jours, mais ils oublient ça vite. Non, le moment où les gens ont remarqué que le petit Jésus était en vérité miraculeux, c'est quand la famine est venue. « Mon bon, on prévoit jamais une famine, et ça arrive pas si souvent que ça, mais parfois, les récoltes sont mauvaises, ou on vous prend vos réserves, les greniers brûlent, qui sait. Cela aurait pu très mal finir. Les gens des environs se partageaient leurs nourritures, on jeunait, et les gens normaux n'avaient plus que la peau sur les os. Tous ? Non, la famille du jeune Jésus était en pleine forme, elle n'avait pas changé d'apparence. Plusieurs groupes furieux confrontèrent « Mon père mange-caca » en le traitant de fiéfé, de filou, supposant qu'il cachait de la nourriture. Il les invitait chez lui, dans son atelier, il les invitait à fouiller partout, à démonter les granges s'ils le voulaient ! Pourtant personne ne trouvait rien. « Ils lui demandaient « Quel est ton secret ? Comment peux-tu rester si bien, et garder ta famille en si bonne santé aussi ? », et voilà qu'il leur rappela le grain que déféquait son fils adoptif, le fils du saint esprit. Les gens pensèrent qu'ils se moquaient d'eux ; ça ne pouvait pas être possible ! Et alors le père adoptif de Jésus organisa des soupers, pour le village tout entier. Ce qui était d'autant plus surprenant, est que Jésus semblait pouvoir déféquer en proportion du nombre de gens à nourrir. C'est lorsque tout le monde eut mangé à sa faim que l'ancien curé leur fit penser à cela ; ce jeune garçon avait déféqué suffisamment de grains pour nourrir le village en entier ! Il devait faire disparaître la faim, la souffrance... « Les gens arrêtèrent d'être pliés en deux sous la douleur que cause la faim, il se portaient bien... les sceptiques disparurent. Le consensus devint unanime : il y avait miracle de notre seigneur. Tout respect est revenu, plus grand qu'il ne l'était avant à mon père mange-caca pour sa bonté, son courage, sa foi. Le « riz » était devenu nourriture miracle, garantissant le bien-être et la vie du village, de la commune. « Riz di culo » on s'est mit à dire ; miraculeur, rizdicule. Le riz, c'était meilleur que le pain, c'était plus important, plus réel, la réalisation. À la place de mange l'hostie, tout le monde recevait une cuillerée de riz fraîchement déféqué par le petit Jésus. Avec sa nouvelle signification, nous en lancions sur les mariés pour leur porter chance, bonheur, pour qu'ils n'aient jamais faim. « Mais vous savez, Jésus n'est pas notre dieu immortel. S'il n'avait pas été tué une première fois, il aurait été mort de vieillesse ; tout le monde rejoint le royaume de Dieu, même lui. Et Jésus, qui était descendu parmi nous, ici même, il est devenu vieux, et il s'est éteint, au bel âge de quatre-vingt quinze ans, ce qui était bien vieux pour cette époque. Et à cet âge, il continuait de nourrir les gens. Certains enfants venaient chez lui avec leurs bols pour qu'il s'accroupisse, et leur remplisse, pour leur déjeuner. « N'ayant plus Jésus pour nous donner notre riz, on installa le nécessaire dans l'église. Les visiteurs ne comprenaient pas, et... comment dire... tout comme l'on s'était moqué de mon père mange-caca avant que l'on n'aie pas le choix que de le croire, l'on s'est moqué de nous. Hé oui ! C'est ce qui s'est passé ! Personne ne nous croît, comme vous ne me croyez peut-être pas. Et même si vous me croyiez, vous n'écrirez probablement jamais cette histoire ! Alors que nous disons « Riz di cul' ! C'est merveilleux », les voyageurs comprenaient le fait de chier du riz bien différemment, ça a donné « ridicule », dans le sens qu'on l'entend maintenant. » Rodrigue, quelques peu déconcerté, remercia le curé, et lui serra la main. Il ne savait que trop penser, mais après avoir reformulé certains témoignages, il pu ajouter dans les dictionnaires étymologiques de la langue française « Ridicule, aussi rizdicule, anciennement rizdiculo : mot d'origine provençale formé d'après une admiration devant les premiers imports de riz ». L'étymologie du ridicule by Thibault Jacquot-Paratte is licensed under CC BY-NC-ND 4.0. To view a copy of this license, visit
"Compromis en amour : L’homme de ma vie" de laurene B. Rashita est une femme rêveuse, rêveuse d’une vie magnifique dans laquelle elle incarnerait le rôle principal. Le rôle d’une femme secourue par un bel étalon, mais voilà la réalité est que tous les hommes ne sont pas des gentlemen et encore faudrait-il qu’elle ait un amoureux. Notre belle Rashita est célibataire, elle vit une vie calme, elle attend que son prince charmant vienne la sortir de cet ennui qui la range. Elle désire une vie d’épouse des plus passionnantes. En fait elle en a fait des mariages. Eh oui ! Organisatrice de cérémonies, elle en a porté des robes de demoiselles d’honneur. Et aussi celles d’accompagnatrice de la mariée. En gros elle était parée pour le jour-j, son jour à elle. Comme chaque jour à son réveil elle se faisait une bonne tasse de café, allumait la télévision histoire de s’informer, préparait son bain puis allait se doucher. Elle aimait faire de longues heures de bain, heureusement qu’elle était PDG de sa propre boite d’organisation de cérémonies. Après son bain elle prenait le soin de bien s’essuyer avant de se vêtir, elle faisait également attention à sa ligne. Mince ! j’ai légèrement pris du poids, j’ai dû abuser de la pizza. Pffffff ! que vais-je faire ? Elle s’habillait, puis s’en allait pour la boite. Dès que l’un des travailleurs apercevait sa voiture, il le signalait et ça chuchotait dans les couloirs. Madame est là. Madame est là, arrêtez de chuchoter et mettez-vous au travail. Et lorsqu’elle franchissait le seuil de la porte tout le monde criait. Certains la saluait en se penchant un peu et disaient Tandis que les autres restaient parfaitement droite et penchait légèrement la tête. Soyez la bienvenue, madame Rashita. Elle ne répondait pas se faisait juste signe de la tête et même là ça dépendait se son humeur. Puis elle entrait dans son bureau et se mettait à travailler. Mais ce jour-là elle ne fit que s’asseoir puis décida de sortir. Aucune envie de travailler, elle appela donc ses copines Anna et Jasmine ses deux meilleures amies et amies d’enfance, pour aller faire du shopping. Rashita se défoula un peu et oublia sa vie solitaire. Ensemble elles montèrent dans sa Lamborghini rouge foncé et voilà. Nous sommes arrivées les filles, nous pouvons descendre. Mais à peine furent-elles arrivées que Rashita ressentie une chair de poule. Ça fait un moment que je me sens suivie; LOL ! mais oh ! détends-toi Rashi, t’es une bombe ! Normal que les mecs te suivent. Jasmine était la plus décoincée de la bande, elle avait toujours un truc sympa à dire pour mettre de l’ambiance. Elles firent leur shopping, dévalisèrent les magasins et finirent par s’en aller dans un restaurant super chic. Elles étaient assises dans un coin super sympa, leur coin fétiche, elles étaient très connues et appréciées du propriétaire. Eh oui ! Ça fait partie des avantages lorsqu’on sort avec le proprio, il était friqué et fou amoureux de sa belle Jasmine. La seule de la bande à ne pas avoir de mec était Rashi, bien sûre qu’elle avait des prétendants mais elle se voyait mariée à un mec super riche voire ultra riche, américain avec un niveau doctorat voire plus. Elle était exigeante. Jasmine et Anna se racontaient leurs histoires d’amoureux qui ne semblaient pas intéressées notre belle au bois dormant, car elle somnolait. Non, mais Marc est génial (Marc est le copain à Anna) il m’a emmené hier à une virée en bateau, c’était beau et je vous jure qu’on a passé une soirée plutôt agréable Eh Rashi réagis pas comme ça, c’est pas notre faute si tu n’as pas de mec. Tu veux dire quoi par-là Jasmine ? T’es trop imposante, les mecs ont peur de toi. N’importe quoi ! On se tire, je suis fatiguée. Dès qu’elle se fâchait elle imposait aux autres de quitter le lieu où ils sont. En partant Rashita se rendit compte qu’avait oublié ses clés de voiture, elle alla les chercher puis lorsqu’elle rejoint ses deux amies, elle se retrouva nez à nez avec un homme qui se mit à genoux devant elle tenant une fleur rouge. Il était plutôt pas mal, un visage rayonnant, des yeux marron clairs et un sourire fabuleux. Il n’avait pas d’accent peut-être bien était-il africain du Congo Brazzaville. On ne sentait rien qu’en le voyant qu’il était de la classe moyenne. Il souriait comme un petit enfant, le genre de sourire innocent. Madame cela fait un moment déjà que je vous remarque et je dois avouer que je ressens pour vous une attirance particulière, lorsque je vous vois je me sens envahis de bonheur, votre sourire a rendu plusieurs de mes journées très agréables. Dans l’enfer de mon quotidien je vous ai vu, vous, la lumière qui éclaire mes jours sombres. Rashita s’il vous plait je ne suis sans doute pas le plus parfait des hommes, mais si vous permettez, non si tu permets que je te serve tu verras que derrière mon apparence banale se cache un homme ordinaire qui depuis ta rencontre est devenu moins ordinaire qu’avant , voudrais-tu s’il te plait me faire l’honneur de ta compagnie dans ma vie si tristounette ? Tous ceux qui étaient là à cet instant étaient stupéfaits, certains s’arrêtèrent pour avoir le fin mot de l’histoire. Je n’y crois pas, il a osé Ses copines étaient toutes excitées, elle les regarda et vit que Jasmine lui faisait un de ses regards. Eh ban ! tu viens Anna, le pauvre il va se prendre un de ces râteaux on y va ou pas ? Rashita se sentit frustrée, Jasmine avait vraiment le don de l’énerver, elle la regardait avec son air qui disait (aller, te gêne pas et remballe le, de toutes les façon j’ai toujours raison te concernant), elle aurait normalement dû le remballer mais le comportement de Jasmine l’en rageait à un point et puis cette déclaration n’était pas si mal. Je veux bien passer du temps avec toi. On peut y aller tout de suite, tu m’emmènes ? Le garçon était déboussolé on aurait dit qu’il rêvait. Il se mit debout ne vit pas le poteau qui se trouvait en face de lui et s’y cogna la tête. Puis, il se ressaisit lorsque Rashita se pointa devant une des voitures présentes, il y avait une Prado, une RAV4 … Mais cette dernière se dirigea vers une RAV4, voyant son allure elle se dit qu’elle devait-être être à cet homme. L’homme s’avança et lui ouvrit la portière, elle entra et remarqua l’odeur délicate qui en ressortait. Ils arrivèrent chez lui. C’était assez sympa, l’intérieur était propre et bien rangé, il y avait pleins de cadres photos accrochés au mur. La maison avait un salon, deux chambres, une salle de bain et une cuisine. Il la fit s’asseoir sur le canapé, lui apporta du jus avec quelques gâteaux et se retira un moment. Elle était au salon, elle regardait des albums photos et tomba sur son téléphone qu’elle se permit d’allumer sans aucune gêne. Après tout ce mec était pratiquement un inconnu, elle lisait un beau message d’amour et fit interrompu par le jeune homme. Tu peux venir s’il te plait. En se levant elle vit que la table était mise et qu’il y avait pleins de bons délicieux plats. Elle se mit à table il comprit qu’elle se méfiait, il goûta tous les plats devant elle et se leva pour la servir. Tu prends vraiment au sérieux cette relation toi. Tu ne me plais pas, t’es pas mon genre mais mes amies me trouvent trop dure. Je vais leur montrer que ce n’est pas vrai. Du coup tu vas jouer le coup et leur faire croire que nous sommes en couple jusqu’au jour où j’en aurai décidé autrement. Okay pas de soucis; mais par contre j’aimerais que tu dînes le plus souvent avec moi. C’est compris. Mais juste si j’ai le temps. Ils mangeaient et elle donnait l’impression de vraiment apprécier le plat, elle en redemanda encore. Ils discutèrent un peu, en réalité c’était le qui parlait le plus, une sorte de monologue .Il lui dit que sa grande passion était la cuisine et qu’il passait son clair de temps dans un des restaurants de la ville. Elle apprécia énormément ce moment. Par la suite l’homme la déposa chez elle, elle déposa son sac sur lit, se débarbouilla ; trop épuisée pour prendre une douche, elle se mit au lit, ouvrit son sac , c’est alors qu’elle remarqua un petit bout de papier. Quitte à faire semblant, allons y jusqu’au bout, voici mon numéro… Alex du restaurant. Elle se dit que la vie se moquait vraiment d’elle, lui envoyer un cuisinier, n’avait-elle donc plus de charme ? Malgré tout la journée était magnifique. Une telle déclaration qui n’en rêverait pas. Je pense que ce jour-là elle fit un rêve merveilleux. Et du jour au lendemain sa vie bascula. Elle aimait trainer avec Alex, il était un peu comme l’ami qu’elle n’avait pas eu la chance d’avoir. Un homme comme ami ça la changeait, elle pouvait enfin éviter ses copines et les regards des autres. Dis Rashita, ça te dit qu’on aille chez moi, je te ferai à manger et on pourra un peu discuter. T’es gentil mais j’aimerais qu’on se fasse un bon resto, j’ai trouvé ! Et nous allons prendrema voiture. Ils entrèrent dans sa belle décapotable et direction le restaurant *L'étoile de la nuit* Il y avait là une ambiance océanique, un très grand aquarium avec divers poissons et même s'il voulait le cacher, on sentait bien qu'Alex était joyeux. L’océan semblait lui rappeler de beaux souvenirs. Ils prirent une table. Monsieur, Madame que prendriez-vous? Pendant qu'elle réfléchissait pour enfin se décider, Alex commanda : Un poisson cuit à l'étouffé avec du manioc et du vin rouge pour moi et pour Madame (elle leva la tête et le regarda silencieusement) des crevettes de mer façon sauvage accompagnées de bananes cuites et d'une bouteille de jus nature. Excellent choix Monsieur. Le serveur s'en était allé et Rashi prit la parole. C'est bluffant c'est un peu comme si tu lisais en moi. C’est lorsque t'as vu cette fille dans la rue mangé des crevettes que t'as voulu d'un bon resto, j'ai facilement fait le lien. Le repas était enfin servi. Bon appétit ! Ils dévorèrent leurs assiettes sans parler, elle avait vraiment faim et Alex la regardait avec un léger sourire. Pourquoi tu me regardes? Il se leva légèrement, prit sa serviette la dirigea vers son joli visage et essuya la sauce qui dépassait de ses lèvres. Non, tu n'avais pas grand-chose, juste un peu de sauce. C'était magique. Elle le regarda et parût un peu timide. On devrait peut-être rentrer ? Oui, je conduis. Dit Alex C'est elle qui avait conduit au départ. Il la prit par la main de sorte à l'aider à se lever, et elle voyait de dos cet homme ordinaire qui semblait la rendre spéciale. Elle était bouleversée, elle se sentait comme une petite fille devant son amoureux, mais ce n'était pas son cas. Elle n’était pas du tout amoureuse d'Alex, elle l'aimait bien mais pas amoureuse. Bien de jour après elle passait ses journées à l'éviter mais voilà, elle s'ennuyait et elle n'avait rien à faire, son téléphone sonna. Elle hésita à le prendre mais l'ennui était tel qu'elle se sentait mourir à petit feu. Salut Alex! T'es sûr ? Okay ça tombe bien je m'ennuyais. Elle se leva, frédonnant une de ses chansons préférées, c'était magique. Elle se fit belle. Puis un moment se demanda pourquoi est-ce qu'elle se faisait aussi belle ce n'est qu'Alex, mais elle se répondit que l'amour, le vrai pouvait frapper à n'importe quel moment. Une Rashita se doit d'être belle à en toute occasion. Elle sortit, ferma sa maison et voilà Alex l'attendait. Il lui prit les clés des mains Laisse-moi faire. Il ferma la maison, puis le portail. Ouvrit la portière la fit entrer, entra lui-même puis referma la portière et lui remit ses clés de maison. Elle était habituée à cette nouvelle façon de faire, elle avait un homme qui faisait tout ce qu'elle trouvait déprimant à faire toute seule. Ils se rendirent à la plage. Rashita n'était pas le genre à se baigner mais plus à se faire désirer, elle avait accepté d'aller à la plage juste pour frimer et peut-être bronzer. Alex quant à lui se baignait. T'es sûr que tu ne veux pas venir nager. Surtout pas merci. Elle se relaxait puis ressentit soudainement une fraîcheur au niveau de son ventsre et de son visage, un corps étranger. C'était de la boue et Alex se mettait à rire. Excuse-moi Chérie, je ne t'ai pas vu. Très drôle. Elle se leva se dirigea vers la mer prit de la terre humide et en fit des boules, elle chercha à les lui lancer mais Alex les esquiva toutes. Il la fit courir longtemps sur la rive et les deux amis riaient de vive voix, Alex lui rajouta de la boue et elle finit par se baigner. Ils avaient passé un moment fort heureux. Ils étaient fatigués, portant il la raccompagna chez elle, non pas devant le portail mais dans sa maison et s'en alla après ça. Rashita lui fit une bise sur la joie._ Prends soin de toi. À peine se mit-elle sur le fauteuil qu'elle recevait un message. “Eh oh! Mais où t'es passée, ça fait un moment que je ne te vois pas. J'espère que t'as pas oublié mais demain ta une soirée super importante”. Elle avait oublié, mais elle décida de ne pas y penser pour l'instant et de se détendre. Les jours tristes et solitaires qu'elle passait étaient bien loin derrière elle. Ce jour-là elle se disait que la vie n'était pas si cruelle, Alex était un peu comme son médicament contre ces moments de tristesse. Il était toujours disponible pour elle, ça lui faisait plaisir. Le lendemain en voulant regarder son téléphone elle remarqua 10 messages non lus et 10 appels manqués. Il avait pour habitude de l'écrire de bonne heure ou de l'appeler pour avoir de ses nouvelles. Et en regardant l'heure il était 13heures._ Ma tête ! C'est quoi ça! Je suis hyper fatiguée. Elle se leva et se dirigea vers la porte de la maison et remarqua un bouquet de fleurs avec un mot “mange bien et sois prête pour ta soirée, tu seras la plus jolie”. Alex Elle eut un sourire, et mangea avec joie et tendresse. C'est beau un mec qui pense tout le temps à toi se disait-elle. Et elle espérait que son prince charmant soit plus que ça. La nuit venue elle se prépara, elle se fit belle, elle devait y aller seule, c'était une soirée d'affaire. Mais elle se sentit triste, depuis qu'elle l'avait connu ils étaient devenus inséparables. Et comme elle se sentait déprimée elle voulait rester. Mais Alex lui fit signe de s'apprêter qu'il irait la déposer puis la récupérer. Elle fit comme il le dit. Il la complimenta et elle répondit légèrement : «une belle femme comme moi n'a pas besoin qu'on lui dise qu'elle est magnifique, elle le sait.» il aimait ce côté-là d'elle, une femme sûre d'elle et qui a confiance en ce qu'elle est. Il la déposa lui fit une bise sur la main et s'en alla. C'est Madame Rashita, PDG de la boite qui a organisé la soirée. Elle était assise dans un coin peu éclairé avec une ambiance magnifique. C'est vous Madame Rashita, ça faisait belle lurette que je n'avais pas vue de femme aussi belle que vous. Elle se redressa et là son cœur failli sortir de sa poitrine. Et se dit cet homme pourrait commettre le crime parfait rien qu'en regardant sa cible et personne de s'en douterait. Rashita ne répondit pas et l'homme s'excusa, il se dit qu'il l'avait sûrement Fait peur. Mais la vérité était que Rashita ne savait quoi dire, pour une fois elle se sentait faible. Cet homme était d'une telle élégance, il était beau et surtout il dégageait chez lui un doux parfum de leadership. Un charisme sans précédent, le genre d'hommes que l'on ne s'imaginerait jamais voir apparaître devant nous mais juste dans une série ou que dis-je dans un film. Elle lui fit tout de même signe de s'asseoir. Il était très bien vêtu, il posa son verre et remarqua que celui de Rashi était presque vide, il lui recommanda un peu de ce qu'elle buvait. Et voilà ! Elle en but. L'homme n'était pas très loquace mais il avait une très belle rhétorique, et il savait parler aux dames. Tout est dans la gestuelle, il était un très beau parleur. Elle fit tout de suite sous le charme, ils s'échangèrent de numéros. Puis, au moment où il voulut lui inviter à danser ailleurs, son téléphone sonna, son chauffeur était là. En tout cas c'est comme ça qu'elle le présenta à Franck. J'aurais bien voulu continuer cette soirée ailleurs mais mon chauffeur est là, je dois rentrer. Une prochaine fois peut-être. L'homme voulut l'accompagner mais elle refusa. Elle monta dans la voiture, leur retour fut silencieux, elle ne parlait pas et lui ne voulait pas paraître désagréable. Il voulut comme d'habitude l'ouvrir sa maison mais elle refusa, elle était tellement heureuse qu'elle voulait être seule. Une fois arrivée l'homme lui écrivit, et là ils s'échangèrent plus de 500 messages en une seule nuit. Et plusieurs jours passèrent ainsi. C'était magique, elle voulait le raconter à quelqu'un et c'est ta lui qu'elle pensa, avec tous les amis qu'elle avait, elle pensa à Alex. Comment pouvait-elle le lui raconter ? Il l'aimait et elle. Seulement elle ne pensait qu'à son amoureux Franck. Mais Alex lui manquait ça faisait un moment qu'ils n'avaient pas eu à dîner, un resto ensemble et alors qu'elle voulait l'invitait c'est l'invitation de Franck qui lui tomba dessus. “Ce soir à 20h au restaurant LA CROiSADE, j'y serai et si ça te dit viens me rejoindre, nous passerons une agréable soirée.” Elle en oublia Alex et s'apprêta pour sa soirée à venir. Tout était parfait dîner, puis soirée dansante. Elle était déchaînée, c’était une si belle journée. Elle était joyeuse et très heureuse. Elle dormit toute la matinée du lendemain et vers 13h elle reçut un appel d'Alex. Salut Alex! D'accord. Il s'excusa de n'avoir pas pu être avec elle ces derniers, il avait eu des imprévus familiaux, et il espérait se racheter. Une fois chez lui, elle remarqua le sanctieux décor, il avait mis les petits Plats dans les grands. Il voulait se faire pardonner et passer un bon moment avec elle. Elle était heureuse de le revoir. Même si avec Franck c'était Intense elle s'était habitée à ses délicates attentions. Elle lui avait apporté de petits cadeaux assez coûteux mais elle appréciait vraiment sa compagnie et il était lui aussi très heureux. Ils mangèrent tout en bavardant. Elle devenait plus loquace qu'avant, elle lui parlait de son boulot, sa famille, de ses contentieux avec ses amies. ça ne te dérange pas que je te parler de tout ça ! Non pas du tout, en plus ça me rend heureux de te voir si heureuse. Ils continuèrent leur repas et elle continua son récit. Elle y passa le reste de la journée, puis rentra chez elle mais en rentra elle s'arrêta dans un petit restaurant et y retrouva Franck qu'elle convia à une soirée familiale. Le jour-j, donc celle de la soirée elle se mit sur son 31 en tout cas elle était forte belle et tout le monde la regardait avec à ses bras le grand et célèbre Franck Johnson un entrepreneur de génie, le multimillionnaire de sa génération qui est-ce qui ne l'envierai pas. Et pendant la fête elle remarqua un détail, il y avait là un homme qui ressemblait à Alex et qui était fraîchement vêtu, il était très différent plus élégant et plus beau mais c'était bien lui. C'était Alex. Il était là avec quelques amis, des amis particulier et c'était avancé vers eux il les salua. Madame, Monsieur, j'espère que cette fête vous plaît, et que le repas vous satisfera. C'est à ce moment qu'elle se souvient des paroles de sa mère, le service traiteur sollicité était le meilleur de la ville. Elle regarda Alex mais il était très bien vêtu, il avait une montre en or avec des diamants et autres, mais peut-être de la pacotille, elle n'en était pas sûre. Désolée je dois m'en aller. Elle le rattrapa. Je suis contente de te voir Si contente que tu en as invité un autre? Je ne vais pas te le reprocher. Je suis désolée, je m'en veux vraiment. Tu ne m'aimes pas, ce n'est pas grave mais sache que moi je t'ai aimé et que je t'aime encore. Je te souhaite d'être heureuse et toujours aussi pleine de vie. Rashita t'es une femme merveilleuse. Mais tu aurais pu m’éviter de mes faire de faux espoirs, j’ai cru qu’on se rapprochait Il se retourna et elle ne comprit pas pourquoi mais une solution saline coulait de ses yeux et bizarrement elle se fichait d'abîmer son maquillage. Elle sentait juste que quelque chose s'était brisée en elle. C'était un adieu, elle en était sûre. La soirée se termina avec un petit goût d'amertume. Ces journées étaient redevenues aussi fastidieuses, elle s'ennuyait. Au départ c'était beau avec Franck mais Alex était celui qui vraiment la comprenait il comprenait son langage facial. Elle n'avait pas besoin de parler, il voyait dans son regard ; je pense qu’à ce moment elle comprit que l’amour ce n’était pas que le coup de foudre. Elle finit par rompre avec Franck qu'elle croyait être l'homme de vie et se rendit compte qu'elle avait peut-être perdu celui qu'elle aimait vraiment. Chaque jour était une torture et lorsqu'elle crut que tout était finit elle entendit derrière elle une voix qu'elle crut reconnaître. Bonjour Madame, je m'appelle Alex WINSTON, propriétaire des restaurants LA CROiSADE du monde entier et héritier de la fortune du célèbre Chef cuisinier WINSTON. Docteur en économie de gestion. Je parcours le monde à la recherche de nouvelles opportunités d'affaires mais ces derniers temps j'ai repérée une plus belle fortune que toutes les autres et je me suis dit que je serai un Idiot si je ne tentais pas ma chance et la laissait filer Elle se retourna et c'était bien lui, cet Alex qu'elle connaissait qui la regardait. Il était accroupi avec une bague en main et une fleur rouge et toute en larmes elle répondit : Je m'appelle Rashita CLAIRSON, propriétaire de la boîte *CLAIRSON Cérémonie*, et je suis très heureuse de vous rencontrer. Enchanté Rashi et il lui mit la bague au doigt. Il s'approcha d'elle et l'embrassa. N'est-ce pas beau l'amour ? Elle l’a rencontré dans un endroit improbable à un moment étrange de sa vie et finalement même s'il ne convenait pas à ses désirs elle a fini par en tomber amoureuse. L’amour n’est pas toujours une question de coup de foudre mais avec du temps en finit par aimer l’autre.
"Il vient un jour pour chacun de nous où les jeux sont faits" de Eloïse P. Le visage baigné de larmes, la jeune femme avançait péniblement parmi les monticules de cadavres qui s'empilaient dans les rues désertées de la cité. Des femmes, des enfants, des vieillards. Quelques jeunes gens aussi, ceux que la guerre n'avait pas encore réussi à arracher au sein de leur mère. Les flammes avaient perdu de leur vigueur et ne cherchaient plus à atteindre le ciel bleu électrique. Les bâtiments avaient brûlé la nuit entière, donnant à cette ville, dorénavant fantôme, les allures d'une torche géante. Le grand brasier de la vengeance et de la colère. Dès que son rythme de progression n'était plus au goût de son ravisseur, on la poussait sans ménagement cependant que l'on maîtrisait sa force pour éviter toute chute au sol. Et ces liens qui entouraient ses poignets endoloris. On les avait fortement serrés, à dessein, autant pour prévenir une éventuelle fuite que pour la châtier. La corde rêche comprimait sa chair avec une telle force qu'elle finit par se couper par endroits, laissant le sang se répandre sur le chanvre pour le rougir. La brise matinale s'engouffra par la double porte sud. Chaque matin, Hélène avait pris l'habitude de se lever aux aurores pour contempler le magnifique lever de soleil que l'horizon lui offrait. La mer, à seulement quelques kilomètres d'ici, les gratifiait quotidiennement de cet alizé bienfaiteur, dont il fallait absolument profiter avant que la chaleur accablante n'écrase toute la province jusqu'au crépuscule. C'était la dernière fois que les bourrasques frappaient son visage et gonflaient les pans de sa longue robe déchirée, elle le savait. Tout cela n'existerait plus que dans sa mémoire qui s'étiolerait jour après jour dès qu'elle serait loin d'ici. Dix années de siège et de guerre. Plus de trois mille six cents jours. La terre sur laquelle la captive marchait n'était en réalité qu'une immense fosse commune. La plage portait encore les stigmates des dernières batailles menées par les deux armées ennemies. Dans un endroit un peu reculé, les vainqueurs avaient dressé des piques au bout desquelles étaient plantées les têtes décapitées des Orientaux. Hélène en reconnut quelques-unes. Mais cette fois-ci, aucun sanglot ne s'échappa de sa gorge nouée. Plus rien ne pouvait sortir de son corps. Ni pleurs, ni rage. Au loin, sur le rivage, les bateaux grecs attendaient le signal du départ. Le camp entier avait été démonté, les brasiers arrosés d'eau pour les étouffer. On n'avait pas oublié de rendre hommage aux dieux et de leur demander leur aide pour le voyage du retour. Celui chargé d'amener la jeune femme jusqu'ici la força à s'installer à même le sable. Ne pouvant rien faire d'autre qu'observer, elle scruta ce qui défila sous les yeux. Les soldats s'agitaient pour hisser les derniers objets sur le pont des navires. Leurs dos s'étaient courbés au fil des ans. Ils avaient perdu de la superbe qui les enveloppait lorsqu'ils avaient foulé ce sable pour la toute première fois. Jeunes et vigoureux, ils avaient cru dur comme fer que ce conflit serait leur sésame vers la gloire éternelle. Après des années éloignés de leurs foyers, chacun ne rêvait plus que d'une seule chose : quitter cet endroit maudit et retrouver ceux qu'ils chérissent, ceux que la mort n'avait pas encore rappelés à elle. Son mari fit son apparition, à une bonne centaine de mètres d'elle. Depuis son arrivée ici, la jeune femme l'avait revu seulement deux ou trois fois. Il n'avait pas vraiment changé. Seuls les traits de son visage s'étaient davantage creusés et durcis. La haine rongeait sa face et ses petits yeux rentrés ne dégageaient que mépris et aigreur. Son regard se tourna vers elle, un bref instant. La jeune femme se redressa, espérant un signe, n'importe lequel. Mais il ne fit rien. Même la toiser aurait signifié qu'elle avait encore un peu d'importance. Hélène avait pleinement conscience qu'elle avait tout perdu. Son mari, sa fille et son amour. Comme il était loin le temps où elle était arrivée sur ce continent... ****** Dix ans auparavant – Troie, Troie, toujours Troie ! Les paroles de Ménélas raisonnèrent avec une telle puissance que des oiseaux quittèrent les hauteurs du palais de Sparte, effrayés par les hurlements du roi. Interpellée par ces échos, son épouse accourut vers lui. – Pourquoi te mets-tu dans ces états ? A peine eut-elle achevé sa question que le roi lui tendit un long parchemin qu'elle lut entre les lignes, après avoir immédiatement consulté le nom de l'expéditeur de la missive. Durant sa consultation, Ménélas ne cessa de marcher de long en large, le regard fixé sur Hélène. – Il est obsédé par Priam et sa route commerciale. Il croit pouvoir lever une armée grecque pour marcher sur Troie et reprendre le contrôle du nord de la Mer Egée, cracha Ménélas en agitant ses bras dans tous les sens. – Tu connais ton frère...dit seulement Hélène, sans avoir besoin d'apporter davantage d'explications à Ménélas qui connaissait par cœur les velléités d'Agamemnon. Ce dernier alla s'installer sur son trône. La reine le suivit de peu et, tout près de lui, caressa ses cheveux courts et bruns. – Si Agamemnon déclare la guerre à Priam, tu devras le suivre. – Evidemment...commença Ménélas en détachant son regard du sol noir et pierreux. Mais ce ne sera pas suffisant pour convaincre les autres rois. Ils ne voudront jamais le suivre sur ce simple motif. – Sans oublier que s'il sortait vainqueur de ce bras de fer, Agamemnon renforçerait son assise sur le sol grec, au détriment des autres, ajouta Hélène, qui se mit à réfléchir à haute voix. – Ulysse cultive sa terre à Ithaque et préfère passer ses soirées aux côtés de Pénélope. Quant à Achille, jamais il ne prendra les armes pour une vulgaire querelle de marchands. Sans oublier la détestation qu'il voue à mon frère... Ménélas dissimula sa tête entre ses mains, en proie à un dilemme infernal. Hélène le connaissait bien. S'il acceptait la requête de son frère, ils n'iraient pas bien loin. La ville de Troie était réputée imprenable, sans parler de leur armée et de leurs chevaux qui faisaient leur renommée depuis toujours. Si, au contraire, il la déclinait, Agamemnon n'hésiterait pas une seule seconde à renier ce cadet, enfant préféré de leur père, qui avait annihilé toute considération paternelle à son égard. Depuis, il n'avait cessé de provoquer le destin et saisi toutes les opportunités de prouver à leur défunt père qu'il était digne de sa lignée. Le couple royal tenta en silence de trouver une solution qui conviendrait aux deux parties. C'est Hélène qui, la première, proposa quelque chose : – Le serment de mon père. Il faut l'utiliser. C'est le seul moyen de convoquer tous les rois grecs. – Sans les Myrmidons à nos côtés, il sera bien difficile de vaincre Hector. – Achille attend la bataille de sa vie. Si la Grèce entière se rend sur le sol troyen, il s'y rendra dans l'heure. Ménélas sembla soudainement dubitatif. – Supposons que tous ceux qui ont prêté serment face à ton père se rallient à cette cause...Cela signifie donc que tu dois entrer dans l'équation ? Hélène s'installa tout prêt de son mari. Dès qu'elle avait lu les mots de son beau-frère, une folle idée avait prit forme dans son esprit. Il était indubitable que Troie captait une bonne partie des ressources provenant de l'Est. Elle profitait des réseaux mis en place depuis des décennies par leurs souverains et entretenait de solides relations avec les autres barbares. En détruisant la cité, le commerce s'en trouverait largement déstabilisé dans cette région de la mer Egée et de nouvelles alliances devraient être forgées. Or, si la Grèce voulait commercer avec l'Est, Ilion devait être anéantie. Les chefs Grecs seraient alors les seuls maîtres de la région. En tant que frère du chef désigné par les autres rois, Ménélas aurait une place de choix. – Je dois aller à Troie. C'est le seul moyen, annonça la jeune femme. Le roi se leva d'un bond. En proie à une intense réflexion, ses pieds lui firent faire d'étranges arabesques dans l'immense salle. Immobile et calme, la fille de Zeus espérait que sa proposition ferait mouche. – Comment comptes-tu t'y prendre ? demanda subitement Ménélas, dont le regard s'était éclairé. – Hector sera là dans quelques jours. Son père croit encore aux vertus de la diplomatie. Il espère conclure un marché entre son peuple et le nôtre. Hélène marqua une pause cependant que Ménélas l'engagea à poursuivre sa démonstration. – Je m'arrangerai pour partir avec lui. Je me plaindrai de toi, de ma vie ici et je le supplierai de m'emmener. Hector est un idéaliste, il m'écoutera. – Non, non...Hector est loyal et jamais il ne lui viendrait à l'esprit de trahir les efforts de son père. Il ne prendra pas le risque de briser la fragile alliance que Priam tente de nouer avec Sparte. – As-tu oublié mon pouvoir de persuasion ? interrogea Hélène, en souriant à son mari. – Crois-moi que non, et je crois qu'aucun Grec ne peut l'oublier...Mais Hector est Hector. C'est un fidèle, en amitié comme en amour. Il ne s'approchera d'aucune femme, il tient trop à Andromaque pour éveiller ne serait-ce que le soupçon de l'adultère. Le couple se trouvait dans une impasse. L'idée était bonne et viable, c'était un fait. Mais face à Hector, il était évident qu'elle n'aurait aucune chance. Il fallut se résigner à changer de stratégie. Pourtant, lorsque la délégation troyenne franchit les portes de Sparte quelques jours plus tard, le destin, ou les dieux, peut-être même les deux, offrirent à la reine la solution pour assouvir les désirs de son beau-frère et hisser son mari un peu plus près de l'Olympe. Car aux côtés du prince aîné se tenait un jeune homme inconnu de toute la maison royale. Les lettres de Priam n'avaient pas fait mention de ce second ambassadeur. Quant aux espions disséminés sur le trajet, ils ne l'avaient jamais évoqué dans leurs rapports. Mais au regard des ses vêtements et de sa monture, il semblait bel et bien faire partie de la famille royale. Et puis il chevauchait aux côtés de l'héritier du trône. Bien sûr, Hécube avait bien travaillé en fournissant à Troie des fils à ne plus savoir quoi en faire. Mais tous, Hector excepté, avaient rejoint les rangs de l'armée pour y être incorporés en tant que soldats. Et bien que la solidité de leur éducation ne faisait aucun doute, aucun n'avait jamais été désigné pour être émissaire. Le soir même, après que les hôtes se soient délassés et reposés de leur harassant voyage, les Spartiates les accueillirent en grande pompe dans la salle du trône, où des tables gorgées de mets plus raffinés les uns que les autres se disputaient les faveurs des invités. Hélène fit son entrée seule, pas loin d'une heure après la foule. Son plan était désormais clair, et l'intrus, qui s'appelait en réalité Pâris, lui offrait sur un plateau l'excuse qui mettrait en branle la Grèce entière. Le corps oint d'une huile parfumée et recouverte d'une robe légère et vaporeuse, tous se turent lorsqu'elle remonta l'allée centrale pour rejoindre son mari. Tous les regards étaient tournés vers elle, la jeune femme le sentait. Depuis le jour de sa naissance, on n'avait cessé de lui rappeler qu'elle était spéciale et sa beauté s'était déployée au fil des années. On joue avec les armes que les dieux veulent bien nous donner. Celui d'Hélène avait été précieusement caché dans un coffre pour éviter qu'il ne s'altère trop vite. Mais aujourd'hui, il était temps de le mettre à profit, autant pour sa patrie que pour elle. Car la reine comptait bien graver elle-même son nom sur la stèle de l'Histoire. Durant les jours qui suivirent, Hélène sentit bien que Pâris ne cessait de l'épier. Elle n'eut pas grand chose à faire. Le jeune homme n'était pas vilain, loin de là. Plutôt grand, une tignasse brune épaisse sur la tête et des yeux clairs, il correspondait en tous points au portrait idéalisé du mari qu'une princesse des environs dressait sans doute lorsque ses pensées vagabondaient. On ne lui avait pas demandé son avis pour Ménélas. Les chefs de guerre les plus éminents s'étaient précipités aux pieds de Tyndare pour lui réclamer sa main. Tous, sauf Ménélas qui avait délégué cette affaire à son frère. L'aimait-elle ? Elle n'en avait pas la moindre idée. D'ailleurs, Hélène ne s'était jamais posée la question. Son époux lui convenait, tout comme Sparte et son statut de reine. Mais elle en voulait plus. De nature aventureuse, elle avait sentit une soif naître dans tout son être. Ce besoin avait grandit jour après jour au point de ne plus pouvoir le contenir. Et ce pauvre prince lui offrait sa chance sur un plateau d'argent. Chaque soir, Hélène rejoignait Ménélas dans les appartements privés du roi pour mettre au point la tactique qu'ils appliqueraient le lendemain. Le frère d'Agamemnon ne s'occupa de rien d'autre que d'Hector et fit traîner les négociations en longueur pour gagner du temps. Il pinaillait sur chaque détail, chaque mesure, chaque délai, au point qu'Hector en vain à désespérer de conclure le moindre accord avec la cité du Péloponnèse. Quant à la fille de Zeus, elle se rendait auprès de Pâris dès qu'elle le pouvait. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui racontait toutes les misères que faisait subir Ménélas à son frère. La langue bien pendue, il ne se faisait jamais prier pour raconter des tas de choses sur Troie, Priam, les richesses de l'arrière-pays. Un puits sans fond d'informations. Durant ces interminables monologues qui lassaient très vite la jeune femme, celle-ci ne cessait de sourire béatement à Pâris qui se trouvait grandement encouragé dans ses récits. Le soir même, Hélène soumit une idée inédite à son époux. – Tu dois t'éloigner de Sparte, Ménélas. C'est la seule solution. – Que racontes-tu ?! Ménélas était un bon chef de guerre, quoique loin d'être brillant, mais il n'avait aucune imagination dès lors qu'il s'agissait de ruser. – Invente un prétexte, n'importe lequel, qui t'obligerait à quitter la cité pendant quelques jours, rien de plus. – Mais enfin, ce serait délibérément offrir ma femme à ce....ce.... Les mots restèrent coincés dans la gorge de Ménélas. – Réfléchis...Si tu n'es pas dans les parages, si ta garde personnelle est absente, j'aurais plus de facilité à me confier à Pâris... Après des années de mariage, la jeune femme s'étonnait encore que Ménélas ne puisse pas envisager ces manœuvres d'une simplicité pourtant affolante. – Comment est-il ? demanda Ménélas, en changeant de sujet. – Il manque cruellement d'éducation. Ses années passées auprès d'un chevrier n'ont pas aidé, c'est indéniable. – Il te plaît. Je l'ai vu. – Il est vrai qu'il est assez beau. Dire le contraire serait un pur mensonge. Mais ses ennuyeux bavardages et l'air niais qui ne le quitte que rarement achèvent de leur rendre attirant. Ménélas se mit à rire bruyamment et se rapprocha d'Hélène pour lui caresser délicatement la joue. – C'est d'accord. Je partirai. Je n'aurais qu'à dire que mon grand-père est mort. Et ensuite ? La jeune femme ne dit rien et se contenta de sourire à celui qui partageait sa vie depuis plus de dix ans. Quelques jours plus tard, Comme ils l'avaient tous deux planifié, Ménélas s'embarqua pour la Crète où son supposé défunt grand-père l'attendait pour ses funérailles. Comme Hélène l'avait prédit, Pâris ne cessa de la harceler pour passer du temps avec elle. Et c'est lors d'une balade dans les vergers des hauteurs de Sparte que la reine s'épancha sur sa triste vie entre les murs de cette sordide cité. - Je n'ai jamais été à ma place ici, avoua-t-elle de but en blanc en arrachant une olive d'un arbre certainement centenaire. J'avais quatorze ans quand j'ai découvert cette terre. Je n'ai même pas choisi Ménélas. Et malgré mes nombreux efforts, je n'ai pas réussi à faire naître l'amour entre nous. J'ai toujours eu la désagréable sensation d'être considérée comme l'éternelle étrangère. Celle qui ne pourrait pas se conformer aux coutumes si particulières de ces contrées. Et que dire d'Hermione...C'est son père tout craché. Entre deux phrases, la jeune femme observait le prince du coin de l'oeil. Les yeux presque exorbités et la bouche ouverte, il lui faisait davantage penser à un bœuf que l'on avance pour l'hécatombe qu'à un prince de sang. Les sourcils rapprochés, il semblait transporté par le discours larmoyant de la jeune femme. – Viens avec moi Hélène, proposa Pâris en prenant ses mains. Enfin. Enfin il lui tendait la perche tant espérée. Lui, prince de Troie, allait faire entrer en conflit sa cité alors qu'il avait été chargé de renforcer la paix. Avant de lui répondre, Hélène lui souria. – C'est impossible, tu le sais bien...mentit-elle, éhontement. – Si tu m'aimes comme je t'aime, alors tout est possible, assura Pâris. Le piège se refermait avec une cruauté dont Hélène se délecta au fond d'elle. Tout s'emboîtait parfaitement comme elle l'avait espéré. – Que diront Hector, Priam, Troie ? – Tu seras accueillie les bras ouverts. Tu deviendras...Hélène de Troie. L'angélisme du prince troyen toucha la jeune femme qui s'en étonna elle-même. Un bref instant, elle hésita à aller plus loin. Bien vite, sa raison se rappela à elle. Pâris n'était qu'un crétin, à mille lieux de penser que les conséquences de son amourette retomberaient sur une ville entière, son père lui-même et sur des centaines d'autres âmes. Deux jours plus tard, en plein milieu de la nuit, la jeune femme se glissa dans la chambre de sa fille. L'enfant dormait à poings fermés, plongée dans ses rêveries enfantines. Ses doigts effleurèrent les beaux et longs cheveux de la petite fille, aussi noirs que les siens. Cette légère caresse ne déclencha cependant rien dans son cœur. Elle n'avait jamais rien ressenti pour ce petit être qu'on avait posé sur sa poitrine seulement quelques secondes après l'avoir expulsé de son utérus. Son statut de mère n'avait été que passager, s'effaçant rapidement au profit de ses fonctions naturelles de femme et de reine. Quitter Hermione n'était pas douloureux, et ne devait en aucun cas être un obstacle à son entreprise. Et sa progéniture serait bien mieux sans elle. Il fallait dire qu'à dix ans, l'héritière de Sparte ne ressemblait en rien à sa génitrice. Dodue et ingrate, on lui avait très vite fait comprendre qu'elle n'arriverait pas à la cheville de sa mère. Sans elle, Hermione souffrirait moins et pourrait se construire sans l'ombre de la beauté d'Hélène. Les gardes du palais laissèrent la reine sortir sans que quiconque ne l'interroge. Tous avaient étaient prévenus la veille au soir qu'ils ne devaient en aucun cas la retenir. Dehors, la nuit noire lui offrit la meilleure couverture possible. Il ne lui fallut qu'une demi-heure pour rejoindre les bords du fleuve Eurotas, qui se jetait dans la Mer Egée. Là, elle se cacha un moment dans les taillis et attendit le signal de Pâris pour monter à bord. Il fallait à tout prix éviter de tomber nez à nez avec Hector ou tout membre de la délégation qui la reconnaîtrait dans l'instant et la ramènerait au palais. Enfin, le prince troyen vint la chercher et l'aida à grimper dans le navire plat avant de descendre dans la cale où elle se dissimula derrière des tonneaux d'eau douce. Une fois en mer, il ne saurait être question de rebrousser chemin. Hélène imaginait déjà faire son entrée à Troie. La nouvelle se répandrait vite dans les campagnes et on se hâterait pour prévenir Ménélas que sa femme avait été vue en Troade. Alors Ménélas crierait à la trahison et courrait à Mycènes pour supplier Agamemnon de l'accompagner jusqu'aux plages de Troie pour la récupérer. Et puisque c'était sa femme qu'on avait ravie, la Grèce entière se soulèverait pour laver cet affront et lui porter secours. ****** Plus jamais elle ne remettrait les pieds ici. Plus jamais elle ne pourrait arpenter les rues de la cité que le temps lui avait permis d'apprécier. Plus jamais elle ne s'éveillerait dans le palais chaleureux et familial qui l'avait accueillie les bras ouverts, une décennie en arrière. Très vite, Hélène s'était prise d'affection pour les gens, les paysages sauvages de Troie. Dès lors qu'elle avait mis les pieds sur cette terre étrangère, on l'avait considérée comme une fille d'Ilion. Hécube, peu rassasiée par sa cinquantaine de filles, s'était empressée de prendre la jeune femme sous son aile, rappelant ainsi à Hélène ses jeunes années auprès de sa propre mère. Et Pâris...Ce grand enfant aux boucles noires avait fini par gagner son cœur. Qui aurait cru que l'amour frapperait à sa porte ? Prise à son propre jeu, elle était tombée à pieds joints dans le guet-apens qu'elle avait elle-même échafaudé. La captive aurait voulu graver dans sa mémoire le sourire et la joie de vivre de celui qui fut son seul et unique amour. Mais à cet instant, défaite et prisonnière de Ménélas, ce n'est que son corps inerte et transpercé de part et d'autre qu'elle vit devant elle : Philoctète n'avait pas hésité une seule seconde à tirer ses flèches, refusant ainsi à Ménélas le plaisir de tuer de ses propres mains l'amant de son épouse. Maigre consolation. Le roi de Sparte déboula près de la jeune femme sans qu'elle ne s'en aperçoive. La mâchoire et les poings serrés, il fondit sur elle et, la saisissant violemment par le bras, la força à se mettre sur ses deux jambes, avant de congédier sèchement son gardien. Quand il se fut suffisamment éloigné, l'homme se pencha vers elle pour lui murmurer quelques mots : - Jamais je n'aurais dû te faire confiance, jamais. Agamemnon m'avait prévu, il m'avait dit que tôt ou tard, tu manquerais à ta parole. Infidèle et manipulatrice... A cause de toi, des centaines d'hommes sont tombés. De valeureux guerriers qui ne reviendront jamais auprès de leurs femmes. Tu m'as trahi, tu as trahi notre fille, la Grèce toute entière. Tu n'es plus rien. Tu reviendras avec moi à Sparte, comme un trophée. Tu subiras les conséquences de tes actes sans un mot. Puis il la poussa sèchement vers les navires. Hélène ne regarda pas en arrière. Sa vie s'achevait là, sur la grève et dans les décombres de Troie.
"L'amour sororal à l'épreuve de la guerre" de Ruth Donia M.A. Ce matin-là, Flavy me disait qu’elle avait mal au ventre. Il était tout juste 9 heures quand je la laissai dans son lit pour aller chez Monsieur Florent prendre des médicaments. Nos parents étaient déjà sortis avec d’autres ainés et quelques hommes de l’armé dans les plantations pour chercher des vivres. Je n’avais aucun moyen de les joindre. Après tout, je n’en sentais pas le besoin. C’était moi la grande sœur. Je pouvais parfaitement prendre soin de ma petite sœur en leur absence et malgré la guerre. En cette période, personne n’avait le droit de sortir sans être accompagnée par un policier ou par un gendarme. Des terroristes avaient envahi la ville. Ils étaient partout, cachés dans les plantations et dans certaines demeures. La plupart des journaux les accusaient d’enlèvements, de règlements de compte et de meurtres. D’ailleurs de nombreux enfants disparaissaient depuis des mois. Personne ne savait exactement ce qu’ils subissaient entre les mains des malfaiteurs. Toute la ville était en alerte et des patrouilles se faisaient à espace régulier. La population était devenue presque muette. Tout le monde avait peur de parler et de dire quelque chose qui pouvait faire de lui une cible. De temps en temps, des bruits d’hélicoptères et des coups de feu résonnaient dans la ville et opposaient les forces de l’ordre aux terroristes. Depuis des mois, c’était les seuls bruits qu’on entendait. Les mototaxis, les bus, les cris des écoliers et les musiques poussées à fond s’étaient immobilisés dans un silence de cimetière. Les écoles, les snacks, les bars et la plupart des boutiques avaient fermé les portes. Malgré cette situation, je ne pouvais pas laisser ma sœur se tordre de douleur. Elle n’avait pas dormi de la nuit. Rien de ce qui se trouvait à la maison ne pouvait à ma connaissance suspendre sa maladie. La seule solution était l’aide de Monsieur Florent. Il était médecin. Il aurait su quoi faire. J’avais rassuré Flavy que je serais rentrée dans moins de 10 minutes. Je lui avais demandée de ne surtout pas bouger du lit et de n’ouvrir la porte à personne. Avant de sortir, j’avais alors fermé l’entrée principale de l’extérieur. Elle avait le double des clés. Je m’étais dépêchée. Je n’avais pas trainé. À peine avais-je fait 5 minutes chez Monsieur Florent. Il n’y avait personne. Vraiment personne ! Même pas l’ombre d’un chien. Les voisins n’étaient au courant de rien. À peine 5 minutes chez lui je vous dis ! Mais à mon retour, je trouvai la porte grandement ouverte. Je ressentis un coup de poing dans la poitrine. Je fonçai tout droit dans la chambre de Flavy. Personne ! Il n’y avait personne ! Même pas l’ombre de Jolie, notre chatte. Je hurlai : « Flavy !! » de toute ma voix. J’avais des larmes aux yeux. Oui ! Je pleurai en criant de toutes mes forces le nom de ma petite sœur. Après des minutes de désespoir, je repris mon souffle. Je regardai autour de moi. Rien ne paraissait anormal. Il n’y avait pas de traces de lutte. Il semblait qu’elle s’était levée d’elle-même, avait chaussé ses sandales, avait pris son pullover et était sortie. Je la cherchai dans sa chambre, puis dans la cuisine, au toilette, dans la chambre des parents, dans la mienne et au salon. Il n’y avait personne d’autre que moi à la maison. Je me rappelai en regardant vers la porte principale que Flavy la laissait entrouverte quand elle sortait de manière précipitée. « Quelque chose ou quelqu’un a dû l’entrainer à l’extérieur » pensai-je. Dès lors mes accusations s’orientèrent vers les terroristes mais je refusai de m’y attarder. Il ne pouvait pas être possible que Flavy soit entre leur main. Pas ma seule sœur. Je regardai pendant une longue seconde cette porte. « Elle est peut-être chez l’un de nos voisins », m’étais-je dis en sortant à pas de course. J’avais complètement oublié qu’il était interdit de pousser des cris afin de ne pas attirer l’attention des terroristes. Chez les voisins il n’y avait que des enfants et des parents trop mal en point pour se rendre dans les champs. Je cognai à leur porte aussi fort que je pouvais. Mais une seule s’offrit. Derrière elle se trouvait Daniel, mon meilleur ami. Il avait bravé l’interdiction de son grand père pour me parler. Il m’expliqua que des coups s’étaient faits entendre il y’avait environ 10 minutes, suivis des cris d’un enfant. Dans la panique, il s’était empressé de fermer les ouvertures de leur maison. C’est alors qu’en baissant les rideaux d’une des fenêtres il avait cru voir une fillette traverser leur cours. Par mes lamentations, il comprit qu’il s’agissait de Flavy. Il aurait surement pris le risque de sortir pour m’aider à la retrouver s’il n’avait pas à sa charge son grand père. Le temps pressait, je ne pouvais pas me payer le luxe de réfléchir à restant au même endroit. Flavy était dehors, à la merci des terroristes. Je ne savais quelle direction prendre. Par ailleurs, je savais qu’en restant sur place, je ne parviendrais à rien. Je devais avancer, rapidement et avec vigilance. Alors, j’avançai. D’abord avec peur, ensuite avec angoisse et enfin avec panique. Mes ressentiments s’amplifièrent. Mes inquiétudes s’accroissaient. Toutes mes peurs se justifiaient et ma culpabilité s’imposait. À ce moment, je comprenais tout le sens du mot tourment. Je n’avais qu’une seule chose à faire, veiller sur ma petite sœur. Et, il était hors de question que j’échouasse. Je ne pouvais pas me le permettre. Flavy est si petite, si adorable. Elle n’est pas fragile, ni faible. Elle est peut-être plus forte que moi. Mais, elle est encore trop petite. C’est ma petite sœur, ma seule sœur, un vrai petit ange. Tous ceux et celles qui la connaissent ressentent l’obligation de la protéger. Comment peut-on d’ailleurs lui faire du mal ? À cet instant où il se dessinait dans ma tête une possibilité de la perdre, je réalisai sa place dans ma vie. Je réalisai que sans Flavy, je me retrouverais seule comme une âme en peine. Elle est ma compagne, ma meilleure amie. Flavy peut changer mon humeur en un seul geste. Elle a le chic pour rendre ses proches heureux. Elle est si mignonne, un simple sourire de sa part suffit à faire apparaitre de la joie sur n’importe quel visage. À ma connaissance, personne n’a jamais levé le ton contre elle. Alors, je ne pouvais pas me faire à l’idée que quelqu’un puisse lui vouloir du mal. Je marchai. J’avançai en regardant autour de moi. Je courrai souvent en appelant Flavy de tout mon souffle. Après quinze ou onze minutes, je crois, j’entendis un coup de feu au loin. Je me rendis de fait compte du silence de cimetière qui m’entourait. Je devais être plus discrète au risque de me faire tirer dessus. Si j’étais stoppé dans mon élan, je risquerais perdre ma « fleur de janvier ». C’est le petit nom de Flavy. Alors j’avançai d’un rythme varié, à tâtons, sans direction. Au bout d’un moment, je me rendis compte que j’étais perdue. Je ne sais pas comment, mais j’étais dans un lieu que je ne reconnaissais pas. Apparemment deux années de crises changent radicalement le visage d’une ville. Je n’étais pas sortie depuis des mois. Je ne reconnaissais plus ma ville. J’avais l’impression que des carrefours avaient disparu où s’étaient déplacés. Il me semblait que des routes goudronnées n’avaient jamais existé. Tous les repères que j’avais retenu pour me situer dans la ville avaient été supprimés. Je ne me retrouvais plus dans le seul espace qui m’ait vu naitre et grandir. Néanmoins, j’avançai en suivant une mouche au passage, en allant vers un objet quelconque, en me laissant diriger par un bruit quelconque comme le cri d’un animal, la chute d’une branche ou un coup de feu. Après une heure et quarante-trois minutes de marche, peut-être plus, peut-être moins, je vis passer à quelques mètres de moi une ombre d’enfant. Elle courait si rapidement que je n’eus pas le temps d’identifier un détail. Je crus instinctivement reconnaitre Flavy et je me mis à la suivre. J’avais toujours cette petite voix dans ma tête qui me disait de ne pas crier - même-ci je ne la suivais pas toujours-. Alors, je courus vers la direction qu’avait prise cette silhouette en chuchotant le nom de ma petite sœur. Je courus en regardant droit devant moi. Mais, je tombai en voulant descendre une pente. Je roulai surement jusqu’en bas. Je me levai et je continuai à courir. Après, je ne sais combien de temps, j’étais près d’une rivière. Je me sentis étourdi, je ne me souvenais plus des raisons qui m’avaient amenée jusqu’à cet endroit. Je m’assis pour réfléchir mais je me sentais trop fatiguée alors je m’assoupis sur la rive, les pieds dans l’eau. À mon éveil, le premier mot qui me vint à l’esprit fut « oubli ». Je me rappelai que j’étais tombée, que je m’étais cognée la tête et je craignis d’avoir perdu la mémoire. À cette pensée s’ajouta la mot « Flavy » autour duquel défila l’histoire du drame qui m’avait poussée à aller à sa recherche. Je me levai avec l’intention de suivre le cours de l’eau. Mais je remarquai des détails étranges sur les rives. Il y’avait des mégots de cigarettes, des douilles de balle, des bouteilles et des canettes de bière, des morceaux de vêtements. L’ambiance dans ce lieu était sinistre et soporifique. L’air était acre et pesante. Je remarquai une emprunte de chaussure puis d’autres. Lorsque je voulus les voir de près, trois rats énormes passèrent en toute vitesse. Je m’étais à peine remise de la frayeur qu’ils avaient causée en moi quand d’autres passèrent encore. Je voulus fuir du côté opposé, mais je ne sais pour quelle raison, je me mis à les suivre. Ils étaient si gros et horribles comme ceux avec lesquels les parents rentraient souvent des champs. En ces temps difficiles, nos habitudes alimentaires avaient changé. Le rat avait fait son apparition dans nos assiettes et nous l’avions accueilli comme un sauveur. Il constituait la principale source de protéines animales que nous ingérions désormais. Tous les éleveurs avaient arrêté leurs activités du fait des attaques des mécréants. Ces derniers volaient les animaux et tuaient souvent leur propriétaire. Ces rats semblaient se rendre tous dans un lieu bien défini. Je laissai la rivière pour aller avec eux dans les plantations. Plus j’avançais, plus ils étaient nombreux et plus je percevais une senteur très forte de pourriture. Elle était telle que je dus, à un moment, me couvrir le nez et la bouche de ma main. Mais j’imaginai qu’elle provenait d’une décharge ou d’un groupement de cadavre de rats. J’arrivai dans une plantation de maïs dont il ne restait que des tiges et de hautes herbes. Ça se voyait qu’elle avait été abandonnée. Pourtant, il y émanait une certaine chaleur comme si des personnes y venaient de temps en temps. L’espace de quelques minutes, j’oubliai Flavy. J’étais intriguée par la puanteur des lieux quand je traversai les sillons. Je n’étais pas assez près pour le voir clairement. Pourtant, il était évident qu’à environ 11 mètres de moi, il y avait un creux ou une fosse d’où provenant de petits et faibles gémissements de douleur. C’était probablement ceux d’un jeune enfant. J’avançai vers une scène que mes yeux juvéniles n’auraient jamais dû voir. Je restai tétanisée un instant. Je ne criai pas, tout l’horreur de ce que je voyais se traduisait sur mon visage. J’eu les poils hérissés, le sang dans le regard. L’armée avait déjà découvert de nombreuses fosses communes où se trouvaient des victimes des terroristes. Celle que le hasard venait de dévoiler semblait nouvelle. Certains corps paraissaient encore chauds. À la vue de ce spectacle ignoble, je voulu croire qu’il s’agissait d’une vision imaginaire tout droit sortie d’un film sur le génocide. Il y avait des cadavres en dizaine. Mais les gémissements qui arrivaient à mes oreilles me ramenaient à la réalité et je pensai à Flavy. Je l’appelai, en entrant dans la fosse. Je l’appelai en traversant les cadavres d’enfants, d’adolescents et d’adultes. Je l’appelai lorsque je vis dans un coin, un petit garçon qui me regardait avec méfiance et colère. Il se leva en fournissant beaucoup d’efforts. Ça se voyait qu’il était prêt à se battre pour survivre. J’essayai alors de le rassurer avec des mots. Je me présentai et je lui dis les raisons de ma présence. Il continua à me dévisager. Je m’approchai de lui et il se recula. Alors, je levai les mains afin qu’il comprenne que je n’étais pas armée. Il lâcha la pierre qu’il avait prise en me voyant venir et posa ses deux mains au niveau de son thorax. Je remarquai qu’il était blessé. Il s’était fait un pansement avec un morceau de tissu mais semblait avoir perdu beaucoup de sang. Je commençai à lui poser des questions allant dans tous les sens quand il m’interrompit et me demanda de l’aider à sortir de cette fosse car ses bourreaux pouvaient arriver d’un moment à l’autre. Je réalisai alors la profondeur de cet enfer. J’y étais entrée si facilement pourtant. Je pouvais me débrouiller à sortir cependant il y’avait ce garçon. Il était petit mais aussi robuste que moi. De même, il était trop souffrant pour grimper. Nous cherchâmes autour de nous une issue. Alors que je me creusai encore la tête, il proposa de superposer les corps inertes afin de former une échelle de cadavres humains. Je voulu protester par peur. Il s’avança, se retourna vers moi et me fit signe de venir l’aider. Je trainai les pas tandis qu’il essayait de déplacer une première dépouille. Le regarder fournir tant d’efforts était si douloureux que je trouvai la force de déplacer quelques morts. J’avais déjà vu des corps en putréfaction et des corps mutilés. Durant les premiers mois de la crise sécuritaire dans notre ville, il ne se passait pas une semaine sans que nous ne voyions en allant ou en rentrant des cours, des cadavres dans des carrefours. Au début, nous avions peur. Mais au fils des mois nous devenions indifférents, au point de dégager nous même les cadavres avant l’arrivée des policiers et des pompiers. Un jour, un 14 mai, trois mois après le début des enlèvements, j’avais découvert dans ma salle de classe des corps de nombreux jeunes parmi lesquels deux de mes cousins. Ils se seraient retrouvés dans notre école pour étudier. Malheureusement, ils auraient été surpris par un groupe de jeunes armés qui les auraient tués et lancés dans notre salle de classe. Nous devrions être évalués ce jour-là. J’avais révisé toute la nuit avec l’aide de maman. Je tenais à avoir désormais le monopole sur la télécommande de la télévision comme elle me l’avait promise si je décrochais la mention excellente. Malgré la vue de mes cousins, couchés et inertes, je ne pensais qu’aux évaluations du jour. Tandis que les enseignants et le corps administratif de l’école se concertaient, je demandais à des camarades de m’aider à mettre les cadavres hors de notre salle d’évaluation. La plupart des garçons étaient partant. Nous nous étions mis à trois voire à cinq pour les évacuer chacun à son tour. Malgré cette peine que nous nous étions accordés, les évaluations furent annulées. Après ce triste souvenir, je me remis à penser à Flavy. Il fallait que je sorte de cette fosse pour la retrouver. Cette pensée amplifia mon courage. Je déplaçai des cadavres léchés. Je les tirai, je les roulai plus que je ne les portais. Je les empilai les uns au-dessus des autres autant que je pouvais. Lorsque la hauteur nous donna la possibilité de sortir, nous nous extirpâmes avec joie. Le jeune garçon m’informa que ces bourreaux l’avaient transporté dans ce lieu avec d’autres corps dans un véhicule. À son avis, nous devrions marcher jusqu’à une grande route, nous cacher et attendre que passe un véhicule de l’armée. Nous n’aurions qu’à suivre les traces des pneus de la voiture qui les avait amenés dans ce lieu isolé. Il prit appui sur mon épaule et nous marchâmes. Mais je n’avais aucune intention de me cacher et d’attendre près de la route. Je devais retrouver Flavy avant la tombée de la nuit. De longues minutes passèrent. Nous dûmes nous reposer près de cinq fois avant d’arriver à un chemin goudronné. Il était exténué. Certainement il ne pouvait pas survivre seul. J’étais dans l’embarras. Je trouvai un buisson bien fourni et décidai de m’y cacher avec lui le temps de découvrir un moyen de le sauver et d’aller chercher ma petite sœur. Nous étions donc tapis comme des petites fourmis pendant que je cogitais. Exaspérée, je me levai pour aller me placer au bord de la route lorsque j’entendis les bruits d’un moteur. Je secouai le jeune garçon qui semblait s’être endormi. Il s’agrippa fortement sur ma jupe en disant d’une voix souffrante : « C’est eux. Ils reviennent avec d’autres cadavres peut-être ». Je ne me fis pas prier avant de m’accroupir à nouveau, toute tremblante. Les bourreaux passèrent et repassèrent sans nous voir. Le jeune garçon était désormais presqu’à l’agonie. Je me souvins avoir appris à travers certains films qu’il fallait entretenir la conversation avec des personnes très mal en point pour qu’elles ne perdent pas conscience. J’eu l’idée de lui demander ce qui lui était arrivé. Il me raconta lentement qu’il avait été kidnappé chez eux et amené dans la brousse. Il y était avec d’autres jeunes, enfants et adolescents, filles et garçons. Pendant des mois, ils étaient entrainés comme des soldats mais ne restaient jamais très longtemps sur place. De temps en temps, certains parmi eux étaient amenés pour des missions secrètes. Malgré le fait qu’il leur était interdit de dialoguer et de poser des questions, des amitiés se nouèrent. Un jour, on amena Big et on rentra sans lui. Big était le garçon le plus généreux du groupe. Il était adorable et avait très vite attiser la sympathie des autres. Sa mort créa un vent de révolte au sein du groupe. Le jour suivant la triste annonce, tous les jeunes arrachés à leur famille décidèrent de déserter le camp. Malheureusement, leur plan fut déjoué. Alors qu’ils essayaient de s’enfuir, ils furent arrêtés dans leur élan par des balles. Près d’une dizaine perdirent la vie. Vers 6 heures du lendemain, ceux qui restaient furent exécutés aux yeux de nouveaux venus. Heureusement pour lui, jusqu’à présent, il était le seul survivant. Je lui parlai de Flavy pour savoir si elle faisait partie de ces nouveaux arrivants. Il ne me rassura pas. Peut-être, Flavy n’était pas dans le groupe de jeunes qu’il avait vu mais il ne demeurait pas moins qu’elle pouvait être dans un autre groupe. Leurs bourreaux tenaient à actualiser leur effectif. Ils avaient certainement prévu d’enrôler autant de jeunes que possible. Ma petite sœur pouvait être actuellement entre leurs griffes. Je l’imaginai douloureusement tenir une arme avec ses petites mains. Si elle avait été amenée, elle aurait besoin de moi. Sur cette pensée, je me mis à découvert près de la route, déterminer à retrouver Flavy ou à la rejoindre. Je laissai ainsi à Dieu le soin de disposer de la vie de ce garçon. Ma petite sœur avait besoin de moi. J’envisageai de suivre le trajet qu’avaient emprunter la voiture des criminels qui avaient jeté le corps du garçon dans la fosse. Mais, un pickup s’arrêta près de moi. Je ne l’avais pas senti venir. Un premier homme armé sauta de la voiture en m’interpellant. Le jeune garçon sortit du buisson et s’écroula. Un autre homme armé descendit du véhicule et allongea le garçon derrière le pickup tandis qu’un autre ouvrait une boite à pharmacie. Le premier qui était descendu m’embarqua d’une main pendant que la voiture démarrait. Une fois derrière celle-ci, une petite fille sauta joyeusement dans mes bras en disant : « C’est-elle Messieurs les policiers ! Mille mercis ! ». C’était Flavy.
"Vagabond" de Thierry H. A 25 ans Marie, convoitait le bonheur comme une petite fille convoitait le pompon d’un manège. Aussi, lorsqu’elle avait rencontré Marc, elle pensait avoir décroché le saint graal. Un an après leur rencontre, ils décidèrent de se marier et de partir à Bora Bora pour leur voyage de noces. Néanmoins, un problème vint perturber les préparatifs de ce voyage. A la mort de son père – disparu trop tôt - Marie avait hérité d’un magnifique golden retriever, répondant au nom de Vagabond. Il lui avait donné ce sobriquet après l’avoir récupéré dans la rue. Marie adorait ce chien qui avait été le fidèle compagnon de son père et à ce titre, il lui rappelait son souvenir. Elle l’emmenait partout avec elle et ne s’en séparait que très rarement. Mais cette fois-ci, elle ne pourrait pas l’emmener avec elle. Outre le crève-cœur d’abandonner Vagabond pendant trois semaines, le problème de gardiennage s’avéra un véritable casse-tête. Elle ne l’avait jamais laissé aussi longtemps, et au beau milieu de l’été, ne voyait vraiment pas à quelle personne de confiance, elle pourrait bien le confier : de surcroît sur une si longue période. Envisager de le mettre dans un refuge était hors de question. Aussi, sans autre solution, elle pensa à sa mère. Elle habitait un petit appartement en plein Paris dans le douzième arrondissement. Marie avait bien conscience que cette solution n’était pas des plus idéales. Tout d’abord pour Hélène sa mère, et pour les contraintes que cela lui occasionneraient, mais aussi pour Vagabond qui allait devoir réduire son espace de jeu. De plus, Vagabond avait été un des sujets de discorde de ses parents, il avait nourri de nombreux conflits : peut-être même avait-il été une des raisons de leur séparation. Aussi, c’est un peu gêné qu’elle fit la demande à sa mère. Hélène avait hésité. Un chien de cette taille dans un si petit appartement cela allait être compliqué. Mais le bonheur de sa fille primait sur quelques tracas de courte durée, aussi avait-elle finalement accepté. Le problème réglé, plus rien n’empêchait les tourtereaux de s’envoler vers des eaux cristallines et des cieux plus cléments. Hélène avait pris des congés spécialement pour le gardiennage. Dès le premier matin, les problèmes commencèrent. Elle fut contrainte à se lever très tôt pour sortir Vagabond qui avait ses habitudes. A 6h du matin, il avait fait entendre sa demande de façon véhémente. En journée, elle allait le promener au bois de Vincennes, qui était tout proche. Le deuxième jour, vagabond, fidèle à son sobriquet, avait pris la tangente ! Hélène le chercha pendant plus d’une heure avant de le retrouver en compagnie d’une charmante Labrador femelle. Au bout de 4 jours, le promeneur et le promené avaient enfin trouvé leurs marques et les choses se passaient au mieux. Trois jours après son arrivée à Bora-Bora, Marie avait, appelé sa mère pour s’enquérir de l’état de Vagabond et pour savoir si les choses se passaient bien. Hélène, avait jugé bon de passer sous silence l’épisode de la fugue afin de ne pas l’inquiéter outre-mesure. Elle l’avait rassurée en lui affirmant que tout se passait au mieux et l’avait enjoint à profiter de ses vacances. Au matin du septième jour, Hélène qui sortait du sommeil regarda le réveil. Il marquait 9 heures. Elle fut très surprise de ne pas avoir été réveillée par les aboiements de Vagabond. Une pointe d’angoisse monta en elle alors qu’elle entra au salon. Vagabond était là dans sa couche. Il avait l’air paisible. Elle s’approcha, le caressa, mais il ne réagissait pas. Elle le secoua, mais toujours rien. Prise de panique, elle ne savait plus quoi faire. Après un instant, elle glissa la main sous son poitrail pour chercher son pouls et stupeur, pas un battement ne se fit entendre. Elle poussa un cri d’effroi. Non, ce n’était pas possible. En panique complète elle tournait dans l’appartement sans savoir quoi faire, sa tête enfouie dans ses mains. Il lui fallut une bonne heure pour retrouver son calme et pour essayer de réfléchir. Force était de constater que Vagabond ne bougeait plus ! Elle se consola en se disant qu’il était parti dans son sommeil. Comment allait-elle annoncer cette nouvelle à sa fille ? Elle était terrorisée. Mais pour l’heure elle devait faire face à un problème d’ordre très pratique ! Qu’allait-elle faire de Vagabond ? Elle décida d’appeler le vétérinaire le plus proche de chez elle et elle lui raconta toute l’histoire. A sa voix tremblotante et au débit de ses phrases, l’homme eu tôt fait de comprendre qu’elle avait besoin d’aide. Il tenta de la rassurer et usa de beaucoup de bienveillance. Il lui indiqua qu’il allait s’occuper de tout, et qu’elle n’avait qu’à passer le voir au cabinet avec la dépouille de Vagabond, car il ne pouvait malheureusement pas se déplacer. Hélène raccrocha et s’effondra en larmes. Toutes ces misères, ce malheureux chien et sa fille qui, pour l’heure, ne se doutait de rien. L’émotion était trop intense et elle ressentit le besoin de s’allonger. Mais elle ne trouva aucun repos, tant son esprit était préoccupé par les différentes épreuves qui l’attendaient. La première d’entre elle et non des moindres, concernait l’acheminement du corps : comment transporter Vagabond jusqu’au cabinet du vétérinaire ? Hélène n’avait pas de voiture, ses voisins proches, qui auraient pu être d’un grand secours, étaient en vacances, et surtout dans quoi allait-elle le mettre ? Il devait peser au bas mot, au moins 50 kg et sa taille était plutôt imposante. Ensuite, il faudrait annoncer la nouvelle à sa fille ! Mais ça elle n’osait y penser et pour l’heure la priorité était de s’occuper du transport. Elle eut une idée. Elle ouvrit son vestiaire, et y extirpa une grosse valise rigide à roulette. Dans la cuisine, elle récupéra un mètre ruban, ouvrit la valise et mesura la largeur, la longueur et la profondeur de celle-ci. Puis, elle s’approcha de Vagabond et entreprit de le mesurer. Il fallait savoir avant de faire les manipulations difficiles si l’option choisie était cohérente. Elle fit prise d’un haut de cœur, lorsqu’elle déplia son mètre sur la pauvre bête. Elle le mesura alors qu’il était dans une position recroquevillée, mais ce qui l’inquiétait, c’était surtout la profondeur. La valise serait-elle assez profonde pour le contenir. Après avoir pris les mesures, elle n’était toujours pas certaine que Vagabond allait tenir dans ce cercueil improvisé. Cependant, n’ayant pas trouvé d’autre idée, elle se résolut à commencer à le manipuler. Elle souleva la table du salon pour en retirer le tapis. Elle le glissa tant bien que mal sous l’animal, et plaça la valise sous un des rebords du tapis, puis elle la cala de façon à ce qu’elle ne se déplace pas pendant la manœuvre. Elle empoigna un des rebords du tapis et tira de toutes ces forces pour soulever et faire rouler Vagabond dans sa « housse mortuaire » de fortune. Il était vraiment trop lourd, si bien qu’elle dût si reprendre à plusieurs fois. Au bout de plusieurs tentatives, il finit par rouler et atterrir dans la valise. Elle était exténuée. Elle retira le tapis et essaya d’ajuster la bête au contenant. A sa grande surprise, l’entreprise semblait fonctionner. Elle referma délicatement la valise et eu toutes les peines du monde à la redresser. Heureusement, qu’elle était munie de roulettes. Elle s’habilla à la hâte et fit rouler la valise jusqu’à l’ascenseur. Une fois dehors, un autre problème se posait. Comment se rendre chez le vétérinaire ? Elle avait tout d’abord envisagé de prendre un taxi, mais le poids extrême de la valise aurait forcément soulevé une question embarrassante à laquelle elle n’aurait su quoi répondre. Elle ne pouvait décemment pas dire qu’il y avait un cadavre de chien dans sa valise ! Aussi, elle envisagea de prendre le métro. La station n’était qu’à quelques mètres, ce n’était pas les heures de pointe, elle éviterait ainsi les questions embarrassantes. Les escalators lui permettraient de descendre la valise sans trop d’effort. Elle arriva à la station de métro et comme prévu, prit l’escalator. Cependant, elle dut faire face à quelques imprévus : la valise ne passait pas dans les tourniquets ! Elle était coincée et ne pouvait ni avancer ni reculer. Devant son désarroi et son énervement, un jeune homme fort aimable à la carrure imposante lui proposa son aide. Comment pouvait-elle refuser. Il essaya lui aussi de tirer la valise d’un côté ou d’un autre, mais pas moyen de la sortir. Hélène, qui voyait déjà un attroupement se former, autour d’elle, manqua de tressaillir. Le jeune homme, finit par soulever la valise, non sans peine, puis enfin la faire passer derrière les tourniquets. Il était en sueur ! Elle le remercia vivement et s’empressa de repartir pour esquiver l’inévitable question. Mais elle ne fut pas assez rapide et le jeune homme lui lança : « Elle pèse un âne mort, votre valise ! Qui y a-t-il donc dedans ?» Hélène sentait ses jambes se dérober. Aussi stupide que cela puisse paraître, elle avait l’impression d’être coupable de quelque chose. Elle n’avait pas réfléchi à une réponse « toute faite », un mensonge qu’elle aurait préparé en amont. Elle exécrait les mensonges ! Aussi, elle lui répondit la première idée qui lui avait traversé l’esprit : « C’est du matériel informatique ! Un ordinateur et un vidéo projecteur. Je dois faire une intervention pour un séminaire dans moins d’une heure et je suis très en retard ! » Elle s’empressa de détaler en direction de la rame de métro. Elle n’en revenait pas ! Elle qui n’avait jamais menti de sa vie venait, avec un aplomb incroyable, de trouver une excuse crédible inventée de toute pièce. Peut-être, avait-elle sous-estimé ses capacités face à l’adversité ? Se révélaient à elle des facultés insoupçonnées. Une fois dans le métro, elle souffla un peu et la tension se relâcha. Elle s’aperçut que son chemisier était trempé. Quelle histoire ! Comment avait-elle pu se mettre dans une telle situation. Elle aurait dû prendre un taxi cela aurait été beaucoup plus simple. Ou bien appelé un autre vétérinaire qui aurait pu se déplacer. Mais il était bien tard pour avoir des regrets. Le jeune homme qui l’avait aidé avait pris la même rame qu’elle. Elle croisa son regard alors qu’il lui souriait. Elle pensa en son for intérieur que finalement, contrairement aux poncifs véhiculés, cette jeunesse n’était pas si dépourvu de valeurs altruistes. Cette pensée la réconforta. Disposant d’un peu de répit et n’ayant fort heureusement pas de changement à faire, elle mit à profit ce temps pour réfléchir au moyen d’annoncer la nouvelle à sa fille. Pour sûr, cela allait l’anéantir ! N’y avait-il pas un moyen de présenter les choses de façon moins douloureuse ? Elle qui n’était pourtant pas une adepte du mensonge, s’étonnait d’échafauder des hypothèses plausibles qui tendraient à ménager la douleur de sa fille. Pourquoi ne pas lui dire que Vagabond s’était enfui et qu’il avait disparu ? Mais était-ce moins douloureux ? Le résultat revenait au même ! Elle divaguait ! Elle ne pouvait pas tout de même pas lui mentir, pas à sa fille ! Au mieux, elle lui épargnerait les détails de son aventure rocambolesque. Tellement bouleversée, elle manqua de rater sa station. Elle sortit à la hâte et se dirigea vers la sortie mais elle se figea alors qu’elle arrivait au pied de l’escalator. Il était en panne ! Le sort s’acharnait ! S’en était trop ! Elle s’assit sur la valise dépitée et en larmes. C’est alors que le jeune homme qui l’avait aidé, tout à l’heure, lui proposa de l’aider à nouveau. Décidément, elle avait trouvé son ange gardien ! Il souleva la valise avec énergie et la mit sur son épaule. Il montait les marches d’un bon pas et elle avait toutes les peines à le suivre ! Arrivée en haut des marches, elle vit le jeune homme détaler à toute vitesse emportant avec lui la valise au loin. Hélène ne voulait pas y croire, elle ne se sentait d’ailleurs plus très bien et autour d’elle, le monde s’était mis à accélérer sa ronde. Une bouffée de chaleur l’envahit et elle s’effondra. Vagabond s’était une nouvelle fois fait la malle ! Mais quoi de moins surprenant, pour un chien Britannique, que de filer à l’Anglaise…
"Une bibliothèque unique" de Pierre E. Je me suis marié jeune. J’ai su au premier regard que c’était elle et non une autre. Oui ! Cela existe. Un coup de foudre qui dure depuis 63 ans. On s’est aménagé un petit nid douillet dans une charmante chaumière en bordure de forêt dans une région isolée. J’écrivais et mon épouse Lire, me lisait. C’était notre seule activité et nous vécûmes plusieurs années ainsi, dans une parfaite communion. Puis est née une petite fille, nous l’avons appelée Edizion. Les années passèrent au rythme de l’écrit et notre enfant s’épanouissait. Un jour elle demanda à sa mère comment elle pouvait lire les “cacas de mouche” que j’écrivais. C’était illisible. « Mon enfant, répondit mon épouse, ton père écrit exclusivement pour moi. Ce n’est pas une raison ! Regarde ces centaines de feuilles éparpillées dans la maison. Il y en a partout, un coup de vent et tout s’envole. C’est intolérable, il faut absolument faire quelque chose. » Tandis que naissait une deuxième fille que nous avons appelée décida de mettre de l’ordre dans mes feuillets. Elle entreprit un travail considérable et même si mon épouse et moi-même étions réticents à ce projet, ancrés dans nos manies rétrogrades, nous avons accepté la grandeur culturelle du geste et l’avons aidée. , malgré son jeune âge, a mis la main à la pâte. Edizion transforma le séjour en imprimerie, fabriquant des livres de qualité, aux reliures recherchées, à la calligraphie élégante et créa une bibliothèque unique qui sentait bon aux yeux. Lors d’un repas, Distibuzion qui n’avait que quinze ans, déclara que tout cela ne servait à rien et comme elle nous vit dépités, elle s’empressa d’ajouter qu’une œuvre pareille devait être montrée, exposée et même lue. « Comment lue ? s’exclama ma femme, je suis là pour ça, je vis pour ça ! - Ne sois pas si brutale avec maman, elle est enceinte ! dit Edizion. Mais Distribuzion n’en avait cure et exposa son projet ; l’idée était de faire connaître aux voisins, aux villages, aux associations culturelles, au monde entier notre chef-d’œuvre familial. Nous étions déconcertés, mais pas peu fiers de nos filles et afin d’éviter l’image de parents arriérés, réticents au progrès, nous avons accepté cette idée comme nous l’avions fait pour celle d’Edizion. . Distribuzion s’attela à la tâche qu’elle s’était assignée et chacun retroussa ses manches, surtout Edizion qui imprimait et lisait pour soulager Lire qui devait s’occuper de notre fils que nous avions dénommé Profit. Mais en règle générale, tout le monde s’aidait, nous formions une famille unie et solidaire. Une période bénie des Dieux, qui dura quinze ans jusqu’au jour où Profit déclara que tout cela ne servait à rien Je crus entendre sa sœur : le même ton, les mêmes mots et la même détermination. « Il faut vendre pour gagner de l’argent, disait-il. - Gagner de l’argent ? » Lire et moi ne comprenions pas ce qu’il voulait dire. « Pour vendre ces beaux livres nous devons intéresser un maximum de gens et à cette fin, il faut emménager à dans la capitale. - A la ville, s’écrièrent ses sœurs. - Il faut se rendre à l’évidence, reprit-il, ce n’est pas dans ce pays d’analphabètes que nous vendrons un livre. » J’étais effaré. J’ai tenté d’expliquer clairement à Profit que Lire et moi-même n’irions pas vivre en ville, nous étions trop vieux et surtout que cela dépassait notre entendement et qu’il devait également beaucoup réfléchir à son étrange projet. J’ai vite su qu’il n’en ferait qu’à sa tête et que cela ne servait à rien d’argumenter. L’éducation de mes enfants m’échappait. Nous n’avions pu imaginer un tel destin, lorsque jeunes mariés, nous écrivions et lisions en simples amants. Nos enfants sont partis. Quelques livres de la bibliothèque familiale furent vendus, puis plus rien, aucune lettre, aucune visite, Profit avait certainement trouvé d’autres sources pour assouvir son besoin d’argent. Fils de peu de foi ! Maintenant Edizion nous rend visite régulièrement, je l’aime bien ; elle est douce équilibrée et attentionnée. Distribuzion vient parfois quand elle a le temps. Quant à Profit, la dernière fois que nous avons eu l’honneur de sa visite, c’était il y a deux ans déjà, il était venu nous présenter sa petite amie, une jeune fille aux formes envoûtantes dénommée Rentabilita . Depuis plus de nouvelles ! A la suite de ces événements, Lire a été gravement malade, j’ai tenté de la soulager, de l’aider mais c’était difficile car moi-même je n’étais pas au mieux de ma forme. Je n’écrivais plus. Nous vécûmes des moments douloureux, à déprimer, à douter de tout. Mais à l’aube d’un jour sans but, Lire s’est dressée sur le lit en criant “ J’ai trouvé”. J’ai cru d’abord qu’elle s’éveillait d’un pénible cauchemar et j’ai tenté maladroitement de l’apaiser. « Non ! Je suis sérieuse. Je vais écrire, écrire pour toi. » Joignant la parole au geste, elle se mit au travail. Existe-t-il une meilleure preuve d’amour, au regard de nos vies ? Certainement pas ! Nous vivons en paix, maintenant. Lire, à petit pas, est parvenue à exorciser ses malheurs, tandis que je la lis avidement, passionnément et de temps à autre, je m’octroie quelques infidélités en dépoussiérant un livre de la bibliothèque d’Edizion. J’ai décidé de ne plus écrire et ces feuillets seront mon dernier écrit. Quel plaisir de lire la personne qu’on aime.
"Mon utopie" de YAKUZA 33 Je me nomme Isaac, je suis le fils du dernier dictateur du monde. À son plus grand désespoir je suis son seul héritier car j’ai la santé fragile, ce qui fait que je passe le clair de mon temps dans des salles d’hôpital qu’en cours pour futur dictateur. Je me trouvais dans un jet privé qui me ramenais à mon père entrain de joue avec ma console, lorsque que le jet privé a traversé une zone de turbulence, une très grosse zone de turbulence. Le co-pilote est sorti de la cabine pour m’ordonner d’attacher ma ceinture, ce que j’ai fait immédiatement. Subitement l’un des réacteur pris feu et fit piquer le jet vers le sol. Pendant quelques secondes j’ai hurlé de peur et d’effroi puis le jet c’est écrasé. J’avais mal à la tête, en fait j’avais mal partout mais j’étais vivant. Mes yeux s’ouvrirent, pour comprendre et connaitre la raison de mon inconfort. Ce fut les débris de l’avion qui apparurent en premier, puis le bout de métal encore brulant qui était enfoncé dans la chair de mon bras, puis en dernier un visage, celui d’une femme aux cheveux gris attachés en couette, vêtu d’un treillis militaire et d’une M16 en bandoulière. Celle-ci me regarda pendant que j’essayais de me relever, elle se baissa, me repoussa avec douceur et me ferma les yeux en murmurant Bienvenue à Limbro Le noir m’envahit l’esprit et je perdis connaissance. Ce fut un sommeil sans rêve, je flottais dans le noir et brutalement je me mis à tomber. Je fus instantanément tiré de mon sommeil. Je me relevai de ma couchette, enlevant les couvertures posées sur mon torse et les tubes qui contenait certainement de la morphine ainsi que de la nourriture. Dans un premier temps je fus désorienté, peu à peu je repris mes esprits et je me mis à inspecter mon environnement. Une salle d’hôpital comme j’en avait vu des centaines. Mais celle-ci avait pourtant quelque chose de différent. C’était une immense pièce remplie de lit et de matériel médical. Les murs étaient peints de couleurs vives et expressives, mais surtout tout autour du bâtiment une grande rangée de fenêtres laissaient passer la lumière du soleil qui me réchauffait. Il n’y avait pas les gros spots de lumières blanches de l’hôpital mais des ampoules pendues à des files de fer au plafond. Toutes cette ambiance me…, je ne sais pas, je me sentais bien ici. Depuis mon lit je pouvais observer le paysage de dehors, de ce que je voyais c’était une ville normale mis à part que les gens n’étaient pas vêtus des Jeans ou des vestes habituels. Un peu plus loin, on pouvait voir d’immenses champs dorés, et de magnifiques arbres. Parmi les gens qui passaient devant les fenêtres, certains me regardaient cachant la bouche et d’autres ne faisaient absolument pas attention à moi. Un médecin entra dans la pièce, il ressemblait un peu à Einstein avec sa calvitie et ses énorme cheveux blancs sur le côté et derrière la tête, des lunettes rondes sur le nez et une moustache mal entretenue. Il s’avance vers moi et quand il me vit assis il me dit -Recouche-toi immédiatement mon garçon, ta blessure s’est réouverte, Je le regardai l’air de dire « quelle blessure ?», Il arriva devant mon lit et pointa du doigt mon bras droit, je tournai les yeux et je vis qu’il était couvert d’un bandage rouge sang -tu ne sens rien parce que l’on a anesthésié ton bras localement, me fit le docteur en contournant le lit. Il me recoucha et pendant qu’il changeait mon bandage je lui demandai -Ou je me trouve ? - Ha ! La question fatidique……….à Limbro mon garçon Je me relevai ce qui eut pour effet de me réarracher l’intraveineuse qu’il venait de me mettre -C’est ou ça ? -Tu le seras bien assez tôt, recouche-toi maintenant le produit va bientôt faire effet, il me répondit en me remettant l’intraveineuse. Il me mit sa main sur mon thorax et me recoucha doucement, je sentais peu à peu mes membres m’abandonner, -Pourquoi, vous me donnez-vous autant de morphine ? demandais-je d’une voix faible - On ne te donne pas de morphine, ne t’inquiète pas pour ça, tu en deviendrais dépendant et nous n’utilisons pas de produit chimique de toute façon, répondit-il en rigolant -Alors qu’est ce …… Je n’eu le temps de terminer ma phrase que je me rendormi. Ce fut une bonne odeur de nourriture que me réveilla la seconde fois dans cet endroit étrange, à mon avis c’était de la soupe au potimarron comme celle de Marine. Je sortis de ma léthargie peu à peu et me souvins qu’il ne valait mieux pas que je me réarrache l’intraveineuse. J’ouvris les yeux et je relevai légèrement la tête pour regarder ce qui se passaient. La femme que j’avais vu dans le jet était là et parlait avec le professeur, je ne voyais que leurs lèvres bouger mon ouïe n’était pas totalement revenue ce qui m’empêchait de comprendre ce qu’ils se disaient. Je relevai ma main gauche et je me tapotai l’oreille, et peu à peu mon ouïe revint. -Qu’est-ce que l’on va faire de lui ? -Je ne sais pas encore, il faut voir avec le conseil. De toute façon il est trop faible pour faire quoi que ce soit, répondit le professeur en haussant les épaules -Et dire que l’on a les olympiades dans 3 jours, il fallait que ça arrive maintenant… Je sentais une note de mécontentement dans sa voix -Je te rappelle que les olympiades sont une compétition amicale donc ce n’est pas grave. Tien il semble s’être réveillé, Le professeur s’approcha de moi, et sortit un morceau de bois par je ne sais quel moyen celui-ci s’embrasa et il fit comme une lampe qu’il agita devant mes yeux pour vérifier si je voyais bien. -Bon pas de problème à la rétine visiblement, Il me fit faire quelques mouvements de tête, puis des bras que je ne réussis pas à bouger, sauf les doigts, puis les jambes qui demeurèrent immobiles. -Bon, il n’a pas encore récupéré toute ses fonctions motrices, il va falloir quelqu’un pour l’aider à manger la soupe pour l’instant -Ok, je vais la chercher, fit la femme, pendant qu’elle sortait de la salle le professeur me dit -Elle a l’air aussi féroce qu’une lionne, mais ne t’inquiète pas elle est très gentille au fond et très belle…rajouta t’il discrètement un sourire aux lèvres en la regardant de dos. Celle-ci revint quelque instant plus tard accompagnée d’une jeune fille brune plutôt mignonne mais avec un accoutrement bizarre, vêtue d’une robe blanche donc je ne reconnaissais pas la matière. Elle avait une jolie fleur dans les cheveux au niveau de l’oreille. Quand il vit l’interrogation sur mon visage il me glissa -C’est du coton naturel. Nous nous n’avons pas de tissus comme vous, -Comme nous ? du coton naturel ? il partit et ne prit même pas la peine de me répondre, La femme se positionna devant mon lit et me dit, -Bien, Nina va t’aider à manger tu la touches, tu es mort compris ? Je hochai vivement la tête comme elle avait toujours sa M16 toujours en bandoulière, je n’osai pas répondre quoi que ce soit d’autres -Bien, elle posa sa main sur l’épaule de Nina et lui dit -Si y a le moindre souci tu me le dis, compris ? en me jetant un regard d’avertissement -Oui, ma tante, ne t’inquiète pas tout va bien se passer -Mouais… et elle parti Sans un mot la jeune fille s’approcha de moi, le bol de soupe à la main et dans l’autre une cuillère en bois. Le bol ressemblait à un bol de poterie que j’avais fais quand j’avais 6 ans. Elle prit une cuillère de soupe et l’avança vers ma bouche, je l’ouvris et je l’ai pris. On continua comme ça en silence. Quand le bol fut fini je me sentais de nouveau engourdi, elle partie et je me rendormi. Le second jour ne fut pas différent, je n’appris rien d’essentiel, le docteur me fit des prises de sang et des exercices et Nina me donna à manger le midi toujours dans le silence. J’étais encore trop faible et j’avais tout le temps envie de dormir. Le soir, alors que le soleil était presque couché, les ampoules s’étaient allumées, j’étais un peu plus en forme. En plus de l’assiette elle apporta un étrange objet à l’aspect terreux et rectangulaire. Après m’avoir aidé à manger, elle s’assit en face de moi, pris l’objet, le déplia sur ses genoux et ne parla plus. Je passai plusieurs minutes à l’observer comme ça, puis je me décidai à demander -Qu’est-ce que tu fais ? Elle releva la tête, -Et bien je lis, répondit-elle comme si c’était une évidence, -Tu lis ? c’est un livre ça ? Dis-je en désignant l’objet sur ses genoux, -Oui, ce sont des tablettes de pierre gravées. Rien qu’à la tête qu’elle faisait, il était clair qu’elle me prenait pour un fou -Des tablettes en pierre mais ces super vieillots, vous n’avez pas de papier ? -du papier ? Qu’est-ce c’est ? -C’est sur quoi on écrit normalement, répondis-je comme si c’était évident -Je ne connais pas, on écrit sur des tablettes et parfois des peaux de bêtes cela se conserve très bien -Mais vous êtes au moyen-âge ou quoi ? -Mais pas du tout ! Ah d’accord je comprends, ma tante m’en avais parlé, vous utilisez des arbres pour faire votre papier et des tonnes de produits chimiques pour qu’il soit beau et lisse. Alors oui nous n’en n’utilisons pas. -Mais pourquoi vous dites « nous » ? Je vous rappelle que l’on habite sur la terre, et que l’on est tous humains. -Oui, mais toi et moi, sommes bien différent, -Ah bon ? Physiquement en tout cas nous sommes pareil ! Je ne vois pas en quoi pourrions être différent, La jeune fille secoua la tête, plongea sa main dans son décolleté et en sortit une petite amulette. Elle la prit dans sa main, leva la tête et prononça quelques mots à voix basse. -Et en plus, ils prient Dieu, je suis tombé dans un village chrétien écolo… Super… Nina s’arrêta, et me demanda -Qui est Dieu ? La j’était abasourdis, -Et bien celui que tu pris, non ? -Non, nous nous prions nos esprits protecteurs, une vieille coutume que l’on tient de nos ancêtres -Donc pas dieu mais des esprits protecteurs, c’est à peu près la même chose nan ? -Non, je ne pense pas. Nos esprits protecteurs sont nos ancêtres, on les prie quand on est angoissé ou dans un moment de désarroi, je ne sais vois absolument pas qui est ton Dieu. -Dieu, enfin pour ceux qui y croient, est censé être « une entité divine qui aurait créé le monde et qui nous protègerait ». Quand elle entendit ça, elle éclata de rire, -Ah oui, c’est à cause de lui que vous partez sans cesse en guerre ! Ha ha ha ! Elle essuya même une larme de rire. Nous ne partirions en aucun cas en guerre à cause de nos esprits et ils ne nous protègent pas contre les autres, on les prie juste pour se souvenir d’eux -Donc en fait, tu adresses tes prières à tes centaines d’ancêtres ? -Oui, des centaines et aussi à notre premier ancêtre, celui qui a participé à la création de notre ville. Et qu’elle est cette idée qu’un être inconnu ait créé le monde ? Vous me faites bien rire ! J’était de plus en plus intrigué par la situation, Nina empila ces quelques tablettes, me dit au revoir et parti me laissant là avec mes pensées. Je réfléchis toute la nuit et j’en arrivai à une conclusion des plus incongrue. Quand elle revint le midi je fus capable de manger tout seul, elle n’eut qu’à s’assoir en face de moi et à me surveiller. Quand j’eu finis je posai l’assiette sur mes jambes et je me mis à parler - Bon j’ai réfléchi à ce que tu m’as dit hier soir, et je suis arrivé à une conclusion bizarre, presque impossible -Continue, m’invita-t-elle -Et bien je dirais, que vous êtes juste un territoire que personne n’a jamais découvert. Je suis féru d’histoire notamment moderne et je n’ai jamais entendu parler d’un lieu comme le vôtre, une ville qui est à la foi moderne et archaïque. Donc j’imagine que vous connaissez l’existence du monde extérieur mais que celui-ci ne le connaît pas. -C’est assez proche de la vérité, tu as presque raison, maintenant je ne pense pas que le conseil puisse te renvoyer chez toi -Bof, ne t’inquiète pas pour ça mon père ne s’inquiètera pas le moins du monde pour moi, - Ah bon pourquoi ? -J’ai la santé fragile et je n’ai pas les mêmes désirs que lui sur l’avenir du pays -ton père est quelqu’un d’important ? -On peut dire ça, mais passons, dis-moi tout sur la ville, je veux absolument tout savoir. Toute la journée on parla, j’appris tous ce que je pus. Que leur ville se trouvait sur un bout de terre, on ne sait où, que personne n’avait jamais réussi à le conquérir depuis qu’ils s’y sont installé. Bien qu’ils eussent eu la visite des américains pendant la guerre froide, ils ont accepté de garder leur existence secrète. Je me demande bien comment ils ont réussi à les convaincre… Leur système politique est juste, tous le monde est égal, personne n’est au-dessus des autres. Les femmes partagent les mêmes travaux manuels que les hommes, comme le travail des champs et il en est de même pour les métiers intellectuels ou militaires. Chaque famille a son représentant au conseil qui prend les décisions. Un médiateur qui gère les séances et qui se trouve être le docteur qui me soigne. C’est d’ailleurs le médiateur qui désigne et forme son successeur. La plupart du temps il n’y a pas de crime chez eux, mais pour les quelques-uns qui existent, ils sont punis par le conseil par vote. Leur économie est basée sur le libre-échange et le troc, il n’y a pas de monnaie, ce qui arrange bien des choses (les incas pourraient en témoigner…). Ils sont quand même obligés d’aller dans le monde extérieur pour trouver certaines choses comme des armes et des protections, mais seulement cela et uniquement pour se défendre contre les animaux sauvages. C’est une société quasiment écologique, ils partagent visiblement la même éducation que nous mais leur regard sur le monde qui les entoure leur fait porter un regard différent sur l’enseignement. Parfois leurs scientifiques sont plus compétents que les nôtres. Il suffit de voir la vitesse à laquelle je guéris pour en être convaincu. Après quelques explications basiques sur le bâton lumineux du médecin, je compris que sur le projet du soleil artificiel ils avaient un siècle d’avance. Ils ont un champ de panneaux solaires sans silicium et qui ne s’usent pas avec le temps, ce qui leur permet de subvenir largement à leurs besoins. Ils n’ont pas de voiture ou de machine mécanique pour les champs, ils se déplacent à cheval et utilise des bœufs. Ce travail permet selon Nina de renforcer leur corps. J’avais déjà pu voir leur maison au loin. Mais Nina m’en apporta un plan avec tous les éléments de constructions. Les maisons sont à la fois ouvertes sur l’extérieur laissant de nombreux espaces à l’air libre mais très chaude pour l’hiver selon elle. Elles sont construites en bois et renforcées avec un matériau à base de coton, nommé Calori qui garde la chaleur pendant l’hiver et que je ne connais pas. Comme au moyen âge chez nous les toits sont fabriqués avec les tiges des céréales qui ne sont pas utilisées pour nourrir les habitants. Tous les meubles sont fabriqués manuellement avec du bois déjà tombé au sol, ils ne prennent rien qui ne soit pas déjà tombé par terre à part les légumes, les fruits et les céréales. Elle avait aussi ramené un plan de la ville, qui montrait ou se trouvait tous les champs et habitations. Puis on parla ensuite d’histoire, je lui corrigeai bien des choses et lui en appris bien d’autres, pareil pour elle. Finalement le soir du dernier jour, elle s’endormi à côté de moi. Je pouvais bouger normalement alors je me suis levé, je l’ai couchée dans le lit à côté du mien et je l’ai couverte, puis je me suis endormi. Le lendemain quand je me suis réveillé, j’ai vu Nina, assise sur mon lit en train de lire ses tablettes. Je l’admirai quelque instant puis je signalai ma présence -Ah tu es réveillé, -Effectivement, -D’ailleurs merci, pour hier soir, pour m’avoir mise au lit -t’inquiète c’est normal, t’as déjà bien pris soin de moi Elle me répondit par un sourire et dit -Bon j’ai eu l’accord de ma tante et du docteur hier, tu peux sortir, donc en premier on va aller déjeuner, ensuite on va visiter la ville et ensuite tu me regarder pendant les olympiades, ok ? J’éclatai de rire tandis que Nina se renfrogna -J’ai trop hâte ne t’inquiète pas Elle arrêta de bouder -D’ailleurs je t’ai apporté tes anciens vêtements que l’on a trouvé dans les débris de l’avion, Elle me tendit un t-shirt certainement blanc autrefois, maintenant rosé et un short qui me paraissait un peu petit, -Qu’es ce qui s’est passé ? Fis-je horrifier en prenant les vêtements dans mes mains, -On les a lavés, répondit-elle en rigolant, -Mais vous en avez fait un carnage, heureusement que mon short était un peu grand, Je m’habillai, en discutant, -J’y pense mais en fait, votre ville ressemble quand même beaucoup à une utopie, -Une utopie ? -Oui, un lieu où la vie est différente et ou les règles de vie semblent idéales et où tout semble plus équitable plus juste. Comme dans Candide de Voltaire quand Candide passe chez les indiens, -On peu voir les choses comme ça. Bon tu viens ? -Oui j’arrive, Et ils sortirent pour qu’il puisse visiter ce nouveau monde… Les bourrasques de vent secouèrent l’appareil, peu à peu, Isaac émergea de son sommeil, un sourire triste sur les lèvres et une larme qui coula de son œil et vient se tarir dans sa barbe d’une semaine bien taillée.
"Mon utopie" de YAKUZA 33 Je me nomme Isaac, je suis le fils du dernier dictateur du monde. À son plus grand désespoir je suis son seul héritier car j’ai la santé fragile, ce qui fait que je passe le clair de mon temps dans des salles d’hôpital qu’en cours pour futur dictateur. Je me trouvais dans un jet privé qui me ramenais à mon père entrain de joue avec ma console, lorsque que le jet privé a traversé une zone de turbulence, une très grosse zone de turbulence. Le co-pilote est sorti de la cabine pour m’ordonner d’attacher ma ceinture, ce que j’ai fait immédiatement. Subitement l’un des réacteur pris feu et fit piquer le jet vers le sol. Pendant quelques secondes j’ai hurlé de peur et d’effroi puis le jet c’est écrasé. J’avais mal à la tête, en fait j’avais mal partout mais j’étais vivant. Mes yeux s’ouvrirent, pour comprendre et connaitre la raison de mon inconfort. Ce fut les débris de l’avion qui apparurent en premier, puis le bout de métal encore brulant qui était enfoncé dans la chair de mon bras, puis en dernier un visage, celui d’une femme aux cheveux gris attachés en couette, vêtu d’un treillis militaire et d’une M16 en bandoulière. Celle-ci me regarda pendant que j’essayais de me relever, elle se baissa, me repoussa avec douceur et me ferma les yeux en murmurant Bienvenue à Limbro Le noir m’envahit l’esprit et je perdis connaissance. Ce fut un sommeil sans rêve, je flottais dans le noir et brutalement je me mis à tomber. Je fus instantanément tiré de mon sommeil. Je me relevai de ma couchette, enlevant les couvertures posées sur mon torse et les tubes qui contenait certainement de la morphine ainsi que de la nourriture. Dans un premier temps je fus désorienté, peu à peu je repris mes esprits et je me mis à inspecter mon environnement. Une salle d’hôpital comme j’en avait vu des centaines. Mais celle-ci avait pourtant quelque chose de différent. C’était une immense pièce remplie de lit et de matériel médical. Les murs étaient peints de couleurs vives et expressives, mais surtout tout autour du bâtiment une grande rangée de fenêtres laissaient passer la lumière du soleil qui me réchauffait. Il n’y avait pas les gros spots de lumières blanches de l’hôpital mais des ampoules pendues à des files de fer au plafond. Toutes cette ambiance me…, je ne sais pas, je me sentais bien ici. Depuis mon lit je pouvais observer le paysage de dehors, de ce que je voyais c’était une ville normale mis à part que les gens n’étaient pas vêtus des Jeans ou des vestes habituels. Un peu plus loin, on pouvait voir d’immenses champs dorés, et de magnifiques arbres. Parmi les gens qui passaient devant les fenêtres, certains me regardaient cachant la bouche et d’autres ne faisaient absolument pas attention à moi. Un médecin entra dans la pièce, il ressemblait un peu à Einstein avec sa calvitie et ses énorme cheveux blancs sur le côté et derrière la tête, des lunettes rondes sur le nez et une moustache mal entretenue. Il s’avance vers moi et quand il me vit assis il me dit -Recouche-toi immédiatement mon garçon, ta blessure s’est réouverte, Je le regardai l’air de dire « quelle blessure ?», Il arriva devant mon lit et pointa du doigt mon bras droit, je tournai les yeux et je vis qu’il était couvert d’un bandage rouge sang -tu ne sens rien parce que l’on a anesthésié ton bras localement, me fit le docteur en contournant le lit. Il me recoucha et pendant qu’il changeait mon bandage je lui demandai -Ou je me trouve ? - Ha ! La question fatidique……….à Limbro mon garçon Je me relevai ce qui eut pour effet de me réarracher l’intraveineuse qu’il venait de me mettre -C’est ou ça ? -Tu le seras bien assez tôt, recouche-toi maintenant le produit va bientôt faire effet, il me répondit en me remettant l’intraveineuse. Il me mit sa main sur mon thorax et me recoucha doucement, je sentais peu à peu mes membres m’abandonner, -Pourquoi, vous me donnez-vous autant de morphine ? demandais-je d’une voix faible - On ne te donne pas de morphine, ne t’inquiète pas pour ça, tu en deviendrais dépendant et nous n’utilisons pas de produit chimique de toute façon, répondit-il en rigolant -Alors qu’est ce …… Je n’eu le temps de terminer ma phrase que je me rendormi. Ce fut une bonne odeur de nourriture que me réveilla la seconde fois dans cet endroit étrange, à mon avis c’était de la soupe au potimarron comme celle de Marine. Je sortis de ma léthargie peu à peu et me souvins qu’il ne valait mieux pas que je me réarrache l’intraveineuse. J’ouvris les yeux et je relevai légèrement la tête pour regarder ce qui se passaient. La femme que j’avais vu dans le jet était là et parlait avec le professeur, je ne voyais que leurs lèvres bouger mon ouïe n’était pas totalement revenue ce qui m’empêchait de comprendre ce qu’ils se disaient. Je relevai ma main gauche et je me tapotai l’oreille, et peu à peu mon ouïe revint. -Qu’est-ce que l’on va faire de lui ? -Je ne sais pas encore, il faut voir avec le conseil. De toute façon il est trop faible pour faire quoi que ce soit, répondit le professeur en haussant les épaules -Et dire que l’on a les olympiades dans 3 jours, il fallait que ça arrive maintenant… Je sentais une note de mécontentement dans sa voix -Je te rappelle que les olympiades sont une compétition amicale donc ce n’est pas grave. Tien il semble s’être réveillé, Le professeur s’approcha de moi, et sortit un morceau de bois par je ne sais quel moyen celui-ci s’embrasa et il fit comme une lampe qu’il agita devant mes yeux pour vérifier si je voyais bien. -Bon pas de problème à la rétine visiblement, Il me fit faire quelques mouvements de tête, puis des bras que je ne réussis pas à bouger, sauf les doigts, puis les jambes qui demeurèrent immobiles. -Bon, il n’a pas encore récupéré toute ses fonctions motrices, il va falloir quelqu’un pour l’aider à manger la soupe pour l’instant -Ok, je vais la chercher, fit la femme, pendant qu’elle sortait de la salle le professeur me dit -Elle a l’air aussi féroce qu’une lionne, mais ne t’inquiète pas elle est très gentille au fond et très belle…rajouta t’il discrètement un sourire aux lèvres en la regardant de dos. Celle-ci revint quelque instant plus tard accompagnée d’une jeune fille brune plutôt mignonne mais avec un accoutrement bizarre, vêtue d’une robe blanche donc je ne reconnaissais pas la matière. Elle avait une jolie fleur dans les cheveux au niveau de l’oreille. Quand il vit l’interrogation sur mon visage il me glissa -C’est du coton naturel. Nous nous n’avons pas de tissus comme vous, -Comme nous ? du coton naturel ? il partit et ne prit même pas la peine de me répondre, La femme se positionna devant mon lit et me dit, -Bien, Nina va t’aider à manger tu la touches, tu es mort compris ? Je hochai vivement la tête comme elle avait toujours sa M16 toujours en bandoulière, je n’osai pas répondre quoi que ce soit d’autres -Bien, elle posa sa main sur l’épaule de Nina et lui dit -Si y a le moindre souci tu me le dis, compris ? en me jetant un regard d’avertissement -Oui, ma tante, ne t’inquiète pas tout va bien se passer -Mouais… et elle parti Sans un mot la jeune fille s’approcha de moi, le bol de soupe à la main et dans l’autre une cuillère en bois. Le bol ressemblait à un bol de poterie que j’avais fais quand j’avais 6 ans. Elle prit une cuillère de soupe et l’avança vers ma bouche, je l’ouvris et je l’ai pris. On continua comme ça en silence. Quand le bol fut fini je me sentais de nouveau engourdi, elle partie et je me rendormi. Le second jour ne fut pas différent, je n’appris rien d’essentiel, le docteur me fit des prises de sang et des exercices et Nina me donna à manger le midi toujours dans le silence. J’étais encore trop faible et j’avais tout le temps envie de dormir. Le soir, alors que le soleil était presque couché, les ampoules s’étaient allumées, j’étais un peu plus en forme. En plus de l’assiette elle apporta un étrange objet à l’aspect terreux et rectangulaire. Après m’avoir aidé à manger, elle s’assit en face de moi, pris l’objet, le déplia sur ses genoux et ne parla plus. Je passai plusieurs minutes à l’observer comme ça, puis je me décidai à demander -Qu’est-ce que tu fais ? Elle releva la tête, -Et bien je lis, répondit-elle comme si c’était une évidence, -Tu lis ? c’est un livre ça ? Dis-je en désignant l’objet sur ses genoux, -Oui, ce sont des tablettes de pierre gravées. Rien qu’à la tête qu’elle faisait, il était clair qu’elle me prenait pour un fou -Des tablettes en pierre mais ces super vieillots, vous n’avez pas de papier ? -du papier ? Qu’est-ce c’est ? -C’est sur quoi on écrit normalement, répondis-je comme si c’était évident -Je ne connais pas, on écrit sur des tablettes et parfois des peaux de bêtes cela se conserve très bien -Mais vous êtes au moyen-âge ou quoi ? -Mais pas du tout ! Ah d’accord je comprends, ma tante m’en avais parlé, vous utilisez des arbres pour faire votre papier et des tonnes de produits chimiques pour qu’il soit beau et lisse. Alors oui nous n’en n’utilisons pas. -Mais pourquoi vous dites « nous » ? Je vous rappelle que l’on habite sur la terre, et que l’on est tous humains. -Oui, mais toi et moi, sommes bien différent, -Ah bon ? Physiquement en tout cas nous sommes pareil ! Je ne vois pas en quoi pourrions être différent, La jeune fille secoua la tête, plongea sa main dans son décolleté et en sortit une petite amulette. Elle la prit dans sa main, leva la tête et prononça quelques mots à voix basse. -Et en plus, ils prient Dieu, je suis tombé dans un village chrétien écolo… Super… Nina s’arrêta, et me demanda -Qui est Dieu ? La j’était abasourdis, -Et bien celui que tu pris, non ? -Non, nous nous prions nos esprits protecteurs, une vieille coutume que l’on tient de nos ancêtres -Donc pas dieu mais des esprits protecteurs, c’est à peu près la même chose nan ? -Non, je ne pense pas. Nos esprits protecteurs sont nos ancêtres, on les prie quand on est angoissé ou dans un moment de désarroi, je ne sais vois absolument pas qui est ton Dieu. -Dieu, enfin pour ceux qui y croient, est censé être « une entité divine qui aurait créé le monde et qui nous protègerait ». Quand elle entendit ça, elle éclata de rire, -Ah oui, c’est à cause de lui que vous partez sans cesse en guerre ! Ha ha ha ! Elle essuya même une larme de rire. Nous ne partirions en aucun cas en guerre à cause de nos esprits et ils ne nous protègent pas contre les autres, on les prie juste pour se souvenir d’eux -Donc en fait, tu adresses tes prières à tes centaines d’ancêtres ? -Oui, des centaines et aussi à notre premier ancêtre, celui qui a participé à la création de notre ville. Et qu’elle est cette idée qu’un être inconnu ait créé le monde ? Vous me faites bien rire ! J’était de plus en plus intrigué par la situation, Nina empila ces quelques tablettes, me dit au revoir et parti me laissant là avec mes pensées. Je réfléchis toute la nuit et j’en arrivai à une conclusion des plus incongrue. Quand elle revint le midi je fus capable de manger tout seul, elle n’eut qu’à s’assoir en face de moi et à me surveiller. Quand j’eu finis je posai l’assiette sur mes jambes et je me mis à parler - Bon j’ai réfléchi à ce que tu m’as dit hier soir, et je suis arrivé à une conclusion bizarre, presque impossible -Continue, m’invita-t-elle -Et bien je dirais, que vous êtes juste un territoire que personne n’a jamais découvert. Je suis féru d’histoire notamment moderne et je n’ai jamais entendu parler d’un lieu comme le vôtre, une ville qui est à la foi moderne et archaïque. Donc j’imagine que vous connaissez l’existence du monde extérieur mais que celui-ci ne le connaît pas. -C’est assez proche de la vérité, tu as presque raison, maintenant je ne pense pas que le conseil puisse te renvoyer chez toi -Bof, ne t’inquiète pas pour ça mon père ne s’inquiètera pas le moins du monde pour moi, - Ah bon pourquoi ? -J’ai la santé fragile et je n’ai pas les mêmes désirs que lui sur l’avenir du pays -ton père est quelqu’un d’important ? -On peut dire ça, mais passons, dis-moi tout sur la ville, je veux absolument tout savoir. Toute la journée on parla, j’appris tous ce que je pus. Que leur ville se trouvait sur un bout de terre, on ne sait où, que personne n’avait jamais réussi à le conquérir depuis qu’ils s’y sont installé. Bien qu’ils eussent eu la visite des américains pendant la guerre froide, ils ont accepté de garder leur existence secrète. Je me demande bien comment ils ont réussi à les convaincre… Leur système politique est juste, tous le monde est égal, personne n’est au-dessus des autres. Les femmes partagent les mêmes travaux manuels que les hommes, comme le travail des champs et il en est de même pour les métiers intellectuels ou militaires. Chaque famille a son représentant au conseil qui prend les décisions. Un médiateur qui gère les séances et qui se trouve être le docteur qui me soigne. C’est d’ailleurs le médiateur qui désigne et forme son successeur. La plupart du temps il n’y a pas de crime chez eux, mais pour les quelques-uns qui existent, ils sont punis par le conseil par vote. Leur économie est basée sur le libre-échange et le troc, il n’y a pas de monnaie, ce qui arrange bien des choses (les incas pourraient en témoigner…). Ils sont quand même obligés d’aller dans le monde extérieur pour trouver certaines choses comme des armes et des protections, mais seulement cela et uniquement pour se défendre contre les animaux sauvages. C’est une société quasiment écologique, ils partagent visiblement la même éducation que nous mais leur regard sur le monde qui les entoure leur fait porter un regard différent sur l’enseignement. Parfois leurs scientifiques sont plus compétents que les nôtres. Il suffit de voir la vitesse à laquelle je guéris pour en être convaincu. Après quelques explications basiques sur le bâton lumineux du médecin, je compris que sur le projet du soleil artificiel ils avaient un siècle d’avance. Ils ont un champ de panneaux solaires sans silicium et qui ne s’usent pas avec le temps, ce qui leur permet de subvenir largement à leurs besoins. Ils n’ont pas de voiture ou de machine mécanique pour les champs, ils se déplacent à cheval et utilise des bœufs. Ce travail permet selon Nina de renforcer leur corps. J’avais déjà pu voir leur maison au loin. Mais Nina m’en apporta un plan avec tous les éléments de constructions. Les maisons sont à la fois ouvertes sur l’extérieur laissant de nombreux espaces à l’air libre mais très chaude pour l’hiver selon elle. Elles sont construites en bois et renforcées avec un matériau à base de coton, nommé Calori qui garde la chaleur pendant l’hiver et que je ne connais pas. Comme au moyen âge chez nous les toits sont fabriqués avec les tiges des céréales qui ne sont pas utilisées pour nourrir les habitants. Tous les meubles sont fabriqués manuellement avec du bois déjà tombé au sol, ils ne prennent rien qui ne soit pas déjà tombé par terre à part les légumes, les fruits et les céréales. Elle avait aussi ramené un plan de la ville, qui montrait ou se trouvait tous les champs et habitations. Puis on parla ensuite d’histoire, je lui corrigeai bien des choses et lui en appris bien d’autres, pareil pour elle. Finalement le soir du dernier jour, elle s’endormi à côté de moi. Je pouvais bouger normalement alors je me suis levé, je l’ai couchée dans le lit à côté du mien et je l’ai couverte, puis je me suis endormi. Le lendemain quand je me suis réveillé, j’ai vu Nina, assise sur mon lit en train de lire ses tablettes. Je l’admirai quelque instant puis je signalai ma présence -Ah tu es réveillé, -Effectivement, -D’ailleurs merci, pour hier soir, pour m’avoir mise au lit -t’inquiète c’est normal, t’as déjà bien pris soin de moi Elle me répondit par un sourire et dit -Bon j’ai eu l’accord de ma tante et du docteur hier, tu peux sortir, donc en premier on va aller déjeuner, ensuite on va visiter la ville et ensuite tu me regarder pendant les olympiades, ok ? J’éclatai de rire tandis que Nina se renfrogna -J’ai trop hâte ne t’inquiète pas Elle arrêta de bouder -D’ailleurs je t’ai apporté tes anciens vêtements que l’on a trouvé dans les débris de l’avion, Elle me tendit un t-shirt certainement blanc autrefois, maintenant rosé et un short qui me paraissait un peu petit, -Qu’es ce qui s’est passé ? Fis-je horrifier en prenant les vêtements dans mes mains, -On les a lavés, répondit-elle en rigolant, -Mais vous en avez fait un carnage, heureusement que mon short était un peu grand, Je m’habillai, en discutant, -J’y pense mais en fait, votre ville ressemble quand même beaucoup à une utopie, -Une utopie ? -Oui, un lieu où la vie est différente et ou les règles de vie semblent idéales et où tout semble plus équitable plus juste. Comme dans Candide de Voltaire quand Candide passe chez les indiens, -On peu voir les choses comme ça. Bon tu viens ? -Oui j’arrive, Et ils sortirent pour qu’il puisse visiter ce nouveau monde… Les bourrasques de vent secouèrent l’appareil, peu à peu, Isaac émergea de son sommeil, un sourire triste sur les lèvres et une larme qui coula de son œil et vient se tarir dans sa barbe d’une semaine bien taillée. "Moi, il y a 20 ans" de alain D-N. De l'avis général, Virgile le vigile était un brave type. L'incarnation de cette figure si bienveillante que chacun rêve de l'avoir pour copain. ... Bien sûr, quand il portait son blouson bleu d'uniforme, il roulait un peu des mécaniques et affichait parfois un masque menaçant. Pour lui, cette grimace était une sorte d'insigne de sa fonction... Grand et solidement charpenté, il faisait illusion auprès de ceux qui ne le connaissaient pas, et personne ne s'amusait à venir le chatouiller. Il venait à son travail , y passait le temps requis et en repartait ordinairement sans quitter un air sérieux qui amusait beaucoup ses collègues et même « la direction » et qu'on attribuait à un manque d'imagination. D'origine roumaine, il était à Paris depuis longtemps mais, s'il parlait le français, il le lisait mal. Il rêvait donc beaucoup, et parfois au travail, sans que nul ne s'en doute. On le payait pour surveiller, il comprenait monter la garde, et il la montait, raide comme la justice elle-même - sans oser, ou daigner, bouger un orteil. Tout au plus, chaque demi-heure, s'autorisait-il quelques pas, en long puis en large, pour se dégourdir. Virgile se vivait en agent de sécurité. Son surnom était une astuce de Monsieur Vincent, le directeur. Cela sentait à plein nez la mise en boîte, mais comme Monsieur Vincent était très content de lui, il n'était pas question d'aller contre - il fallait même feindre de trouver ça drôle. L'agent de sécurité était content de son sort, de l'entreprise, et même de son patron, que chacun appelait Monsieur Vincent sans qu'on sache si c'était son nom ou son prénom. La boutique vendait des smartphones. Toutes les marques (ou presque), tous les modèles (ou presque), à des prix incroyables (totalement), telle était son accroche. Au milieu de cette caverne d'Ali-Baba, Virgile restait rétif au charme de ces merveilles de technologie plus mirifiques les unes que les autres. Il se servait d'un vieux modèle, juste pour téléphoner - ce qui valait une réputation de dinosaure, dont il n'avait cure. Un matin, il avait vu débarquer un gamin, l'air emprunté, chaussé de rangers et porteur d'un blouson de cuir noir, cheveux brillantinés et courts, qui avait - simplement, sans fioritures, sans même dire bonjour - demandé : la Direction ? A pas vifs il avait marché jusqu'au bureau, avait frappé, était entré... Un peu plus tard, Virgile fut convoqué au Bureau, où Monsieur Vincent le reçut avec un sourire peut-être un peu forcé, mais éclatant. Voilà : nous avons recruté ce jeune homme... Kevin, oui, c'est cela - qui va vous seconder dans 2 vos tâches. Vous lui apprendrez le métier, hein,je compte sur vous ? Parfait... ! Un peu plus tard, Paulo le magasinier avait ricané : Et tu vas te laisser faire?Ils te collent un jeunot dans les pattes,quand tu lui aura montré le boulot, ils lui fileront ta place, ni vu ni connu, lui il leur coûtera moins cher que toi,avec ton ancienneté... C'est couru, mon pote... Défends-toi tant qu'il est encore temps ! N'empêche : depuis l'embauche - en CDD appelé à se muer en CDI - de Kevin, Virgile était encore plus heureux. Il se revoyait à l'âge du garçon, croyait avoir rencontré son double à vingt ans d'écart. Il aurait voulu tout lui transmettre, lui donner tout ce qu'il savait, lui enseigner le métier, la façon... Le jeune homme prenait tout cela avec l'air de ne pas trop s'en soucier, mais d'évidence ce n'était qu'une pose... Il écoutait avec attention les explications de celui qu'il appelait parfois, plaisamment, son mentor. Ton maître de stage,si tu veux,rectifiait Virgile. Il sentait en tout cas que Kevin voulait apprendre, et même qu'il tenait à bien faire. C'est un fayot, sifflait Paulo,qui ne désarmait pas. Pour seule réponse, Virgile souriait. Mais un matin, un groupe survint dans la boutique, alors que Virgile et Kevin s'y trouvaient seuls, le reste de l'équipe étant en réunion, à l'exception d'une des vendeuses, occupée avec un client. Quatre jeunes, porteurs de grands sacs de voyage vides, dans lesquels ils commencèrent à faire tomber les téléphones exposés sur les étagères de verre. Interloqué, Virgile chercha le regard de Kevin. Mais voilà que celui-ci se joignait aux voleurs, leur passant le butin, tout en affichant un sourire ironique. - Ah ! Non, s'interposa Virgile. Arrêtez - Je ne vous laisserai pas faire, poursuivit-il en s'élançant vers le type le plus proche de lui, le vigile tenta de lui arracher son sac. Du coin de l’œil, il aperçut Kevin qui levait le bras. Au bout du bras, un manche d'outil. Il n'eut pas le temps de penser que le gamin ne ferait quant même pas ça. Il sentit une vive douleur à l'arrière du crâne, et s'effondra. Lorsque Virgile refit surface, il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis que le noir lui était tombé dessus. Il réalisa, d'abord qu'il était dans une pièce qui ressemblait çà une chambre d'hôpital. Puis il aperçut Monsieur Vincent qui se trouvait à ses côtés, accompagné de sa secrétaire. Tous deux eurent l'air soulagé de le voir revenir à lui. 3 - Alors, comment vous vous sentez, Virgile ? - Vous nous avez fait peur, ajouta la femme. Il les regarda tous les deux, puis laissa son regard parcourir, derrière eux, le chantier qu'était devenu le magasin. Avant de réaliser que cela, c'était le dernier souvenir qu'il avait d'avant. Avant quoi? Il ne savait plus. Il était tombé, s'était évanoui, puis s'était réveillé, avait effectivement vu le magasin dévasté, puis cela avait de nouveau été le noir. Et maintenant, il était là, allongé dans un lit d'hôpital. Le souvenir lui revint : les jeunes débarquant en force, Kevin se révélant leur complice. - Je suis désolé, balbutia-t-il. Tout est de ma faute, j'aurais dû... Ils s'entre-regardèrent, l'air de penser qu'il délirait carrément. - Allons, calmez-vous, répondit Monsieur Vincent. Vous avez fait ce que vous avez pu, vous leur avez résisté, vous n'auriez rien pu faire de plus ! Pourtant l'agent de sécurité continuait de répéter, à voix basse mais distincte : C'est de ma faute, c'est de ma faute... J'aurais dû l'empêcher, ça n'aurait pas dû arriver... ! Le directeur crut même entendre : « C'est comme si c'était moi qui avais fait cela... » Il leva les sourcils. Virgile avait peut-être fait son temps dans l'entreprise.
"John ruby, l'illuminé" de Louis f-G. Au creux de son lit, dans sa sombre chambre, John Ruby se réveilla en sursaut. Cela faisait des semaines qu’il entendait les mêmes bruits sourds, dans la nuit, semblables à des cliquetis métalliques. Après ça, il savait bien que se rendormir était impossible. Depuis que ses parents ont déménagé en Californie, John ne passait pas une seule nuit tranquille. Pour dormir, il prenait son livre préféré, pour le lire afin de s’intégrer à l’histoire. Le jeune enfant se disait souvent que sa vie était un récit. Il ne croyait pas si bien dire… Cette nuit-là, le 13 juin 1997, il n’y eut aucun bruit… C’est précisément ce qui réveilla John ! Son réflexe, à chaque fois que son sommeil s’interrompait, était de saisir son livre. Mais, puisqu’il n’avait rien entendu ce 13 juin, l’idée de se lever lui parvint. John alluma donc la lumière et se leva de son lit. En quittant sa chambre, le garçon marchait d’un pas précipité. Peut-être trop d’ailleurs, car il ne fit pas attention au moment d’entamer les premières marches de l’escalier. N’ayant pas remarqué la maudite pantoufle qui traînait là, l’enfant glissa et réalisa ainsi une longue chute, composée de choc violents aux membres. L’atterrissage ne se déroula pas sans encombre, lui non plus. Constatant l’état de ses bras et de ses jambes ensanglantées le petit John se mit à pleurer, pris d’une douleur atroce. Pleurer encore et encore. Pleurer jusqu’à n’en plus pouvoir. Tout à coup, une lueur apparut. Elle ne provenait pas d’une quelconque lampe, non : c’est John qui l’émettait ! Dans les ténèbres du salon, vaste comme un musée glauque, une lumière nouvelle persistait, symbole d’une renaissance. C’était le sang de l’enfant qui illuminait la pièce, plus précisément son hémoglobine. La grande salle, plongée dans une lueur rouge grandissante et chaleureuse, paraissait plus vivante qu’auparavant. Le sang – pourtant associé à la guerre et à la souffrance – procurait une étrange sensation de bien-être et de douceur au blessé. Peu à peu, John sentait toutes ses blessures se soigner, sa peau se cicatriser et ses vaisseaux sanguins éraflés se réparer. Le jeune californien, qui venait de chuter d’une trentaine de marches, ressentait une très grande joie : celle de ne subir aucune douleur. Dans le calme et la sérénité, la « petite ampoule » s’endormit, cajolée par la chaleur de sa propre lumière. Le réveil se déroula bien mieux que tous les autres jusqu’ici. Paradoxe : l’enfant s’était endormi au pied d’un escalier ! John mit un certain temps à se remémorer les évènements de la veille, ainsi que le fait qu’il soit au pied des marches. À cet instant, l’enfant se rappela la longue chute, les blessures et la douleur ressentie. Puis lui revint le souvenir de la guérison qui arrivait à point nommé, grâce à la lumière rouge, chaude et apaisante. C’était le seul détail qu’on ne pouvait négliger : le seul détail surnaturel. Ce phénomène intriguait John ; à 9 ans, il savait déjà faire la différence entre ce qu’il voyait à la télévision et la réalité. Ayant anticipé la discrétion nécessaire pour cacher son nouveau pouvoir, l’enfant a simplement décidé de ne rien dévoiler à ses parents, pour le moment… Au moment exact où il pensait à tout cela, sa mère commençait à descendre les escaliers. Elle a eu le temps de traverser une dizaine de marches avant d’apercevoir son fils. Sa première réaction était de porter ses mains à sa bouche en criant : - Oh mon dieu ! Que s’est-il passé, mon petit John ? Protectrice de nature, sa mère imaginait toujours le pire, quitte à frôler le ridicule. Mais pour le coup, elle avait raison de penser à une chute dans les escaliers. Mme Ruby s’est empressée de descendre les dernières marches. Arrivée près de son fils, elle s’agenouilla et demanda : - Mon chou, est-ce que tu vas bien ? Après une courte hésitation, John acquiesça mollement. Aussitôt, sa mère le prit dans ses bras et se mit à lui frotter le dos en le réconfortant. Il était déjà midi. Un silence pesant régnait à table. Seuls des bruits de mastications subsistaient, et c’était désagréable. Mr Ruby brisa le silence : - Qu’est-ce qui ne va pas, fiston ? Le père de famille, secret et introverti mais diablement perspicace, comprenait tout de suite quand quelque chose n’allait pas. Après un temps de réflexion assez long, John finit par avouer : - En fait, hier soir je suis tombé dans l’escalier. Je me suis levé de mon lit car, d’habitude, il y a des bruits ; mais cette fois ce n’était pas le cas. Après ma ch… Quand il commençait à dévoiler son secret, ses deux parents échangèrent un bref regard et se mirent soudainement à courir en direction de la cave. L’enfant ne comprit pas ce qui leur arrivait mais se mit aussitôt à courir derrière eux. Il arrivait à la porte de la cave, lorsque Mr Ruby la referma frénétiquement. John, qui tirait de toutes ses forces sur la poignée, était saisi par une soudaine colère et un sentiment de trahison. Toutes ses émotions s’affrontaient dans son cerveau, tandis qu’il criait : - Papa, maman ! Ouvrez-moi ! La panique était totale. C’est comme s’il venait d’apprendre un lourd secret, alors que rien n’avait été dit ! Soudain, John eut une idée : il prit la poignée de ses deux mains et se concentra pendant quelques secondes. Lentement, la poignée et la serrure métallique se mirent à fondre sous la chaleur produite par l’enfant, pendant que ses mains luisaient d’une lumière rouge vif. L’acier fondu tomba au sol. Enfin, le jeune surhomme put pousser la porte et entra dans la cave. Il descendit un petit escalier et découvrit cette étrange petite porte rouge. Elle lui semblait minuscule et il se demandait comment ses parents avaient pu passer par là ; car c’était une évidence : il n’y avait aucune autre issue ! Ni une, ni deux, John fonça vers la petite sortie et donna un grand coup de pied dans la porte. Celle-ci, plutôt fragile, céda aussitôt. L’enfant se faufila dans l’espace étroit et se releva, une fois de l’autre côté. Tout était sombre, John Ruby « s’alluma » alors, et ce qu’il vit à cet instant resta encré pour toujours dans sa mémoire… Cette salle était un véritable laboratoire ! Il y avait plein de légumes phosphorescents, de toutes sortes, et il y avait même quelques insectes et lézards luisants. L’enfant a vite deviné, en voyant les fioles où il était marqué : « ADN MODIFIE PAR LUXO-SYNTHESE », qu’il se déroulait ici des expériences illégales et très douteuses. Soudain, il aperçut sa mère se glisser derrière lui pour tenter de lui injecter un produit avec une seringue. Pour l’éviter, John se jeta en avant, frôlant l’aiguille. L’enfant se releva lentement et fut immobilisé par son père, qui lui bloquait les bras, vêtu d’une blouse blanche. - Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer ! lui affirma Mme Ruby, tout en s’approchant avec la seringue. - Mais pourquoi, maman ? demanda le pauvre enfant, en panique. Pourquoi tu fais ça ?! - Nous n’aurions jamais dû créer le sérum LUX-24… Maintenant, tu es un danger pour nous : dans la société, tu risquerais d’attirer les regards ! Tout est de notre faute, pardonne-nous, mon chéri… Les yeux de John cherchaient une solution, car se dégager des bras de son père avec la chaleur était impossible : il ne pouvait plus bouger du tout. D’un geste vif, Mme Ruby « poignarda » avec sa seringue et injecta le produit. Suite à un cri de douleur, Mr Ruby tomba à terre. Au dernier moment, John avait utilisé toute sa force pour aveugler ses parents d’un seul coup au dernier moment, puis pour se décaler et laisser le produit létal à son père. Consciente du meurtre, Mme Ruby porta les mains à sa bouche et s’agenouilla près de son mari. - Je suis profondément désolé, s’excusa-t-elle en sanglotant. - Tue-moi cette petite vermine ! répondit Mr Ruby, pour ses dernières paroles. Prise par la colère, Mme Ruby prit un scalpel qui traînait et s’élança vers son fils en hurlant. Le malheureux enfant ne savait pas quoi faire : il avait causé la mort de son père, et sa mère courait vers lui avec un scalpel ! John, décidé, se concentra et se mit à briller du mieux qu’il pouvait, jusqu’à aveugler sa mère – et lui-même. L’air ambiant autour de lui se réchauffait si vite que Mme Ruby fut freinée. Le laboratoire atteignait bientôt une température comparable à celle d’un volcan ; tout se mit à brûler ou à fondre. Même Mr Ruby. Même Mme Ruby. Et pour finir, même John, qui gardera cette lueur rouge intense, semblable à celle d’un rubis ……… avant de se réveiller de ce mauvais rêve.
"Le cocotier ne sera jamais le bananier" de Barthélémy A.E. Il est né en 1996. Ses parents sont tous originaires du Pays de l’Enfer, un pays en Afrique; son père, papa Jacob le Responsable est du littoral et sa mère, Mommy Frida, du sud-ouest. Ils sont huit enfants à leurs parents (six garçons: abraham, Salomon, Zachée, David, Betsaleel, lui-même Joseph; et deux filles: Léa et Marie-Madeleine) parmi lesquels il est le septième. Quand il avait cinq ans, sa famille vivait dans une monotonie parfaite dans leur village nommé Edjememeng, jouissant d’un bonheur plein d’allégresse. En ce moment il était le benjamin et il jouissait de ce statut et des avantages de toutes natures sans égoïsme et sans rival puisque son frère cadet n’était pas encore né. Apres un certain moment, il a été inscrit à l’école publique de son village; en effet, l’école maternelle n’existait pas encore dans ce petit village, raison pour laquelle il a commencé son parcours scolaire à l’école primaire. En ce qui concerne la vie religieuse de sa famille, ses parents étaient membres d’une église dite «réveillée», certaines personnes du village l’avaient nommée «Jésus t’appelle». Tous les dimanches matin, tous les enfants étaient à l’école du dimanche, c’est Mama Anne (l’une de ses tantes, cousine de son père, qui était aussi membre de cette Eglise, ainsi que son mari papa Nathanaël) qui les enseignait; après que celle-ci eut déménagée pour la ville (Bong), Mama Clémentine l’avait remplacé, et ensuite Mama Sarah qu’on appelait chaleureusement Sita. On les enseignait les histoires biblibliques et on les apprenait à chanter pour la gloire de Dieu. Que c’était merveilleux d’y être! Cette église siégeait au début dans leur maison; elle fut transférée plu tard dans un village voisin, à Ekwomeng dans la maison du frère Aquilas pour des raisons que le petit garçon ignorait. Quelques années plutard (sept ans environ), son petit frère chéri, Betsaleel, qu’il aimait tant fut né. Ce dernier était très humble, travailleur, respectueux, intelligent, et surtout très mignon; il a toujours été le major de sa promotion. Joseph obtint son Certificat d’Etude Primaire (CEP) en 2009 quand il avait treize ans. Il fallait continuer les études au secondaire. J’jusqu’ici, il n’y avait pas de lycée, ni de collège privé à Edjemeneng. Cependant, il y avait un Collège d’Enseignement Secondaire (CES) qu’on venait de créer dans un autre village un peu plus loin que ce dernier: il s’agit de Mbimeng. Il y avait des rumeurs que cet établissement devait être effectif à partir de cette année. Ses parents, soucieux de son avenir, avaient sollicité qu’il aille continuer ses études dans ce CES; Il devait vivre chez le frère Jacques, un frère de l’Eglise qui y résidait. Plusieurs semaines après la rentrée scolaire, le CES n’était pas toujours fonctionnel. Un mois plutard, ses parents décidèrent donc de l’amener à Bong ou il allait poursuivre ses études. Il faut rappeler que Bong est une petite ville située à plusieurs kilomètres d’Edjememeng; c’est aussi le chef-lieu de leur arrondissement. Plusieurs lycées et collèges privés s’y trouvaient. Joseph rend beaucoup gloire à Dieu pour Mama Tabitha, sa tante, cousine de son père, qui le prit comme son fils pendant ses études secondaires au «Collège Seul le Conscient a Droit à la Réussite» (CSCDR), communément appelé «Université de Bong». Il a été avec sa tante pendant sept années, et plusieurs personnes dans leur quartier (Le Grand Tamarinier) savaient qu’il était son dernier fils. Celle-ci était cultivatrice et commerçante. Elle avait aussi donné sa vie à Christ et faisait la même Eglise que les parents de Joseph. Mama Tabitha était une femme au grand cœur, un modèle pour la société, elle pouvait facilement gérer le Programme Alimentaire Mondial, malgré le fait qu’elle était illettrée. C’est étant chez elle que Joseph a véritablement grandi dans la foi en Dieu. Quand Joseph quittait le village, ses parents avaient eu des problèmes sérieux dont il ignorait la cause, les deux ne se parlaient pas. En effet, il ne pouvait rien comprendre à son jeune âge. C’est son père qui était allé l’accompagner à Bong. Avec l’état impraticable de la route, ils commencèrent le voyage à pieds. Ils cheminèrent d’Edjememeng à Odjong (un autre village du canton, après quelques kilomètres). Ils prirent une moto pour Bong. Durant le voyage, Joseph avait presqu’oublié le problème de ses parents. En effet, c’était sa première fois de faire une telle aventure ; en plus, son père papa Jacob le Responsable lui racontait des histoires fascinantes, il lui faisait une étude géographique en lui rappelant à chaque fois qu’ils entraient dans un nouveau village, il lui donnait les noms des villages qu’ils traversaient. Le moto-taximan à son tour roulait à un rythme normal, il faisait montre de sa formation acquise à l’auto-école, il était d’ailleurs très relax. C’était vraiment une très belle aventure pour le nouveau voyageur. La ruelle entre les arbres qui dégageaient de la fraicheur, les oiseaux aux douces mélodies, des animaux domestiques qui faisaient des bruits beaux à entendre, des collines, des petits ponts sur des petits cours d’eaux, quelques voitures et motos qui venaient du sens opposé, quelques piétons au bord de la route, etc. Tout ce beau paysage naturel fascinait le petit garçon et lui apportait de l’allégresse au cœur. Arrivé à Bong, avec l’aide du pasteur de l’époque, papa Apollos, ils se rendirent le lendemain matin au CSCDR pour son inscription en classe de sixième. C’est ici que Joseph rencontra un ami si cher à lui, qui devint plutard comme et plus qu’un frère à lui, il s’agit de Jonathan. On dit souvent que «tout ce qui s’assemble se ressemble», un enseignant les confondait en salle lorsqu’ils faisaient la classe de seconde (il s’agit de monsieur Eli, enseignant d’histoire, géographie et éducation à la citoyenneté). Monsieur Eli était un homme très solidaire et Joseph était son meilleur élève, car il avait toujours les premières notes en ses matières. Toujours en cette classe, il rencontra une camarade qui devint plutard sa meilleur amie et sa sœur, vu que les deux avaient la même croyance religieuse, même si cette dernière persévérait dans la Mission du Plein Evangile et lui dans la Mission Parole et Vie; ils servaient le même Dieu et croyaient en Jésus-Christ. Cette amie s’appelait Hadassa. Celle-ci faisait la série C et en première elle continua en série D, et Barthélémy la série A4 espagnole. Plusieurs camarades pensaient que ces deux étaient copin et copine, vu qu’ils étaient presque toujours ensemble et partageaient les mêmes points de vue sur les débats entre camarades. Hadassa était l’ainée de Joseph d’un an. En réalité, c’est l’amour de Christ qui les unissait. Entre eux, chacun savait voler au secours de l’autre quand il le fallait, ils connaissaient se remonter le moral, ils se disaient la vérité quand il le fallait même si cette vérité heurtait parfois leur sensibilité, leur amitié n’était pas tintée d’hypocrisie: c’est ça l’amitié vraie dont parle le roi Salomon dans la sainte Bible (Proverbes 17:17 «L’ami aime en tout temps, et dans le malheur il se montre un frère»). Hadassa était orpheline de père; en effet, son papa avait rendu l’âme quand elle avait environ 4 ans; ce n’était pas du tout facile pour elle, car elle n’avait vraiment pas connu l’amour d’un père. Quand ils faisaient la classe de première, sa maman était partie à l’étranger chez sa fille ainée. Hadassa devait vivre presque seule, puisqu’elle était le seul enfant (dernière-née) qui vivait avec sa mère; tous ses ainés étaient déjà matures et n’étaient plus auprès de leur maman. Bref, Hadassa n’était pas un bananier, mais un cocotier; elle endurait toutes les mauvaises péripéties de la vie. Par la grâce de Dieu Joseph obtint son BEPC en 2013, son PROBATOIRE en 2015 et son BACCALAUREAT en 2016 toujours au CSCDR. Il était le seul candidat à avoir eu la mention «Très Bien» dans leur centre d’examen (Lycée Bilingue de Bong). Il est judicieux de rappeler que Joseph était un garçon très beau et surtout très brave, jusqu’à ce niveau, il n’avait connu l’échec qu’au cours préparatoire deuxième niveau (école primaire). Il fallait donc poursuivre ses études à l’université. À cette époque-là, il n’y avait aucune université d’Etat ni privée à Bong. Avant la publication des résultats du baccalauréat, l’un de ses grands frères, fils de sa nourrice, l’avait invité passer un mois de vacances chez lui à Nlembouh, capitale politique du Pays de l’Enfer: il s’agit de Pierre. En ce temps, Pierre était dans une école de formation de l’Etat. Étant chez lui, Joseph se préparait pour l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Bambignang (l’une des régions d’expression anglaise du pays) en lettres bilingues (français et anglais), bien qu’attendant encore les résultats du Baccalauréat. Malheureusement, il n’était pas admis au concours ; il s’était quand même préinscrit à l’université de la cité du savoir (dans la région de l’ouest) dans la FLSH (faculté des lettres et des sciences humaines), dans la filière trilingue espagnol (Français, Anglais et Espagnol). Après avoir composé l’ENS, il est rentré à Bong pour attendre les résultats. Pendant ce temps, il faisait le commerce pour mieux préparer la rentrée académique prochaine, une année académique dont il ne savait réellement où il devait continuer ses études, il y avait un doute entre Bambignang et la Cité du Savoir; c’était donc difficile de préparer la rentrée (où habiter? qu’est-ce qu’il fallait acheter?…) il se posait mille et une question, il se rappela lorsqu’il quittait le village pour Bong, il fallait encore changer d’atmosphère, la façon de vivre,… il fallait commencer une vie d’adulte, une vie de responsable, il partait où il devait être son père, sa mère, en somme, où il devrait être responsable de sa vie: C’était une autre aventure dont il ignorait encore les péripéties. Le plus difficile dans tout cela c’étaient les moyens financiers; ses parents n’avaient pas assez de moyens pour subvenir à tous ses besoins. Il s’est rappelé d’un proverbe que son papa lui avait inculqué dans l’esprit: «le cocotier ne sera jamais le bananier». C’est après son baccalauréat qu’il commença à comprendre véritablement ce proverbe. En effet, un simple vent peut renverser facilement un bananier, mais le cocotier restera toujours serein face à l’adversité et même face à la tempête. Joseph compris alors qu’il est un cocotier et non un bananier, il devait relever le défis, il était tant pour lui de prouver qu’il était déjà un vrai homme. Revenant au commerce qu’il faisait, il vendait le bita kola et les cacahouètes griés au «Carrefour Le grand Tamarinier» de Bong ; il se réveillait parfois à 23H, parfois à minuit et parfois à 01h pour rentrer parfois à 03H, parfois à 04H, parfois à 05H et parfois à 06H. Il rend gloire à Dieu pour tonton Elie, l’un de ses grands frères qui l’avait formé dans ce domaine. En effet, ce fut en 2009 quand Joseph était en classe de 6è qu’il l’initia dans ce commerce; ils commencèrent par vendre de l’eau glacée en sachet, ensuite les ananas, les avocats, les goyaves, et le bita kola. Ils vendaient rarement en journée. Parfois Joseph vendait les bâtons de manioc avec sa cousine Dina et sa mère Mama Tabitha et parfois le maïs bouilli. Ce commerce nocturne lui permettait d’avoir le fameux «argent de beignets». C’est dans cet état qu’il a grandi jusqu’à ce qu’il pouvait déjà sortir tout seul pour aller vendre au «Carrefour le Grand Tamarinier» et cela lui permettait d’acheter certaines de ses fournitures scolaires et d’agrandir sa garde-robe en classe de seconde et plus. Ce n’était pas du tout facile pour lui; sortir de la maison tout seul à une heure aussi tardive, à l’âge de 18 ans pour aller chercher un peu d’argent. Il faillit se faire agresser plusieurs fois par certains délinquants lorsqu’il rentrait du marché; heureusement que Joseph était un garçon très malin, intelligent et sage; il ne se laissait pas facilement prendre par le filet de l’oiseleur, il n’était pas un bananier, mais un cocotier. Il avait toutes les techniques pour échapper à ces agresseurs. Bref, Dieu le protégeait contre toutes les attaques de l’ennemi. Au «Carrefour le Grand Tamarinier», il se vendait presque tout jusqu’au sexe. Déjà, on y vendait les bâtons de manioc, de la nourriture prête à manger, du maïs bouilli, du plantain cru et rôti, de la banane, du soya, du porc braisé, des fruits tels que des ananas, les mangues, les mandarines, les corossols, les lemons, les citrons, les safous, les avocats et bien d’autres; il y avait sans doute la présence de plusieurs bars et snacks, des boites de nuit qui s’inondaient des jeunes surtout le samedi soir, ces fameux samedi soir qui se caractérisaient par les bagarres, les cassures de bouteilles et parfois par des poignards. La tombée de la nuit au «Carrefour le Grand Tamarinier» était le lever du jour pour les prostituées qui partaient à leur lieu de culte pour attendre le ministère de leurs «saints-esprits». Leur slogan était le suivant: «Toutes choses concourent au bien de celles qui aiment de l’argent». Ce qui inquiétait le plus Joseph est que, certains parents venaient faire du commerce avec leurs enfants qui n’avaient même pas encore l’âge de l’adolescence en ce lieu dépourvu de bon sens, d’éthique et de morale; un lieu caractérisé par un manque criard d’ordre, par un vacarme sans pareil. Il se faisait même entendre que des sectes pernicieuses y existaient. Il est bon de donner sa vie à Christ lorsqu’on est encore jeune! Le fait que Joseph avait donné sa vie à Christ à l’Age de 16 ans (il fut baptisé en avril 2012) l’avait épargné de plusieurs soucis de la vie: les passions de la jeunesse, la convoitise, la mode, le luxe, les pièges du diable, la mauvaise compagnie, etc. Lorsqu’il allait en ce lieu la nuit pour vendre, c’était vraiment pour le commerce qu’il y allait et non pour autre chose, même s’il voyait, humait et entendait autre chose, c’est parce qu’il ne pouvait pas y être avec les yeux fermés, les narines masquées et les oreilles bouchées; un proverbe dit «il est impossible de marcher sans son ombre». Au bout de quelques semaines les résultats de l’ENS étaient publiés; Joseph n’avait pas réussi, cela lui avait fait tellement mal. Même si dans le pays de S.E. le Grand l’échec à un concours ne doit pas heurter la sensibilité émotionnelle d’un individu, c’était le contraire chez Joseph. En effet, ça faisait très longtemps qu’il n’avait pas connu d’échec dans sa vie surtout sur le plan académique, car ce fut au cours préparatoire deuxième année qu’il échoua pour la dernière fois. Bref c’était un garçon très brave, il occupait généralement la première position de sa classe pendant les remises de bulletins, il se faisait remarquer au CSCDR par cela non seulement par les enseignants, mais aussi et surtout par les élèves du collège; il recevait la plupart du temps des prix et des tableaux d’honneur. Face à cet échec, il était contraint d’aller poursuivre ses études supérieures à l’université de La Cité du Savoir à l’ouest du Pays, reconnue comme l’une des meilleures au en matière d’enseignement. Par la grâce de Dieu, Joseph rencontra l’un de ses enseignants du CSCDR sur son chemin de retour du marché un samedi; il s’agit de monsieur Eli, son professeur d’histoire, de géographie et d’éducation à la citoyenneté en classe de seconde A4 espagnol. Il y eut une très bonne conversation entre les deux. -Bonjour monsieur. -Merci bonjour Joseph, comment tu vas? -Je vais bien par la grâce de Dieu, merci. Et vous? -Je vais également bien. Félicitation pour ta réussite au Baccalauréat. -Merci monsieur, c’est avec votre soutien que j’ai pu réussir. -Où vas-tu continuer tes études universitaires? -A l’université de La Cité du Savoir si le Seigneur le permet. -As-tu déjà un lieu d’habitation là-bas? -Pas encore, mais je crois que le Seigneur pourvoira. -En fait j’ai un studio là-bas, il est meublé, bien équipé, et je ne compte pas y habiter cette année, en fait je n’y serai pas régulier; si tu peux y habiter en payant juste le loyer, je crois que ce sera bien pour toi et ça te permettra de faire moins de dépenses pour le compte de cette année. -D’accord monsieur, je vais réfléchir et en parler avec mes parents pour avoir leur point de vue. -D’accord Joseph, au revoir. -Merci monsieur, bonne journée. -Merci. Apres cette entrevue avec son prof, le cœur de Joseph était plein d’allégresse lorsqu’il rentrait à la maison. En effet, lorsqu’il parlait de ses parents, il ne s’agissait pas de ses parents biologiques, mais plutôt de Mama Tabitha sa tante et nourrisse et de papa Nathanaël. Papa Nathanaël, mari de Mama Anne, était son pasteur, son tuteur et surtout son papa, même s’ils ne vivaient pas dans la même maison. En effet, Joseph a toujours rendu un très bon témoignage à l’endroit de ce papa plusieurs fois qu’il a eu l’occasion de le rendre: «Papa Nathanaël est pour moi un père, il m’a toujours considéré comme son fils biologique même si je ne le suis pas. Notre relation intime a véritablement commencé quand je faisais la classe de troisième au CSCDR. En effet, c’est pendant cette période qu’il y eut une division à l’Eglise entre le pasteur Apollos et le reste de l’assemblée dans l’arrondissement de Bong. C’est papa Apollos qui avait été pasteur de cet arrondissement et de l’assemblée de Bong pendant plusieurs années et le culte se faisait dans sa maison durant ce moment. Après cette séparation donc, c’est papa Nathanaël qui était le principal dirigeant de l’assemblée de Bong, et papa Jacques de Mbimeng était le pasteur de l’arrondissement de Bong. J’étais l’un des jeunes les plus zélés de l’assemblé, ainsi que Phinées, Josias, Rebecca, Marthe, Salomée, André, Jérémie, Etienne, Johanna, et bien d’autres. À mon jeune âge je dirigeais déjà le culte sous la supervision de papa Nathanaël. S’il faut utiliser le jargon de certains chrétiens, je dirais que papa Nathanaël est mon père spirituel. Il m’a toujours soutenu sur le plan spirituel, morale, conseiller et financier. Il a eu à payer mes factures d’hôpital plusieurs fois lorsque j’avais un problème de santé au niveau des hanches; j’étais en classe de seconde à l’époque. J’ai suivi un traitement pendant plusieurs mois pour ce problème, je prenais des injections». Après avoir donc causer avec ses parents, ceux-ci avaient bel et bien apprécié cette initiative. Mama Tabitha ne cessait de prier pour Joseph et de lui donner des conseils. Après cette entretient, il alla également au village pour avoir le point de vue de ses parents biologiques (mommy Frida et papa Jacob le Responsable). Ces derniers étaient fiers de leur fils et ne pouvaient que prier pour lui et lui donner des conseils tangibles, tout en lui souhaitant du bonheur; son père s’exclama en disant: «mon fils est un vrai cocotier et non un bananier». Leur fils était devenu un homme! Lors de son départ, ils préparèrent des victuailles pour lui. De retour à Bong, Mama Tabitha et Mama Anne préparèrent à leur tour des victuailles pour le futur intellectuel de la famille. Après l’entrée en deuxième année universitaire, ses parents n’avaient plus les moyens financiers afin qu’il poursuive ses études. Il devait aussi quitter la maison de monsieur Eli puisque ce dernier devait désormais vivre avec son petit frère. Joseph était abandonné à lui-même. La vie devint de plus en plus difficile et compliquée pour Joseph. Il s’engagea dans une autre activité lucrative très innovante. Il s’agit de la plastification des documents tels que les diplômes, les actes de naissance et de mariages, les cartes professionnelles et photos, bref les documents vitaux. Ce qu’il y avait d’innovant dans cette activité est que Joseph faisait «le porte à port». En d’autres termes, il se déplaçait de maison en maison, toquant les portes pour présenter ses services, et les offrant à ceux qui étaient dans le besoin. Ses services étaient très appréciés par plusieurs personnes, vu que c’était vraiment innovant. Il est vrai que tout le monde ne peut pas apprécier quelque chose de la même façon; d’autres ne trouvaient aucune importance dans ce qu’il faisait, ils le minimisaient, mais Joseph ne se laissait pas faire puisqu’il était un vrai cocotier. Il menait généralement cette activité pendant les week-ends, les congés et les grandes vacances. Il faisait ce travail dans plusieurs villes du pays. Il se déplaçait avec sa machine de plastification et son matériel de travail; quand il trouvait un document à plastifier, il branchait sa machine chez le propriétaire du dit document et ce dernier le payait à un prix raisonnable. C’est à partir de cette activité qu’il put continuer ses études jusqu’à l’obtention de sa licence (Trilingue: français, anglais et espagnol). Ce diplôme lui avait permis d’aller dans une grande école de traduction du pays. Après sa formation dans cette école, il signa son tout premier contrat de travail dans une très grande entreprise internationale. Il travaillait chez lui puisque les documents à traduire lui étaient envoyés par mail, et il les renvoyait par le même canal. Depuis sa jeunesse, Joseph avait toujours aimé être un entrepreneur indépendant, ce qui lui permettait de servir son Dieu sans contrainte. La vie de Joseph n’a pas toujours été rose, mais il avait compris très vite qu’un vrai homme doit se battre dès sa jeunesse, qu’il doit être patient et persévérant. La patience est un arbre aux racines très amères, mais aux fruits très doux et agréables. Joseph était un cocotier et non un bananier.[:]